Fraude aux passeports algériens : une grosse affaire éclate, 15 accusés devant la justice

Fraude aux passeports algériens : une grosse affaire éclate, 15 accusés devant la justice

Le pôle pénal de lutte contre les crimes liés aux technologies de l’information et de la communication examinera ce mercredi une affaire de grande ampleur concernant la délivrance de « faux passeports » à des migrants clandestins en Europe.

Au total, 15 accusés comparaîtront au tribunal de Dar el Beida, ce mercredi, dont des employés de la commune de Khenchela, pour plusieurs chefs d’accusations, dont : l’abus de fonction, acceptation d’avantages indus, faux et usage de faux, falsification de documents de voyage…

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15 accusés devant la justice pour falsification de documents de voyage

Les faits de l’affaire remontent au 19 juillet 2024, lorsque la brigade de lutte contre le trafic de migrants a reçu un signalement faisant état de l’existence d’un compte sur l’application mobile SnapChat, qui propose un service de régularisation pour des immigrants clandestins algériens résidant en Europe, désireux d’obtenir leurs passeports, en contrepartie de la somme de 2500 euros, soit l’équivalent de 63 millions de centimes.

En effet, le titulaire de ce compte « Kh. Amir », un Algérien résidant à Marseille, utilise un numéro étranger pour contacter via WhatsApp des immigrants clandestins. Il leur demande d’envoyer par email leurs informations d’identité et une photo sur un fond blanc. Pour gagner leur confiance, il leur transmet des photos de leurs données insérées dans le système biométrique du ministère de l’Intérieur.

Il est suspecté de complicité avec des employés des services biométriques pour fournir des passeports à ses clients. Par ailleurs, les investigations ont permis d’identifier, en exploitant l’adresse électronique, l’utilisateur du réseau internet qui est « Kh. Aymene », le frère de l’accusé principal, est un ingénieur d’État en informatique résidant dans la wilaya de Khenchela. Ce dernier travaille dans le service biométrique de la commune, selon les mêmes informations.

L’enquête de la police judiciaire a mis en lumière le mode opératoire d’obtention des passeports. Le suspect « Kh. Amir », résidant à Marseille, recrutait des immigrants clandestins et transmettait leurs informations personnelles à son frère, responsable du service biométrique à Khenchela. Ce dernier utilisait frauduleusement le Guichet Électronique pour obtenir les documents de voyage et les transmettre par la suite au suspect principal.

Plus de 60 passeports saisis

L’enquête a également révélé la délivrance de passeports à des personnes faisant l’objet de mandat d’arrêt, grâce au blanchiment de leur identité. Le suspect a avoué avoir obtenu frauduleusement trois passeports pour des immigrés algériens en situation irrégulière en France.

Pour ce faire, il a utilisé le « Guichet électronique » du ministère de l’Intérieur pour saisir leurs données personnelles et obtenir les passeports sans leur présence ni les documents nécessaires. De plus, il avait demandé à un employé du service, à qui il avait fait croire qu’il détenait les dossiers, de procéder à la délivrance des passeports.

Au total, quinze accusés comparaîtront ce mercredi devant le tribunal. Ils seront jugés pour association de malfaiteurs, corruption et acceptation d’avantages indus, abus de fonction, fraude informatique causant un préjudice à un organisme public, et falsification de documents pour obtenir des titres de voyage pour des personnes sans y avoir droit.

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