Frédérique Basset est née le 24 juin 1954 à Paris XIIe. Elle est journaliste, auteure et rédactrice en chef de «Canopée», la revue de Nature et Découvertes « pour une écologie de la terre, du corps et de l’esprit ».
Elle a notamment publié « Le Guide de l’éco-citoyen à Paris » et « Jardins partagés » (Terre Vivante). Sa passion est la vie de la Nature en général et la terre en particulier. Une partie de son temps libre est consacrée à la culture bio.
Frédérique Basset a écrit de nombreux articles sur l’environnement, le développement durable et l’écotourisme dans de nombreuses publications. Parallèlement, elle est auteure de plusieurs ouvrages. Journaliste depuis 28 ans, elle a commencé sa carrière à la revue «Autrement». Elle dit que «C’est là, plus qu’à l’école de journalistes (CFJ), que j’ai réellement appris mon métier ». Et d’ajouter:« J’ai toujours aimé le travail de terrain, la rencontre avec les hommes et les femmes que j’interviewe». Elle a ensuite travaillé dans divers magazines, dont «l’Express », et a créé « Macadam Journal».
En 1992, elle a réalisé le journal interministériel pour l’opération « 1000 défis pour ma planète». Son intérêt pour les questions liées à l’environnement date de cette époque, et durant trois ans elle a été chargée d’une rubrique mensuelle dans l’hebdomadaire « Le Point » sur la réhabilitation des chemins de randonnée. D’ailleurs, elle avoue son amour de marcher dans les villes et dans la nature, et déclare avoir sillonné les chemins de France et commencé à s’intéresser de plus près à la faune et la flore, ainsi qu’à leur préservation. Parallèlement à son activité de journaliste, elle est auteure de plusieurs ouvrages «Terres d’exil, terres d’accueil» sur l’immigration en milieu rural, «52 balades en famille», «Guide de randonnées en région parisienne », «Le Guide de l’éco-citoyen à Paris», «Le Grand Livre de l’Essentiel» en co-auteure, «Vers l’autonomie alimentaire», (2012), «Les Quatre saisons de Gilles Clément : itinéraire d’un jardinier planétaire», (2014).
rès intéressée par les projets de jardins partagés, elle rencontre Laurence Baudelet et Alice Le Roy avec qui elle écrit le livre sur les jardins partagés. Entre temps, elle est devenue administratrice de « Graine de Jardins », l’association des jardins partagés d’Ile-de-France.
A tel point qu’elle jardine désormais régulièrement dans un jardin partagé parisien. En été 2008, elle séjourne trois mois et demi dans le sud de la France pour s’initier à l’agriculture biodynamique. Elle déclare dans une interview accordée à une revue écologique son intérêt pour les jardins partagés, car elle estime que ce sont des lieux qui lient l’Homme et la Nature : «On y rencontre des gens de tout horizon qui ont un même intérêt : retrouver le contact avec la terre et le vivant et créer des liens avec leurs semblables » ajoute-t-elle. Elle note que « Le livre, que nous avons écrit à six mains, s’est nourri de nos expériences personnelles et professionnelles et des reportages que nous avons réalisés aux quatre coins de l’Hexagone». Frédérique Basset, dont le livre a été édité par la revue écologique « erre vivante», avait souligné « qu’être publié par un éditeur qui œuvre pour l’écologie et la préservation du vivant a beaucoup de sens dans la mesure où nous parlons le même langage et défendons les mêmes valeurs que nous souhaitons partager avec le plus grand
nombre». A une question sur ses gestes quotidiens de sa vie professionnelle ou de sa vie personnelle, l’auteure répond : «Sans parler de ce qui me semble évident depuis de nombreuses années : trier les déchets, économiser l’eau et les énergies, manger bio (sans viande), j’essaie de trouver une unité entre l’écologie de la terre, du corps et de l’esprit. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre, c’est un mode de vie, un chemin personnel et collectif ». S’agissant de ses projets, elle déclare qu’elle a bien l’intention de poursuivre son initiation à la bio-dynamie, de continuer à approfondir ses connaissances du monde vivant pour mieux le protéger, de jardiner et de participer au développement de l’association «Graine de jardins », et parallèlement, elle va, cette année, assurer la rédaction en chef de «Canopée», la revue de Nature et Découverte ». Dans son livre «Vers l’autonomie alimentaire», l’éditeur note que « La chaîne alimentaire de notre monde industrialisé est bâtie sur une dépendance sans précédent aux énergies fossiles : si l’agriculture intensive a besoin de pétrole pour faire tourner ses machines et se fournir en engrais de synthèse, le secteur de la distribution en dépend également pour approvisionner les villes. Que se passera-t-il quand cette ressource désormais rare aura atteint un prix rédhibitoire, ou quand elle sera épuisée ?». Il ajoute : «Frédérique Basset a mené l’enquête sur ces moyens de produire soi-même sa nourriture avec des méthodes douces pour la planète, sans effets secondaires pour la santé : son livre est à la fois un plaidoyer et un guide pour agir ». Au sujet de son dernier livre « Les quatre saisons de Gilles Clément » sorti en octobre 2014, Frédérique Basset dit de l’inventeur du «Jardin planétaire», ceci : «Gilles regarde ce que les autres ne voient pas, voit ce que les autres ne regardent pas, au-delà de ce qui est, à coté, derrière, dessous» ; elle ajoute : «Oui, Gilles Clément déferme nos yeux». Lors de son séjour en Algérie, au mois de mai 2013, accompagnée de son amie Janie, Frédérique a beaucoup apprécié la Nature de notre pays, l’abondance des espaces verts encore vierges en dehors des agglomérations et des grandes villes. Durant une dizaine de jours, elle a pu visiter plusieurs régions et localités du pays; sa première visite a commencé par la Casbah, le centre ville d’Alger, les hauteurs d’Alger (les balcons du Maquam EChahid et de Sidi Bennour), la basilique Notre-Dame-d’Afrique, ensuite elle a pu admirer le style mauresque de la station balnéaire de Sidi-Fredj, le port de Tipasa et les ruines romaines, la haute Kabylie (Béni Yenni, Tikjda, Larabaa Nath Irathen), la Kabylie maritime (Tigzirt, Azeffoun, Béjaia), les gorges de Kherrata, Sétif (les ruines romaines de Djemila), Sidi Belabès ( la plaine du Tessala, le lac de Sidi M’Hamed Benali), Oran (le centre ville, Santa-Cruz), Mostaganem (la ville et le mausolée de Sidi Lakhdar Benkhlouf), Ténès et sa cote, Cherchell et toute la cote ouest d’Alger. Un jour, on marchait en groupe sur un sentier dans une foret en Kabylie, et soudain on s’aperçut de l’absence de Frédérique ; quand on est revenu sur nos pas pour la chercher, on l’a trouvée enlaçant avec tendresse le tronc d’un arbre qui se trouvait non loin de notre chemin. « Frédérique, on t’attend!», lui dis-je. Elle me fait un geste de la main pour me signifier de baisser ma voix ; plus tard elle m’expliqua qu’ « elle était en communion avec cet arbre, et que cette flore est vivante et respire comme nous». Un autre jour, nous l’avions invité avec son amie Janie à un diner chez nous ; mon épouse et ma fille avaient préparé un couscous royal avec de la viande de mouton et du poulet et plein de légumes en sauce. Frédérique n’a pas touché à la viande et au poulet. Nous lui avons demandé pourquoi elle n’a pas mangé sa part de viande et de poulet ? Elle était un peu gênée et s’excusa de n’avoir pas avertie qu’elle était végétarienne. Elle n’a mangé que le couscous et les légumes et a pris de l’eau fraiche et un fruit. «Surtout, pas de jus de fruit ! C’est plein de produits chimiques et de sucre», confie-t-elle. Une autre fois, en revenant d’Oran par le littoral pour entrer à Alger, à la fin de son séjour, nous nous sommes arrêtés à un coin isolé, en compagnie de son amie Janie et de mon épouse, sur le bas coté d’une route qui longe la cote ; ce jour là, il y avait du vent et la mer était démontée, et je lui ai lancé : «Dommage qu’il fait mauvais aujourd’hui, sinon tu aurais vu la beauté de la mer quand elle est calme!» ; elle me dit calmement : «Non, Rachid, la mer est aussi belle quand elle est agitée; en fait, la nature est en mouvement et on peut entendre les bruits naturels du vent et des vagues, et ca ne fait pas mal aux oreilles ; De plus, quand la mer est agitée la faune marine est heureuse car le plancton sera abondant et quand le vent souffle c’est la flore qui en bénéficie; du pollen va pouvoir se détacher et aller vers d’autres plantes, des fruits d’arbres vont tomber et leurs noyaux vont donner d’autres arbres, des branches fragiles vont s’élaguer de manière naturelle et ne resteront que les branches solides ». Je lui lance : «C’est toute une chaine écologique et biologique, alors ?». Elle me dit affirmative : «Oui Rachid, ce paysage est un jardin en mouvement». Par la suite, elle part toute seule, silencieuse, marchant le long de la côte, et revient après un bon moment, ravie de vivre ces moments écologiques .
– Algérie confluences : Vous déclarez dans votre livre ‘’Vers l’autonomie alimentaire’’ qu’il a fallu des milliers d’années pour que le chasseur-cueilleur devienne paysan, mais quelques décennies seulement pour remplacer le paysan par l’exploitant agricole. Que craignez-vous de cette situation ?
La racine du mot « paysan » est la même que celle du mot « pays »et du mot « paysage ». Le paysan était donc celui qui dessinait le paysage. L’exploitant agricole, lui, exploite la terre, et comme tout exploitant, il l’épuise ! Au début du XXe siècle, la France comptait 75% d’agriculteurs, il en reste 1,1% aujourd’hui. La plupart des grandes villes ont trois jours d’autonomie alimentaire. Imaginez que le pétrole vienne à manquer, que les marchandises ne soient plus acheminées dans les villes, avec quoi se nourriront les hommes ?
l D’après-vous, l’agriculture intensive va-t-elle déstabiliser l’équilibre de la chaine écologique dans le monde ?
C’est déjà fait ! Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l’agriculture s’est transformée en arme de destruction massive puisqu’on a recyclé les produits de la guerre en engrais chimiques et pesticides. Or, ces substances tuent la vie du sol, sans compter qu’ils nous intoxiquent. L’OMS estime qu’il y a chaque année dans le monde 1 million de graves empoisonnements par les pesticides, dont 220 000 décès.
l Pensez-vous que les OGM (Organes Génétiquement modifiés) sont vraiment des organismes gravement malades ?
De telles cultures en plein champ ne sont pas sans conséquences : contamination génétique des champs voisins non OGM et bio ; dépendance des paysans qui, puisque les semences sont brevetées, sont contraints de les racheter chaque année, et à un prix plus élevé que celui des variétés traditionnelles. Les OGM ont prouvé à plusieurs reprises qu’elles sont loin de tenir leurs promesses de rendement et de qualité. En 2009, l’amarante, une plante très envahissante, a échangé quelques gènes avec un soja OGM. Devenue résistante aux herbicides, elle a colonisé les champs de Géorgie aux États-Unis. 5 000 hectares ont dû être abandonnés et 50 000 autres étaient menacés. Le Pr Gilles-Eric Séralini a prouvé la toxicité des OGM dans une étude controversée car elle dérange fortement les firmes qui les produisent. Dans cette étude, il indique que le maïs « MON 863» de Monsanto, produisant une protéine insecticide d’origine bactérienne, provoque des signes de toxicité hépatique et rénale chez les animaux qui en consomment : une augmentation de 20 à 40 % des graisses dans le sang des femelles, de 10 % du taux de sucre, de la masse pondérale du foie et du corps. Par ailleurs, les reins sont le plus touchés chez les mâles, ce qui provoque une perte de poids. Des tests comparables ont mis au jour des différences au niveau du foie et des reins avec le colza GT 7316.
l Vous préconisez une biodiversité dans la culture et la création de nombreuses variétés de plantes ; Pourquoi ?
75% des espèces comestibles ont disparu en moins d’un siècle (chiffres ONU-FAO). Les anciens consommaient plus de 3000 espèces végétales comestibles, 500 sortes de légumes ornaient encore les tables familiales il y a cent cinquante ans. Nous avons perdu les trois-quarts de ce patrimoine inestimable. La biodiversité, c’est la vie ! Imaginez que les hommes et les femmes d’une même famille se marient tous entre eux. Le patrimoine génétique s’affaiblirait et les enfants seraient dégénérés. C’est exactement la même chose pour les plantes.
l Vous déclarez qu’en Europe, un fruit parcourt en moyenne 600 km avant d’atteindre vos assiettes; ces voyages de transport de fruits et de légumes influent-ils sur le réchauffement climatique?
Bien sûr puisque ces transports s’effectuent en bateau, en avion ou en camion. Comme vous le savez, ces moyens de transport fonctionnent grâce au pétrole. Résultat, le bilan carbone des fruits et légumes, qui font parfois le tour de la planète, explose. Par exemple, l’importation d’un kilo de cerises du Chili en avion dépense environ une dizaine de kilos de CO2. Et après un tel voyage, leur goût et leur qualité nutritionnelle n’est bien sûr pas le même que si elles avaient été consommées sur place.
l Le réchauffement climatique, comme vous le savez, n’a pas de frontières entre les Etats et les continents; les pays occidentaux, à leurs tètes les USA, sont les plus pollueurs de la planète. Ne pensez-vous pas à l’application d’une pénalité envers ces pays et ce, en établissant une taxe carbone dont le produit reviendrait aux pays non pollueurs et les aidera à développer une politique écologique bénéfique à toute la planète?
La taxe carbone existe déjà. C’est une taxe ajoutée au prix de vente de produits ou de services en fonction de la quantité de gaz à effet de serre, comme le gaz carbonique (CO2, dioxyde de carbone), émis lors de leur utilisation. Mais cette taxe n’est pas une bonne mesure à mon avis, car elle dédouane les pays pollueurs et ne les dissuade pas de moins polluer. Or l’urgence est de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Le 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que l’augmentation des températures moyennes à la surface de la planète pourrait atteindre 4,8°C à l’horizon 2100 par rapport à la période 1986-2005, dans le scénario le plus pessimiste, c’est-à-dire si les émissions de gaz à effet de serre continuent à leur rythme actuel. Vous connaissez les conséquences : diminution des glaciers, augmentation du niveau des océans, dérèglement climatique engendrant inondations, tsunamis, sécheresse extrême, etc.
l La permaculture, un concept nouveau de l’écosystème. Voulez-vous nous éclairer sur ce sujet ?
Née en Australie dans les années 1970, la permaculture – contraction de permanent et agriculture –, est une approche globale qui imite les écosystèmes naturels. Contrairement à nos sociétés modernes qui tendent à tout séparer, la permaculture voit le monde, non pas comme une série d’éléments distincts, mais comme un système où chaque élément est connecté à tous les autres au sein de réseaux complexes. Alors qu’il travaillait dans les forêts australiennes à la fin des années 1960, le scientifique tasmanien Bill Mollison comprend les leçons que l’on peut tirer de cet écosystème. En 1974, avec le designer écologiste australien David Holmgren, il développe le concept de permaculture. «C’est une conception consciente des paysages qui mime les modèles et les relations observés dans la nature, visant à obtenir une production abondante de nourriture, de fibres textiles et d’énergie pour satisfaire les besoins locaux.» Ici, rien ne se perd, tout se transforme. Chaque élément a plusieurs fonctions et profite des uns et aux autres. Par exemple, un poulailler installé dans une serre apporte aux plantes la chaleur et le gaz carbonique rejetés par les poules, tandis que celles-ci se nourrissent des déchets végétaux. Cette approche systémique relève de trois grands principes : prendre soin de la terre (sol, forêt, eau) ; prendre soin de l’humain (soi-même, les proches et la communauté) ; partager équitablement (limiter la consommation et redistribuer les surplus).
l Vous savez que l’eau est source de toute vie et que dans certaines parties du monde elle se fait rare. Que faire pour la préserver?
Plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Source de toute vie, elle devrait pourtant être un bien commun sacré pour l’humanité. Or, en plus de se raréfier, elle est de plus en plus polluée, notamment dans les régions industrielles où les fleuves sont devenus de véritables dépotoirs chimiques. En France, 96 % des cours d’eau et 61 % des nappes phréatiques sont polluées. L’agriculture intensive n’y est pas pour rien : 90 % des nitrates issus des engrais ne sont pas fixés par les plantes et sont lessivés par l’eau. Cette agriculture est en outre très gourmande, utilisant 70 % de l’eau des rivières ou pompée dans le sol. Manger moins de viande pourrait, entre autres, diminuer la consommation d’eau : la production d’1 kg de bœuf nécessite pas moins de15 000 litres d’eau. Quant aux agro-carburants, ils en réclament 2 500 litres (dont plus de 800 d’irrigation) pour fournir un litre de carburant.
l Actuellement, en Algérie, des voix s’élèvent contre l’exploitation du gaz de schiste programmée par le gouvernement dans le sud du pays. Y a-t-il un danger pour la terre et pour les nappes phréatiques ? Quel est votre avis à ce sujet ? Sera-t-il exploité en France et en Europe?
La technique pour ramener le gaz à la surface est nouvelle, délicate et surtout, désastreuse sur le plan environnemental. La fracturation hydraulique horizontale consiste à provoquer des failles à l’aide d’un liquide envoyé à très forte pression, pour libérer le gaz et le pétrole pris dans la roche compacte, à environ 2000 mètres de profondeur. Trois ingrédients sont nécessaires pour créer ces mini-séismes : des quantités phénoménales d’eau (entre 15 000 et 20 000 m3), plus de 500 produits chimiques pour attaquer la roche et des micro-billes pour maintenir ouvertes les failles. Aux Etats-Unis, le bilan de l’extraction de ces énergies fossiles est catastrophique : pollution massive des nappes phréatiques et de l’air, destruction des paysages et de milieux naturels, etc. Dans le film «Gasland», on voit un homme qui ouvre le robinet d’eau de sa cuisine, gratte une allumette et l’eau s’enflamme ! En France, plus de 60% de la population s’opposent à l’exploitation des gaz de schiste. Je suis convaincue que la France n’a pas joué son rôle de terre d’accueil des étrangers.
l Des citoyens de confession musulmane en France et dans le monde ont condamné l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo; la réapparition des caricatures du prophète Mohamed n’est-elle pas une provocation et un non-respect à la croyance des gens ?
Les journalistes de Charlie n’étaient ni racistes ni islamophobes, ils se moquaient de toutes les institutions, de tous les pouvoirs et de toutes les confessions. La satire fait partie de la culture et de la tradition françaises depuis des siècles. Charlie n’obligeait personne à acheter leur journal. Moi-même, je ne le lisais pas. Comme vous le savez, je suis journaliste et, en tant que tel, je défends la liberté d’expression. D’autre part, la France est un pays laïc où le délit de blasphème n’existe pas. Je condamne donc à ces deux titres la tuerie de «Charlie Hebdo». Je la condamne également en tant que citoyenne qui préconise le dialogue plutôt que la violence, le stylo plutôt que la mitraillette. Au-delà de ces considérations, je suis convaincue que la France n’a pas joué son rôle de terre d’accueil des étrangers et que les ghettos des banlieues exacerbent la violence depuis de nombreuses années .
Rachid Moussaoui