Le front social recommence à bouillonner à travers le pays malgré le calme que dégage le corps enseignant, habituellement actif en pareille période de l’année.
Mais ce corps de métier est descendu dans l’arène assez tôt, soit dès le début de la rentrée sociale, et cela vaut aussi pour les généralistes et les spécialistes en médecine qui leur ont emboîté le pas.
Premiers arrivés à la protesta, premiers servis. Ces protestataires se sont donc calmés après avoir vu leurs revendications plus ou moins prises en compte. Les enseignants surtout ont pu ainsi organiser des élections, premières du genre, à l’effet de se donner les moyens de gérer par eux-mêmes les œuvres sociales. L’ombre du printemps dit arabe a peut-être fait son effet.
Les pouvoirs publics se sont montrés cette fois-ci plus empressés à proposer des solutions que d’habitude. Les protestataires de janvier semblent s’apprêter à jouer la 2e mi-temps d’un match social qui n’est pas prêt de connaître son épilogue. Entrent cette fois-ci en action des protagonistes divers : le corps commun de l’Education nationale, les hospitalo-universitaires, les mécontents de la distribution de logements comme à Laghouat et Ouargla et les chômeurs qui de plus en plus s’imposent comme catégorie sociale structurée.
Ceux du Sud, notamment se sont distingués par une protesta agressive car s’estimant écartés des sites pétroliers. Du reste, le siège du ministère du Travail est depuis des mois de plus en plus harcelé par ces jeunes demandeurs d’emploi. Pour ce qui est des corps communs, ils ont décidé d’observer une grève de 7 jours. Celle-ci a pris effet hier à l’appel du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE).
Constitués grosso modo, de travailleurs de cantines et d’agents d’hygiène, d’agents de saisie, de secrétaires, d’agents administratifs et assimilés administratifs, d’archivistes, de laborantins, d’agents d’entretien et de sécurité, de documentalistes, de factotums et de chauffeurs, les corps communs souffrent de «marginalisation et de disparités par rapport aux autres travailleurs de l’éducation» selon le SNTE.
Sur les tablettes de ce syndicat figurent notamment un salaire de 30.000 DA pour les travailleurs des corps communs percevant actuellement des salaires entre 15.000 et 18.000 DA. Quant aux travailleurs et professionnels des corps communs, ils réclament leur intégration dans le corps de l’éducation au regard, arguent-ils, de leur relation directe avec les élèves. Le SNTE revendique entre autres le rétablissement des primes de risque, de documentation et de rendement à hauteur de 40% avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008.
Pour leur part des employés dans le cadre du pré-emploi ont investi dimanche l’entrée du ministère du Travail (ils étaient 50 environ) pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils sont exploités. Conçu comme une phase de préparation à l’emploi permanent, le pré-emploi, selon ceux qui ont eu à l’exercer, ne prémunit pas pour autant contre le chômage. A l’issue du poste occupé et sous rémunéré pendant quelques mois, le candidat à l’emploi se retrouve éjecté dans la nature.
Cela étant, à l’autre bout, Laghouat, 400 km au sud d’Alger vient étendre l’aire de la protesta dans le Sud, après Ghardaïa et Ouargla. Une grève générale a marqué la journée de dimanche à Laghouat. La colère s’est propagée dans cette ville à la suite d’une distribution de logements. Les protestataires ont bénéficié à l’occasion du soutien de dizaines de chômeurs, de commerçants, de transporteurs ainsi que des enseignants qui ont tous rejoint le rassemblement devant le siège de la wilaya. Ça chauffe !
Larbi Graïne