Le Front des Forces socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed a annoncé ce vendredi 2 mars sa décision de participer aux élections législatives du 10 mai.
Le Front des forces socialistes (FFS) participera donc aux élections législatives prévues le 10 mai 2012, a annoncé vendredi le premier secrétaire du parti M. Ali Laskri. « Le FFS a décidé de participer aux prochaines élections législatives », a-t-il déclaré à la presse, sans autre commentaire.
La participation du FFS était attendue depuis que M.Ait Ahmed, réfugié en Suisse, a brusquement limogé en novembre 2011 Karim Tabbou. La participation du FFS apportera-t-elle au pouvoir la caution démocratique qui manquait à ce scrutin suite au boycott du parti de Saïd Sadi, le RCD ?
Après une politique fondée sur le « ni…ni », voici venir le temps du « oui…oui » au grand dam de sa base militante de Kabylie qui vit dans la proximité, au quotidien, les appels au boycott du RCD et et du MAK de Ferhat Mehenni qui se sont durcis et font large écho auprès de la population victime des dernières tempêtes de neige.
Cette annonce à la participation au scrutin du 10 mai n’est pas une surprise ; elle était même attendue. En effet, dans un message adressé en février 2012 à ses militants, Hocine Ait Ahmed avait qualifié l’attitude de son parti à l’égard du scrutin de « dilemme », estimant que le boycott des législatives « ne constitue pas une alternative efficace à la participation »
Si changement de cap il y a, il réside dans la stratégie politique du parti même. Depuis sa désignation en avril 2007, le jeune et trublion secrétaire général, Karim Tabbou, 37 ans, licencié en économie, a, quelque sorte revigoré le vieux parti en l’installant dans une opposition radicale à l’égard du pouvoir, En mai 2011, il qualifiait de « bricolages » les réformes politiques engagées par le président Bouteflika: « On nous parle d’ouverture, mais on ferme toutes les portes, et ce qui est proposé est une démonstration que les décideurs n’ont aucune volonté de changement vers la démocratie. » La position du « ni…ni » à l’égard du système était ainsi renforcée par un Karim Tabbou qualifié au sein du parti d’ »éradicateur » terme par lequel le parti accusait la politique de « double rupture » le parti, MDS (Mouvement démocratique et social) de Hachemi Cherif opposé à toute participation au scrutin électoral.
Cette posture d’opposant virulent au pouvoir, voire même à l’égard de l’opposition démocratique aura été fatale à Karim Tabbou puisque en novembre 2011, il a été évincé et remplacé par son aîné de la vieille garde Ali Laskri, jugé plus consensuel, moins radical, « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » en prévision des législatives du 10 mai. Avec ce dernier, le FFS vit le retour de ses vieux chevaux comme Samir Bouakouir défenseur invétéré du « oui » participatif, d’Ahmed Djeddai et de Djoudi Mammeri écartés du parti après avoir été aux commandes entre 1997 et 2002, époque où le FFS siégeait à l’Assemblée avec 20 députés.
Une si longue absence du parlement nourrit-elle chez le FFS une nostalgie de la vie parlementaire ? Sa partcipation à la course électorale serait-elle dictée par la place vacante de son rival kabyle, le RCD, espérant ainsi raflé la mise en Kabylie ? Des cadres du parti souhaiteraient-ils s’assurer un statut de député avec les privilèges conséquents?
De toute évidence, le faux suspens nourri par le FFS à moins de deux mois des échéances du scrutin législatif ne serait pas dû aux débats houleux qui auraient secoué les rapports entre la direction et la base du parti mais il aurait été fabriqué dans l’attente des résultats d’un marchandage entre Hocine Ait Ahmed, et des responsables algériens à Alger et en Suisse.
Des informations faisant état d’un voyage du vieux leader en Algérie en mai 2011, rapportées par le Soir d’Algérie, n’ont pas été démenties par le parti.
R.N.