L’Algérie peut tirer profit de la présence des grandes enseignes internationales.
Au-delà de l’engouement des Algériens pour les grandes marques, la problématique de la franchise doit être appréhendée dans une dynamique économique, commerciale et financière globale, cohérente et transparente. Avec plus d’une centaine de grandes enseignes internationales – dans les secteurs de l’habillement, des cosmétiques, de l’agroalimentaire, de la restauration et de l’électroménager etc. -, présentes en force dans le nouveau centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar ainsi que dans les principales artères de la capitale et celles des autres grandes villes d’Algérie, à travers des commerçants locaux agréés, l’activité de franchise est au stade du balbutiement et suscite autant d’intérêt que de questionnents.
“Nous ramènerons les mêmes collections que celles affichées dans les autres pays et nous prendrons le temps de mieux connaître le marché et nous y adapter”, affirment les responsables de DIM (récemment installé à Kouba) qui déclarent ne ménager aucun effort pour la formation et la création de l’emplois. Reste le problème du marché parallèle et de la contrefaçon auxquels font face DIM et les autres enseignes, qui devront mener une bataille rude comme dans d’autres pays, l’Algérie ne faisant pas exception.
Ces questionnements sont nourris par un faisceau de facteurs endogènes et exogènes. Il s’agit en premier lieu de l’encadrement juridique et réglementaire de ce type d’activité.
À ce propos, Mme S. Meziani, directrice de l’organisation des activités commerciales au ministère du Commerce, estime que “les franchises travaillent dans le cadre des lois en vigueur, celles relatives aux conditions régissant les activités commerciales, les règlements bancaires et la loi relative à la protection du consommateur. Actuellement, le code du commerce organise la fonction de distribution de façon générale en connaissance des questions de licence, de brevets, etc., sans pour autant se référer explicitement à la notion de franchise.”
Beaucoup de citoyens se sont posé des questions sur les causes réelles du retrait de Carrefour, de Naf Naf ainsi que Celio. Selon maître Benmiloud, avocate d’affaires et membre de l’Association algérienne de la franchise, “Carrefour s’est retiré suite à la rupture des relations contractuelles le liant à son distributeur… quant à Naf Naf et Celio, leur retrait du marché algérien s’expliquerait par des considérations internes à ces marques.” Pour d’autres observateurs, ces retraits s’expliqueraient, d’une part, par les contraintes de la politique des changes pratiquée par la Banque d’Algérie, notamment la question des royalties et de leur transfert, – le rapatriement des redevances de licences de marque n’est pas autorisé – et, d’autre part, par l’inadéquation de la législation algérienne en la matière. Ces mêmes observateurs nuancent cependant leurs appréciations en admettant que le vide ou l’insuffisance actuelle d’un cadre juridique adéquat n’a pas empêché, pour autant, l’installation dans notre pays des grandes enseignes internationales, car ces dernières savent pertinemment les dividendes qu’elles peuvent escompter d’un marché aussi porteur que le nôtre. Le code du commerce, qui organise la fonction distribution sans citer de façon explicite les activités de franchise, constitue, pour le moment, le seul socle réglementaire de reference.
Dans l’attente de l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre juridique (en préparation, selon nos informations) à même de booster le développement des activités de franchise dans notre pays, les pouvoirs publics, sans préjuger de l’état des lieux de l’activité de franchise (absence de statistiques fiables…), particulièrement commerciale -vente en l’état des produits importés et utilisation des marques et licences brevetées et protégées- semblent observer l’évolution d’une activité qui, somme toute, ne concerne pas la masse des Algériens.
A. H