M. Frank La Rue, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression, qui a séjournée en Algérie du 10 au 17 avril 2011, à l’invitation du gouvernement algérien, a fait part ce mercredi 27 avril de sa « profonde indignation et tristesse au sujet du meurtre d’un activiste politique qu’il avait rencontré lors d’une récente visite en Algérie ». Disparu le 19 avril dernier, l’universitaire Ahmed Keroumi a été retrouvé mort le 23 avril dans un local du MDS à Oran.
Selon un communiqué du haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, le 15 avril 2011, Frank La Rue avait rencontré Ahmed Keroumi, enseignant universitaire à Oran et membre du parti d’opposition MDS et de la section oranaise de la CNCD, au titre de représentant de la société civile pour s’entretenir avec lui sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Ahmed Kerroumi a, par la suite, disparu le 19 avril et son corps n’a été retrouvé dans son bureau que le 23 avril.
« Son meurtre est tragique et totalement inacceptable », soutient M. La Rue. « Selon les informations que j’ai reçues, M. Kerroumi aurait reçu plusieurs blessures à la tête, ce qui me porte à croire que cet acte est arbitraire ».
L’expert des Nations Unies a ajouté qu’il avait également reçu des informations selon lesquelles un véhicule avec quatre hommes à son bord est resté garé devant le bureau de M. Keroumi pendant quatre jours avant le meurtre. La voiture ne serait plus réapparue depuis.
« J’avais insisté sur la liberté absolue de pouvoir effectuer toute rencontre que j’estimais nécessaire et avais demandé une protection totale de l’Etat pour tous ceux et toutes celles que j’avais rencontrés durant ma visite, spécialement après la fin de ma mission », a indiqué M. La Rue. « De ce fait, je suis profondément choqué et peiné par cet incident ».
L’expert a appelé le Gouvernement à mener « l’enquête la plus détaillée et indépendante qui soit sur ce meurtre tragique afin de traduire ses auteurs en justice. Une telle action, couplée à une condamnation publique de la part du Gouvernement, est indispensable pour garantir que cet acte odieux n’aura pas d’effet dissuasif sur la liberté d’expression dans tout le pays ».
« Je présente mes plus sincères condoléances à la femme de M. Keroumi, à ses collègues et aux activistes en Algérie et j’appelle les autorités à leur octroyer une protection totale afin de garantir leur intégrité physique et morale », a ajouté M. La Rue.
« Je suivrai de près tous les développements relatifs à ce cas, y compris directement avec les autorités algériennes », a conclu M. La Rue.