Frappes de l’Otan sur la Libye : Les rebelles libèrent Misrata

Frappes de l’Otan sur la Libye : Les rebelles libèrent Misrata

Les rebelles de Misrata ont affirmé avoir chassé les pro-Kadhafi de la ville assiégée depuis deux mois tandis que l’Otan a mené de nouvelles frappes à Tripoli où le régime libyen a assuré que le colonel Kadhafi était en « lieu sûr » et avait « le moral ». Dans la grande ville côtière de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, plusieurs chefs de groupes de combattants ont déclaré que les forces gouvernementales, durement pilonnées depuis deux jours, s’étaient retirées de la ville et se trouvaient dans ses faubourgs. « Des affrontements ont lieu à la limite ouest de la ville, le reste est nettoyé. Il reste sans doute quelques soldats cachés dans la ville qui ont peur d’être tués, mais il n’y a plus de groupe de soldats », a précisé l’un d’eux.

Cependant le porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) de l’opposition à Benghazi (est), le colonel Ahmed Omar Bani, s’est montré nettement moins optimiste sur la situation de Misrata: « C’est un désastre là-bas, Kadhafi n’est pas en train de perdre ». A Tripoli, cible depuis vendredi de raids intensifs de l’Otan, cinq explosions ont secoué lundi soir l’est de la capitale, selon des témoins, qui n’étaient pas en mesure de préciser les sites visés. « Nous avons entendu trois fortes explosions et nous avons vu des flammes et de la fumée s’échapper d’un site non loin de chez nous », a déclaré un habitant du quartier Aïn Zara. Deux autres détonations ont secoué le même quartier un peu plus tard, selon un autre témoin. Dans la nuit de dimanche à lundi, le bureau de Mouammar Kadhafi, situé dans son immense résidence à Tripoli, avait été totalement détruit par une frappe de l’Otan.

Trois fonctionnaires ont été tués et 45 autres personnes blessées, dont 15 grièvement, dans le raid, a déclaré le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim. Mais le colonel Kadhafi « va bien, il est en bonne santé et il a le moral », a-t-il souligné. Il est « en lieu sûr (…), il travaille chaque jour, il mène la bataille pour fournir au peuple services, nourriture, médicaments et carburant », a ajouté le porte-parole, en dénonçant la destruction de son bureau comme un « acte terroriste » et une « tentative d’assassinat ».

Selon la télévision d’Etat libyenne, des frégates de l’Otan ont également visé lundi un câble sous-marin de fibre optique reliant Syrte aux ports pétroliers de Ras Lanouf et Brega (est), provoquant la coupure des télécommunications dans cette région. A Bruxelles, l’Otan a annoncé avoir mené dans la nuit de dimanche à lundi une frappe ciblée dans le centre de Tripoli contre « un centre de communications utilisé pour coordonner les attaques contre des civils ». L’Italie, ancienne puissance coloniale et l’un des quatre pays (avec la France, le Qatar et la Gambie) à avoir reconnu le CNT, s’est dite désormais prête à mener des « actions ciblées contre des objectifs militaires spécifiques », à la veille d’un sommet franco-italien notamment consacré au dossier libyen.

Synthèse M.B.

L’Italie entre en scène

L’Italie participe « pleinement » à la mission de l’Otan en Libye en termes « d’engagements et de responsabilités », a affirmé hier, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, à la suite de la décision de Rome de prendre part aux raids aériens contre ce pays. La veille dans la soirée, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi avait annoncé que les forces armées italiennes allaient se joindre aux raids aériens contre des cibles militaires précises. Berlusconi a pris cette décision qui a « mûri » pendant une semaine après avoir été « convaincu » par le chef de l’opposition libyenne, Mostafa Abdeljalil, que le leader libyen n’allait « jamais partir », lors d’un entretien de deux heures à Rome, a précisé Frattini, au journal italien la Stampa. Interrogé si après ce changement de cap, il y aurait un débat au parlement, le ministre a indiqué que ce dernier avait déjà donné « mandat au gouvernement de participer pleinement à la mise en œuvre des résolutions onusiennes sur la Libye ». Il a ajouté cependant, que lui et son collègue chargé de la Défense, en référeront à la commission parlementaire des Affaires étrangères et celle de la défense sur l’engagement de la mission militaire italienne en Libye.

« Les bombardements viseront des objectifs ciblés, tels que les batteries de missiles, les dépôts de munitions », a précisé Frattini, ajoutant que ces ojectifs seront choisis par l’Otan.

Avec la décision italienne, il y aura 13 pays qui prennent part aux raids aériens en Libye sous l’égide de l’Otan.