François Hollande essuie les critiques pour avoir décoré le prince héritier saoudien

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Vendredi 4 mars, François Hollande a remis la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz al-Saoud, qui est aussi ministre de l’Intérieur dans son pays. Des voix s’élèvent en France contre cette prestigieuse décoration. Le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, notamment, ne mâche pas ses mots. Mais le ministre français des Affaires étrangères défend le geste du chef de l’Etat.

Vendredi, le président français recevait à l’Elysée le prince héritier saoudien Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz al-Saoud, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur d’Arabie saoudite. Cette rencontre fait depuis lors l’objet d’une polémique en France.

La Saudi Press Agency a en effet révélé qu’après cette visite, « le président français a remis à son Altesse la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur, qui est la plus haute distinction française, pour tous ses efforts dans la région et dans le monde dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme ».

« C’est le bon client que la France décore ? »

Depuis, les critiques fusent, pour dénoncer cette Légion d’honneur, remise à l’un des principaux dirigeants d’un pays qui procède notamment à de nombreuses exécutions capitales : plus de 150 l’année dernière, 70 depuis début 2016. D’autant que la présidence française n’a pas jugé utile de confirmer l’information avant dimanche.

« On se demande ce que la France décore. C’est le bon client que la France décore ? C’est l’amateur de peine de mort ? C’est le propagandiste d’un islam rigoriste ? L’Arabie saoudite exécute ses opposants, elle exécute des déliquants de droit commun, elle maintient les femmes dans un régime moyen-âgeux », dénonce Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme.

« Des attitudes contraires au minimum de nos valeurs »

« Que le gouvernement français vende des armes à l’Arabie saoudite, ma foi, dans l’ordre international qui est le nôtre, il ne faut pas trop s’en étonner, ajoute Michel Tubiana sur RFI. Mais qu’en revanche, il se donne le ridicule d’aller glorifier un homme qui participe du régime que je viens de décrire, là, franchement, on se demande à quoi ce gouvernement pense. »

Pour le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, au fond, en décorant Mohammed ben Nayef, le gouvernement français « cautionne un régime, les attitudes de ses dirigeants, qui sont contraires au minimum de nos valeurs, et il galvaude aussi la plus grande distinction française ».

« Je pourrais vous en citer plein, des Légions d’honneur »

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, était présent vendredi à l’Elysée lors de l’entrevue entre le chef de l’Etat français et le prince héritier saoudien. Sur la radio France Inter, ce lundi matin, il a tenté d’expliquer le geste du président envers son hôte :

« C’est une tradition diplomatique, et je pourrais vous en citer plein, des Légions d’honneur qui ont été données. Il n’y avait rien de solennel. Il y a parfois des traditions diplomatiques qui peuvent étonner, il faut le prendre comme tel », assume l’ancien Premier ministre.

« Dans la paix en Syrie, l’Arabie saoudite a un rôle à jouer »

« J’ai vu les réactions. On peut les comprendre. Mais je crois que nous discutons avec ce pays, l’Arabie saoudite. J’ai rencontré mon homologue, le ministre des Affaires étrangères, à deux reprises déjà. Et de quoi nous discutons ? Nous discutons de la paix en Syrie. Et dans la paix en Syrie, l’Arabie saoudite a un rôle à jouer », assure Jean-Marc Ayrault.

Et le chef de la diplomatie de rappeler la position – partagée par Paris -, que l’Arabie saoudite défend dans le dossier syrien : encourager la reprise des négociations, si le cessez-le-feu est totalement respecté, mais aussi faire en sorte que l’aide humanitaire arrive, et enfin encourager l’opposition. Pour Jean-Marc Ayrault, « ça méritait une Légion d’honneur ».