FRANÇOIS HOLLANDE :
François Hollande plaide pour «un partenariat stratégique, d’égal à égal et qui nous permettra d’entrer dans un nouvel âge» dans les relations algéro-françaises. C’était au cours d’une conférence de presse animée, hier à l’hôtel Sheraton à Alger, au premier jour de sa visite d’Etat de deux jours, la troisième du genre pour un président français depuis l’indépendance.
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – «Mon voyage a été attendu, espéré ou même redouté, parce que c’est le premier que je fais en Algérie (en tant que président, Ndlr) et dans la région. Mais ce voyage était nécessaire. Parce que nous sommes en 2012, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie. C’est le temps d’un nouvel âge pour la France et l’Algérie.» Succédant à Sarkozy en mai 2012, François Hollande est arrivé à Alger à la tête d’une délégation pléthorique, deux cents personnes, soit la plus importante de tous ses voyages à l’étranger depuis son élection. Lui-même tenait à souligner ce fait. Aussi, «cet accord (qui sera signé à l’occasion de sa visite, Ndlr) comporte un programme de travail sur cinq ans» et concernera tous les domaines «y compris le domaine de la défense». Cette précision en particulier n’est pas innocente. Et, comme il l’enchaînera lui-même, «il y a une vérité à dire sur le passé, mais il y a aussi une vision sur l’avenir. Non seulement pour qu’une page soit tournée, mais pour en écrire tant d’autres encore ». Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau locataire du palais de l’Elysée se dit préféré «nommer les actes et non pas les mots». Il parlait du fameux «traité d’amitié préparé en 2003 mais qui, finalement, ne sera jamais signé encore moins paraphé» entre l’Algérie et la France. Or, cette fois, «il y aura des annonces fortes». Et il cite, à titre illustratif, le projet du constructeur automobile Renault. «Renault fabriquera des véhicules en Algérie non seulement pour le marché algérien mais pour toute l’Afrique.» S’agissant des brûlants sujets liés à l’histoire, Hollande s’est montré on ne peut plus clair. Reconnaissance des crimes coloniaux ? Repentance ? Des excuses ? etc. ce n’est pas ce qui m’a été demandé, ni ce que je suis venu faire». Il s’explique : «Certes, des voix s’élèvent en Algérie, mais aussi en France mais pas forcément pour demander les mêmes choses. Mais ce qui compte, c’est ce que nous disent les autorités algériennes. Et elles nous disent : c’est à vous, les Français, de trouver les mots qu’il faut. Ces mots, ce sont la vérité sur le passé, le colonialisme, les drames.» Je salue la résistance du peuple algérien face au terrorisme François Hollande a développé à Alger un discours nettement différent de celui de son prédécesseur immédiat et même et surtout de celui de François Mitterrand. Pressé par des questions de journalistes français sur «l’Algérie et le printemps arabe», il aura cette réponse à un moment donné : «Vous avez vu ce que ce pays a traversé comme épreuve avec le terrorisme qui s’était installé ? Les événements ne se sont pas passés de la même manière (en Algérie et dans les autres pays arabes). Mais je salue le peuple algérien pour son courage, qui a su résister et rester uni durant toute cette période.» Dans la foulée, il dépassionne grandement l’affaire des moines de Thibhirine. «Oui, j’en ai parlé à Bouteflika. Il m’a affirmé qu’il mettra tout en œuvre pour faire la lumière (…) Comment ? C’est à la justice algérienne, en coopération avec la justice française, de faire la lumière sur cette affaire.» L’on est loin des procès en règle contre l’armée algérienne que l’on nous ressasse de l’autre côté de la Méditerranée. Sur cette affaire mais pas seulement. D’ailleurs, sur une autre question, au sujet des «droits de l’Homme» celle-là, François Hollande n’a pas manqué, par exemple, de rendre un vibrant hommage à la presse algérienne. «Il y a une presse libre en Algérie comme peu de pays en connaissent et qui a résisté durant les moments difficiles.» Sur un tout autre plan, le président français affirme qu’il n’y a pas de profondes divergences entre Alger et Paris au sujet de la crise au nord du Mali. «L’Algérie est pour un dialogue politique et la lutte contre le terrorisme. Et la lutte contre le terrorisme, c’est d’empêcher les terroristes d’Aqmi de s’installer au nord du Mali (…) Bouteflika et moi, nous pensons que le dialogue politique est nécessaire entre le gouvernement du Mali, l’armée et les groupes qui ne sont pas impliqués dans le terrorisme. La France est favorable à la résolution de l’ONU (qui sera adoptée dans quelques jours, Ndlr). C’est aux Africains d’intervenir (militairement) au nord du Mali.» Auquel cas, la France se dit prête à les soutenir «politiquement et sur un plan logistique», insistera Hollande, tout comme il insistera sur la poursuite de «la négociation politique indispensable », dans la résolution de cette affaire.
K. A.
