Frontière Algérie-Maroc : Les signes d’une réouverture prochaine

Frontière Algérie-Maroc : Les signes d’une réouverture prochaine

Rumeurs chez les diplomates et déclarations étranges des politiques algériens : jamais la réouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, fermée depuis 1994, n’a jamais été si clairement évoquée…

Des relations à l’apaisement entre les deux pays. En visite à Tlemcen, le 16 avril dernier, le président Bouteflika a déclaré : «Il n’y a pas de problème entre le Maroc et l’Algérie. Le problème du Sahara occidental est un problème onusien.



Le Maroc est un pays voisin et frère». Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, dans le quotidien arabophone Echorouk, explique quant à lui que la frontière entre les deux pays ne peut rester fermée indéfiniment. Et sur la radio nationale d’insister : «Nous n’avons jamais exclu de rouvrir les frontières avec le Maroc.

Cela sera dans la nature des choses». D’après le ministre, des visites entre des représentants des deux pays vont continuer jusqu’à la fin de l’année. «Des consultations ont été entamées il y a trois mois, a-t-il précisé, et nous nous sommes entendus pour continuer l’échange de visites dans des secteurs sensibles». Etrange, d’autant qu’un mois avant, il déclarait : «L’ouverture de la frontière n’est pas à l’ordre du jour et nous n’avons mandaté personne pour discuter de cela»…

Une vieille brouille qui n’est plus d’actualité. L’Algérie a condamné aujourd’hui, vendredi 29 avril, avec la plus grande fermeté le «lâche attentat» terroriste qui a visé le café Argana sur la place centrale de Marrakech. «Un acte aussi abject ne peut que susciter une condamnation sans appel», a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Dans ces circonstances tragiques, nous adressons nos condoléances les plus attristées aux autorités et au peuple frère du Maroc et nous assurons les familles des victimes de nos sentiments de sympathie et de compassion.» En d’autres termes : nous ne sommes plus en 1994 : Rabat avait alors accusé les services secrets algériens d’être responsable de l’attentat commis, aussi à Marrakech, à l’hôtel Atlas Asni. Depuis, les autorités algériennes ont toujours avancé que le trafic de drogue et l’émigration clandestine constituaient des obstacles à la réouverture de la frontière. «Cette réouverture ne doit pas constituer un danger pour l’économie nationale, ni pour l’économie marocaine», a insisté cette semaine Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN, interviewé par le site TSA.

Des projets de coopération. A Rabat depuis lundi, Rachid Benaissa, ministre algérien de l’Agriculture, a annoncé lui aussi que la réouverture arriverait «tôt ou tard» en signant un mémorandum d’entente et de coopération pour développer l’agriculture, les échanges commerciaux, la recherche scientifique, la sécurité alimentaire et la vulgarisation agricole. Il ne s’agit pas d’un premier partenariat : en mars dernier, le ministre de l’Energie Youcef Yousfi a annoncé «le renforcement des relations de coopération entre les deux pays dans les domaines de l’énergie, des mines, de l’électricité et des énergies renouvelables» en présence de son homologue marocaine Amina Benkhadra. Il est notamment question que l’Algérie approvisionne le Maroc en gaz à partir de Hassi R’mel.

Une conjoncture favorable et des pressions extérieures. «Il est évident que la conjoncture internationale a changé avec l’effondrement des dictatures en Tunisie et en Egypte, et bientôt au Yémen et en Libye, peut-on lire dans le quotidien El Watan du jeudi 28 avril. Les révoltes arabes sont en train d’amener les diplomaties régionales à sortir de leur cercle fermé. Les Etats-Unis, qui suivent de très près l’évolution de la situation politique au Maghreb, ont encouragé Rabat et Alger à se rapprocher, peut-être même à revoir des principes qui étaient perçus jusque-là comme rigides.»

Blog de Mélanie Matarese