1/ Soltani a finalement mis à exécution sa menace de se désolidariser de ses pairs du FLN et du RND. Le refus de ses députés de voter en faveur des projets de loi de réformes politiques est davantage un appel du pied aux islamistes qu’une simple volte-face à l’alliance présidentielle.
2/ Tariq Ramadhan, islamologue égyptien soucieux de poursuivre l’œuvre de Hassan Al-Banna, son père et père fondateur du mouvement des Frères musulmans, s’en est ouvertement pris à l’Arabie saoudite qu’il accuse d’avoir manipulé les salafistes désormais au pouvoir avec leurs «Frères» ennemis égyptiens
3/ FLN : on y est, on y reste, a dit hier le président de l’APN, dont la sortie signifie moins l’attachement de Ziari à un ex-parti unique que l’impérieux besoin du troisième homme de l’Etat de mettre en échec les capacités d’une coalition d’islamistes prêts à prendre le pouvoir dès juin 2012. Il s’agit seulement d’user encore d’un instrument de pouvoir à l’efficacité établie : le FLN
Le Mouvement pour la Société et la Paix (MSP), dirigé par Aboudjerra Soltani, a voté hier pour la première fois depuis 1999 contre des projets de lois en discussion à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Dans une déclaration remise à la presse, le chef du groupe parlementaire donne une instruction ferme à ses députés pour voter contre ces projets de loi : «Nous avons indiqué par le passé notre refus de voter ces lois pour ne pas cautionner un processus destiné à vider de sa substance les réformes politiques.
Nous avons également appelé à une réforme radicale, globale et profonde tendant vers un idéal démocratique et de liberté comme souhaité par l’ensemble des citoyens algériens. Encore une fois il s’est avéré, lors des débats sur les projets de lois, que l’aspect technique a pris le dessus,ne laissant aucune chance au débat des idées. Dans ce sens, le groupe parlementaire du MSP décide de voter contre ces projets de lois», indique le document.
A travers cette action d’éclat, le parti cher à Mahfoud Nahnah a peut-être abandonné et définitivement depuis hier sa posture et sa doctrine politique fondée sur l’entrisme pour se projeter vers une opposition dure envers le pouvoir en place. La stratégie décennale de l’entrisme a fait son chemin. Depuis la création de son parti au début des années 1990, feu Mahfoud Nahnah avait fait le «choix de l’entrisme», pour reprendre la formule par trop intentionnaliste de ses détracteurs.
Quinze ans après, ce parti est présent dans tous les rouages de l’Etat. Il est également présent dans presque la totalité du territoire national et il possède des élus à l’APC, l’APW, l’APN, au Conseil de la nation, des ministres ; il lui manque seulement un pied au niveau des centres de décisions pour espérer gouverner un jour seul le pays.
Ce moment est-il venu pour ce parti ? Revigoré par sa sortie qatarienne, Soltani, qui était à Doha il y a quelques semaines, sillonne le pays et multiplie les déclarations incendiaires. Elles tendent toutes vers un seul objectif : se défaire de la casquette de parti au pouvoir. Il a d’ailleurs tendu la main à Abdallah Djaballah qui demeure pour l’instant le seul à même de lui contester l’électorat islamiste, majoritaire dans le pays s’il obtient, bien sûr, son agrément.
Surfant sur l’islamisme politique qui a le vent en poupe ces derniers mois dans certains pays de l’Afrique du Nord, le MSP compte basculer à court terme et en prévision des législatives de 2012 dans l’opposition politique et sortir du carcan de l’alliance présidentielle qui l’a souvent desservi.
En somme, il s’agit pour le MSP de se doter d’un crédit populaire disparu depuis qu’il a rejoint le camp de l’alliance présidentielle et, corrélativement, d’une préoccupation centrale qui se lit jusque dans les propos tenus par son chef qu’il multiplie à longueur de journées.
L’enjeu est aussi de gagner les prochaines législatives. Il le fait à coups de prises de positions qui ont l’art de devancer les critiques en leur montrant le chemin à suivre. Mais pour arriver à ses fins, Aboudjerra Soltani doit avoir fort à faire avec son rival, Abdallah Djaballah, qui vient de rejeter l’offre d’union qu’il lui a faite. Le fondateur du Front pour la Justice et le Développement, en attente d’agrément, a répliqué sèchement par un «je ne suis pas intéressé» qui renseigne assez sur les ambitions d’un djaballah.
Ce dernier pense qu’il est mieux placé pour fédérer les forces islamistes déçues par les louvoiements du parti de Soltani. Djaballah, lui, a déjà pris nombre des cadres de trois formations islamistes que sont le MSP, Ennahda et Islah et ceux de l’ex-parti dissous.
Hocine Adryen