Le ministre de l’Intérieur et des Transports, Saïd Sayoud, a révélé l’existence d’une fraude organisée autour de l’allocation de voyage accordée par l’État aux citoyens algériens. S’exprimant devant les députés de l’Assemblée populaire nationale, le ministre a indiqué que ce dispositif social, initialement destiné à faciliter les déplacements des citoyens à l’étranger, a été détourné de sa vocation par des réseaux illégaux, impliquant des intermédiaires et certaines agences de voyages.
À LIRE AUSSI : Bureaux de poste : Algérie Poste annonce des travaux et des transferts temporaires
Selon le ministre, cette allocation, fixée à 750 euros, s’est transformée d’un avantage en un véritable problème en raison de pratiques frauduleuses systématiques. Ces dérives ont contraint les autorités à instaurer des restrictions temporaires au niveau des postes-frontières afin de limiter l’ampleur du phénomène et d’endiguer les pertes en devises.
L’État alerte sur une fraude massive et renforce les contrôles
Saïd Sayoud a expliqué que le gouvernement a procédé à une évaluation approfondie de la situation en coordination avec les autorités tunisiennes, à l’occasion d’une visite officielle effectuée récemment aux côtés du Premier ministre.
Cette enquête conjointe a permis de mettre au jour l’implication de certaines agences de voyages dans l’organisation de déplacements suspects de citoyens algériens, reposant sur des méthodes frauduleuses visant principalement à capter la devise étrangère.
À LIRE AUSSI : Coupe du monde 2026 : Algérie – Jordanie, un historique équilibré
Le mode opératoire identifié est relativement simple, mais particulièrement efficace. Des citoyens algériens sont introduits légalement en Tunisie, leurs passeports sont tamponnés, puis ils sont rapidement reconduits vers l’Algérie par des postes-frontières surveillés, sans respecter la durée légale de séjour. Les mêmes personnes sont ensuite réintroduites de nouveau afin de répéter l’opération et de bénéficier plusieurs fois de l’allocation de voyage.
Les chiffres avancés par le ministre sont qualifiés d’« alarmants ». Près de 100 000 cas auraient été recensés en l’espace d’un mois et demi seulement. La majorité des personnes impliquées seraient des chômeurs, utilisés par ces réseaux comme instruments d’une fraude transfrontalière bien organisée. Le ministre a souligné que ces sommes n’ont profité ni à l’économie algérienne ni à celle de la Tunisie, mais ont été accaparées exclusivement par des réseaux illégaux et des spéculateurs.
Quand l’allocation de voyage devient une filière de fraude
Face à cette situation, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre une série de mesures urgentes. Parmi elles figure l’instauration d’autorisations préalables pour les bus relevant des agences de voyages opérant à l’international.
Cette mesure a permis, selon le ministre, de révéler l’ampleur des pratiques frauduleuses, certaines agences n’ayant pas été en mesure de fournir des garanties concernant le retour de voyageurs algériens.
À LIRE AUSSI : « Oran, c’est chez moi », Robert Ménard ravive la polémique avec une déclaration sur l’Algérie
Le ministre a tenu à rassurer sur un point essentiel : l’allocation de voyage ne sera pas supprimée. Il a affirmé qu’il s’agit d’un droit garanti pour le citoyen algérien. Toutefois, des mécanismes juridiques et organisationnels sont en cours d’élaboration afin de prévenir toute exploitation abusive et de préserver le caractère social de cette aide.
Dans cette optique, un projet de versement de l’allocation via une carte de paiement prépayée est à l’étude. Cette solution permettrait de mieux contrôler l’utilisation des fonds, d’en assurer la traçabilité et de garantir leur orientation vers les objectifs pour lesquels l’allocation a été instaurée.
