François Hollande quitte le pouvoir en laissant la France en chantier

François Hollande quitte le pouvoir en laissant la France en chantier

PARIS- Le septième président français sous la Ve République, François Hollande, quittera dimanche le pouvoir avec un sentiment de frustration pour n’avoir pas pu briguer un second mandat et laissant, pour son successeur, Emmanuel Macron, une France en chantier.

Défendant son quinquennat, ébranlé par les attentats terroristes qui l’ont obligé de décréter l’état d’urgence, le président sortant laissera pour son successeur, les ressources pour « faire encore avancer la France sur le chemin du progrès, qu’il soit économique, social ou environnemental », selon les termes du dernier Conseil des ministres, tenu mercredi dernier.

Pour lui, la France, dont la santé économique « retrouvée », a conforté sa souveraineté et son indépendance et préparé son avenir.

De l’avis de nombreux observateurs, c’est un président qui s’est voulu « normal » au début de son mandat, va quitter ses fonctions en étant le président le « plus impopulaire de la Ve République » en raison de ses promesses non tenues.

Au début de son quinquennat en 2012, la gauche qui l’avait porté à la magistrature suprême avait pris en main toutes les institutions : la présidence, le gouvernement, l’Assemblée, le Sénat, les Conseils régionaux, les départements et les villes, mais à la fin François Hollande laisse sa famille politique en pleine déconfiture devant la montée en puissance du mouvement « La République en marche », né il y a une année.

Sa gestion des affaires internes a été à l’origine de la scission et dissension au sein du Parti socialiste (PS) et de la gauche de façon générale.

Il reste aussi le seul président qui a été poussé par sa mauvaise performance à ne pas briquer un deuxième mandat en voyant son impopularité grossir notamment avec des lois, comme celle du travail ou de la déchéance de la nationalité, qui ont réveillé le démon de la protestation populaire, en pleine situation de la menace terroriste.

Même s’il vante une situation économique « meilleure » que celle laissée par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, des experts n’hésitent pas à qualifier son bilan de  « négatif » en raison d’une croissance « molle » qui ne décolle pas et d’un taux de chômage toujours élevé si l’on compare avec les voisins de la France, notamment l’Allemagne.

Il n’a pas réussi finalement à inverser la courbe du chômage, touchant particulièrement les jeunes, qu’il s’était assigné comme une des priorités de son quinquennat.

Sur un autre plan, François Hollande est considéré comme le président le « plus guerrier » de la Ve République, en engageant l’armée française au Mali, en Centrafrique, en Syrie et en Irak. Ce qui a prévalu à l’association « Survie » d’estimer que les opérations militaires françaises en Afrique alimentent l’instabilité régionale.

Bien loin de résoudre les crises, « ces opérations contribuent à les aggraver et à en créer de nouvelles », a expliqué en janvier dernier dans un rapport de 32 pages intitulé « Cinq guerres pour un empire » cette ONG qui dénonce toutes les formes d’intervention néocoloniale française en Afrique (Françafrique) et milite pour une refonte réelle de la politique étrangère de la France en Afrique.

Toutefois, il reste le président qui a voulu faire avancer les choses sur le plan des questions mémorielles concernant les pays anciennement colonisés par la France, mais il s’est toujours rétracté face aux pressions fortes des groupes (politiques, médias et associations) qui défendent l’histoire « positive » de France.

Dans son dernier discours d’adieu, à l’occasion de la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition », célébrée en France le 10 mai, il a affirmé que face aux mémoires « blessées », il faut aller jusqu’au bout de la reconnaissance, estimant que la concurrence des mémoires est « un mensonge ».