Les recours introduits par les élèves, parmi les 3.180 sanctionnés dans six wilayas du pays pour tricherie aux épreuves du baccalauréat (session juin 2013), continuent de tomber, depuis deux jours, sur les bureaux du ministère de l’Education nationale.
Ultime étape dans ce qu’il est considéré d’appeler le «scandale du bac» qui a vu une fraude massive de candidats lors de l’épreuve de philosophie, dans 163 salles d’examen sur un total de 31.252.
En effet, et en réponse aux protestations parfois à la limite de la violence des recalés accompagnés, pour certains, de leurs parents, les directions locales de l’éducation leur ont conseillé de déposer des recours individuels au niveau de la tutelle pour qu’ils soient étudiés au cas par cas.
Une proposition refusée parfois par les tuteurs craignant une manoeuvre du département de Baba Ahmed pour apaiser la situation et désamorcer la colère de la rue.
Au premier jour de la publication des résultats du bac, des centaines de candidats exclus ont manifesté dans des wilayas du pays comme Oran, Alger, Constantine ou encore Aïn Témouchent pour dénoncer la décision prise à leur encontre, après avoir «prouvé» leur implication dans la «tricherie collective» à l’examen de philosophie de la branche des lettres et de la philosophie, au troisième jour de l’examen.
La mention «a triché» étant apposée devant leur nom, ils risquent tout simplement d’être interdits d’examen du bac pendant dix ans pour les candidats libres et de trois à cinq ans pour les élèves scolarisés.
A propos de ces recours, ils seront confiés à une commission ministérielle neutre qui se chargera de les examiner au cas par cas, selon toujours le communiqué du ministère qui indique que c’est le ministre de l’Education nationale qui devra trancher «dans les jours à venir».
Mercredi dernier, le chef de cabinet au ministère de l’Education nationale, Abdelmadjid Hadouas, avait rassuré les candidats et leurs familles en expliquant que ces recours «seront examinés avec toute la probité voulue», sans préciser les délais de dépôt des recours, se contentant d’indiquer que «cela dépendra du nombre de recours que les directions de l’éducation continuent de recevoir».
A la fin des examens du baccalauréat, plusieurs syndicats de la famille de l’éducation ont dénoncé les cas de fraude massive dans certains centres, exigeant l’installation d’une commission d’enquête et des sanctions sévères contre les tricheurs avérés.
Le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) avait appelé, à travers un communiqué rendu public, les correcteurs du bac d’arrêter leur travail de correction pendant deux heures afin de dénoncer fortement les fraudes.
Meziane Meriane, le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), estima quant à lui que «la fraude généralisée dans certains centres d’examen du bac n’est pas de nature à entamer la crédibilité de cette épreuve», exhortant toutefois la tutelle à «agir vite».
Pourtant, et dans ce «nettoyage», des voix discordantes s’élèvent pour souligner la responsabilité des enseignants ayant assuré la surveillance de cet examen.
Le directeur de l’Office national des examens et des concours, Ali Salhi, a indiqué qu’aucune sanction n’a été prise à l’encontre des surveillants au bac en absence de preuve de leur complicité supposée. Pour Abdelmadjid Hedouas, la loi est claire. «Si nous avions des preuves sur la complicité des enseignants dans cette affaire, ils seront sanctionnés. Mais pour l’instant, il n’y a rien qui prouve cela», dira-t-il.
Quant au coordinateur du Snapest, il dénoncera l’usage de la violence des candidats dans certains cas, affirmant qu’«il y a eu usage d’armes blanches pour intimider les enseignants qui surveillaient au bac». Rappelons que le taux de réussite au bac 2013 a atteint 44,78%, en régression de 14% par rapport à la cuvée 2012.
Tizi Ouzou vient en tête du classement national, avec 60,95% de taux de réussite, suivie par Tipaza avec 59,5% et Alger-Centre avec 56,64%. La filière des techniques mathématiques- génie civil a réalisé le meilleur taux de réussite (61,34%), suivie par la filière mathématiques (58,65%). Le taux de réussite a atteint 17,72% pour les candidats libres et 31,25% pour ceux des écoles privées.
Moncef Wafi