Cinquante après les accords d’Evian, le président François Hollande a affirmé mardi que la France se grandit toujours lorsqu’elle reconnaît ses fautes dans un message aux harkis, anciens supplétifs de l’armée française en Algérie, à l’occasion de la journée d’hommage national qui leur est consacrée.
La mémoire des harkis est une mémoire vivante et souffrante, elle impose à la France un retour sur elle-même et sur son histoire.
En cette journée nationale dédiée au souvenir, il importe que la vérité soit dite, que les leçons en soient retenues et que les conclusions en soient tirées, a déclaré M. Hollande dans un message lu par le ministre délégué aux Anciens combattants Kader Arif, lors d’une cérémonie dans la cour d’honneur des Invalides à Paris.
Le président de la République ne pouvait y assister en raison de son déplacement à New York pour l’Assemblée générale de l’Onu.
Il y a 50 ans, la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s’étaient placés sous sa protection, ceux qui l’avaient choisie et qui l’avait servie, a affirmé le chef de l’Etat déclarant que la France se grandit toujours lorsqu’elle reconnaît ses fautes.
En avril, pendant sa campagne, François Hollande avait promis, s’il était élu à la présidence de la République, de reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées dans des camps en France.
Il avait dit en outre son intention d’assurer aux harkis et à leurs descendants la reconnaissance de la République. Cette reconnaissance de responsabilité de la France est une vieille revendication des harkis et de leurs descendants qui représentent quelque 500.000 personnes.
Le comité de liaison national des harkis a qualifié de mots creux la déclaration de M. Hollande et a estimé que c’était une occasion ratée pour le chef de l’Etat français, déplorant qu’il ne se soit pas engagé à inscrire dans un texte de loi la reconnaissance de leur abandon par la France.
M. Hollande aurait dû acter l’engagement qu’il avait pris le 5 avril pendant la campagne présidentielle, a déclaré à l’AFP Mohamed Otsmani, du Comité de liaison national des harkis. Il ne tient pas sa promesse, a ajouté le délégué de ce comité pour les Bouches-du-Rhône, qui compte la plus grande communauté de harkis en France.
Nous voulons une loi ou un décret qui reconnaisse la responsabilité de la France dans l’abandon des harkis, comme on l’a fait pour la communauté juive, pour que l’histoire (des harkis) soit transmise à tous les Français, a-t-il ajouté. Au lieu de cela on n’a eu que des mots creux qui n’ont aucun sens, a-t-il déploré.
Au lendemain des accords d’Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d’Algérie, 55.000 à 75.000 harkis ont, selon les historiens, été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles. Quelque 60.000 ont été admis en France, logés dans des camps de fortune du sud du pays, dont le plus important à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
(AFP)