Si grâce à sa prodigalité, elle a réussi jusque-là à contenir la tension sociale, l’équipe à Abdelmalek Sellal, face à l’explosion de la facture des importations, les surcoûts générés par les projets en souffrance et un contexte régional explosif qui nécessite la mobilisation de moyens humains et financiers colossaux, risque de faire face à de rudes épreuves dans les prochaines semaines.
“Avant d’aborder le dernier point de l’ordre du jour du Conseil des ministres, le président de la République a instruit le gouvernement de prendre toutes les mesures requises pour assurer les rentrées scolaire et universitaire dans des conditions pédagogiques et matérielles parfaites.” En invitant le gouvernement, lors du dernier Conseil des ministres, à assurer les conditions pour la réussite de la rentrée scolaire, Abdelaziz Bouteflika, probablement échaudé par de précédentes expériences, sait que la rentrée sociale est souvent marquée par des turbulences.
Et si l’insistance porte sur l’éducation, c’est parce que le secteur, qui compte des bataillons de fonctionnaires, n’est pas à l’abri de grèves, comme l’ont laissé entendre certains syndicats.
Pourtant ce n’est pas l’unique dossier qui va meubler l’activité de l’Exécutif — déjà pris au dépourvu en pleine période de congé par la gestion de deux catastrophes aériennes, l’apparition de la fièvre aphteuse et un mauvais démarrage de la saison sportive avec la mort du joueur de la JSK, le Camerounais Albert Ebossé —, durant cette rentrée sociale, puisqu’il y a d’abord la révision constitutionnelle.
Principal sujet politique de la rentrée, la révision de la Constitution va certainement cristalliser les débats d’autant que la mouture élaborée, fruit d’une série de consultations tenues en juin dernier sous la férule d’Ahmed Ouyahia, n’est pas parvenue au consensus souhaité. De nombreux partis politiques, notamment de la mouvance démocratique et du courant islamiste n’ont pas pris part aux consultations. Ce qui ne manquera pas de déteindre sur les débats, qui s’annoncent chauds à l’Assemblée. Même si Ouyahia avait affirmé que “les portes restaient ouvertes à l’opposition”, on voit mal comment le gouvernement compte procéder pour réussir le consensus recherché.
Le débat est d’autant plus biaisé que l’opposition, regroupée autour de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, tout comme le FFS ou encore le Pôle des forces du changement conduit par l’ex-candidat à l’élection présidentielle, ont une approche différente de sortie de crise. D’ailleurs, ces derniers ne manqueront pas cette rentrée sociale pour
investir le terrain politique.
À moins de faire le forcing, le gouvernement est appelé donc à revoir sa copie. Ensuite, il y a la loi de finances. Adopté lors du dernier Conseil des ministres, l’avant-projet de la loi de finances fait déjà grincer des dents, notamment le patronat. Visiblement incommodés par certaines dispositions, les patrons ne manqueront pas de le faire savoir au gouvernement lors de la prochaine tripartie prévue d’ici à la fin septembre.
Enfin, conséquence de l’apparition inattendue de la fièvre aphteuse, l’Exécutif est appelé à faire face à la flambée des prix qui touche déjà le marché ovin, objet de spéculations à l’approche de la fête de l’Aïd el-Adha. Si grâce à sa prodigalité elle a réussi, jusque-là, à contenir la tension sociale, l’équipe à Abdelmalek Sellal, face à l’explosion de la facture des importations, les surcoûts générés par les projets en souffrance et un contexte régional explosif qui nécessite la mobilisation de moyens humains et financiers colossaux, risque de faire face à de rudes épreuves dans les prochaines semaines. Autant dire que le gouvernement a du pain sur la planche.
Karim Kebir