Le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) monte à nouveau au créneau et exhorte le ministère de la Santé à accélérer la numérisation du système de prescription des médicaments psychotropes. Pour le Snapo, cette mesure est devenue une « urgence » absolue face à l’ampleur des fraudes et du détournement de ces substances sensibles vers le trafic de drogue.
La fraude aux ordonnances papier : le talon d’Achille
Dans une déclaration relayée par le syndicat, le porte-parole du Snapo, Karim Merghemi, a clairement exprimé les craintes de la profession. Il souligne que l’actuel système basé sur l’ordonnance papier est trop vulnérable.
« Les pharmaciens sont très souvent dans l’incapacité d’identifier la validité de l’ordonnance papier », a-t-il expliqué.
Le responsable dénonce un système de fraude bien rodé : certains individus, « malades ou présumés malades », se rendraient chez « plusieurs médecins au cours d’une même journée afin d’obtenir plusieurs ordonnances », permettant ainsi d’acquérir des quantités importantes de médicaments destinées à être écoulées illégalement.
🟢 À LIRE AUSSI : Plus de 266 000 candidats pour 3 000 places : la formation paramédicale suscite un engouement inédit
« C’est un détournement des procédures dans le but d’alimenter le trafic de drogue », a martelé Merghemi, insistant sur le fait que seule l’ordonnance numérique « permettra de distribuer ce type de médicaments aux patients qui en ont réellement besoin ». La sécurité des pharmaciens eux-mêmes est, selon lui, en jeu.
L’ordonnance numérique, une obligation « légale » depuis 2023
Le Snapo ne réclame pas une nouveauté, mais l’application d’une disposition légale déjà en vigueur. Merghemi rappelle que le législateur a inscrit la possibilité de cette numérisation dès 2023, lors de la réforme de la loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes.
Le nouveau texte, la loi 23-05, est on ne peut plus clair. Son article 5 bis 8 prévoit l’institution, « auprès du ministère de la Santé », d’un « répertoire national numérique des ordonnances » relatives aux stupéfiants et psychotropes.
🟢 À LIRE AUSSI : L’Algérie renforce la traçabilité du médicament : vers une distribution 100 % contrôlée
Cette plateforme doit être accessible aux praticiens de la santé, aux services de police judiciaire, ainsi qu’aux services de contrôle du ministère de la Santé et des Douanes.
La mise en œuvre technique est « quasiment terminée »
Alors que plus de deux ans se sont écoulés depuis la réforme de la loi, le Snapo estime que la publication des modalités d’application est devenue impérative.
Le président du syndicat, Sami Tirache, avait d’ailleurs déjà rassuré la corporation et l’opinion publique le 14 septembre dernier, précisant que la création technique de l’ordonnance numérique était « quasiment terminée ».
Il avait alors indiqué que la partie « officine » de la plateforme – le système d’authentification pour les pharmaciens – « est finalisée ». Seule « la partie au niveau des médecins » resterait à finaliser, nécessitant notamment des autorisations pour la sécurisation des données personnelles.