Frappes israéliennes sur Gaza : 72 Palestiniens tués

Frappes israéliennes sur Gaza : 72 Palestiniens tués

En tout et pour tout, vingt-neuf Palestiniens ont été tués hier, au cours de la journée la plus meurtrière de l’offensive israélienne commencée il y a cinq jours, alors que la veille, les raids avaient fait seize morts.

Depuis le déclenchement mercredi de l’offensive israélienne” Pilier de défense”, avec l’assassinat à Gaza du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmad Jaabari, 72 personnes ont été tuées, 69 Palestiniens et trois Israéliens.

Dans la matinée déjà, six Palestiniens, dont quatre enfants, ont trouvé la mort, dont un frère et une sœur de 3 et 1 an dans le nord, ainsi qu’un enfant de 18 mois, dans le centre. Et dans l’après-midi et en soirée, huit hommes et un enfant ont été tués dans une série de raids israéliens sur le nord et le centre du territoire palestinien.

En outre, après le siège du gouvernement du Hamas, complètement détruit samedi, l’aviation israélienne a visé à l’aube deux centres de presse à Gaza, blessant au moins huit journalistes palestiniens, dont l’un a perdu une jambe, après que la marine israélienne, positionnée au large de l’enclave, eut bombardé intensivement la ville de Gaza dans la nuit, selon des journalistes de l’AFP sur place.

D’ailleurs, la chaîne publique russe Russia Today (RT) a annoncé hier que le bureau à Gaza de son antenne en langue arabe avait été détruit dans le raid, sans faire de victime dans son équipe. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a immédiatement violemment condamné les frappes israéliennes.

Une frappe israélienne annihile la famille el-Dallou

“C’est Mohammad, il est vivant”, hurle Khalil, au moment où les secouristes extraient le cadavre d’un jeune homme des décombres de sa maison à Gaza, détruite par une frappe aérienne israélienne qui a anéanti la famille el-Dallou.

Khalil el-Dallou éclate en sanglots lorsqu’un secouriste lui apprend le “martyre” de son cousin Mohammad, 35 ans, dont le corps est transporté vers une ambulance. “Tous les membres de la famille sont morts en martyrs. Israël, qu’ont fait les enfants et les nouveau-nés pour mériter cela ?” s’exclame-t-il, levant les bras au ciel.

Mohammad, sa femme et ses quatre enfants sont morts ensevelis sous les débris de leur maison en pierre de trois étages. Deux voisins de la famille el-Mouzzana, qui occupait la maison d’à côté, détruite par la frappe, ont aussi trouvé la mort. Le père de Mohammad, Jamal el-Dallou, et son fils Abdallah, 17 ans, ont survécu.

Ils se rendaient ensemble à leur boutique, dans le vieux marché d’al-Zawiya, dans le centre de Gaza, pour acheter des provisions pour la famille, en prévision des prochains raids. Adossé à un poteau électrique éclaboussé de sang, le père de famille est soutenu par ses proches qui lui présentent leurs condoléances. Traumatisé, il contemple sa maison en ruines, détruite par un F-16 israélien, d’où se dégagent des volutes d’un incendie pas encore éteint.

Des voisins tentent de ramasser des membres humains qui jonchent le sol. “Ne prévenez pas son frère Abdallah, le choc peut le tuer”, hurle, hystérique, Ibrahim, un parent de Mohammad, en parlant d’un autre jeune frère, qui termine ses études de médecine en Turquie. Difficilement, les secouristes ont pénétré dans la ruelle étroite pour débarrasser les décombres du toit et les gravats, essayant de retrouver avant la tombée de la nuit les corps d’une femme et de sa petite fille encore enterrés.

“Comment vont-ils trouver des survivants sous ces destructions, sans un matériel de sauvetage ? ” se lamente un voisin, Majdi Abdel Majid.

Abou Ahmad el-Dallou regarde les opérations de sauvetage. Il ne répond pas à son téléphone qui sonne, sonne sans interruption. Il pleure son neveu Mohammad, qu’il a vu une heure avant le raid aérien.

Mohammad, un policier du ministère de l’Intérieur du Hamas, chargé de la protection des personnalités, était vraisemblablement visé par la frappe. « C’était un jeune homme gentil, un exemple de moralité et de droiture. Tout le monde l’aimait », se souvient Abou Ahmad el-Dallou.

“Le massacre de la famille el-Dallou ne restera pas impuni”, ont averti les Brigades Ezzedine el-Qassam, la branche armée du mouvement Hamas qui gouverne la bande de Gaza. « Ce massacre prouve que l’occupant se venge sur les civils de son échec militaire. Les Israéliens vont payer”, a renchéri un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri.