France: Une lycéenne interdite de cours à cause d’une jupe longue considérée « signe ostentatoire religieux »

France: Une lycéenne interdite de cours à cause d’une jupe longue considérée « signe ostentatoire religieux »
france-une-lyceenne-interdite-de-cours-a-cause-dune-jupe-longue-consideree-signe-ostentatoire-religieux.jpg

Une lycéenne de Seine-et-Marne s’est vu refuser l’accès à son établissement scolaire mardi 3 mai car elle portait une jupe longue, considérée par la proviseure comme « signe ostentatoire religieux », rapporte L’Obs.

Une interprétation de la loi de 2004 sur la laïcité que la mère de l’adolescente dénonce vivement auprès de l’hebdomadaire. « Ma fille, franco-portugaise, issue d’une famille catholique, s’est convertie à l’islam, oui. En début d’année, je l’ai autorisée à porter le voile, qu’elle enlève avant d’entrer en cours. […] Ma fille respecte la loi, je respecte sa religion, il y a juste de la tolérance et du respect. Jusque là, on ne lui avait fait aucune remarque sur sa tenue. »

« Excepté les quelques problèmes de bavardages, c’est une fille très discrète sur sa conversion. Il faut que les gens arrêtent de faire des amalgames et de juger trop vite », critique-t-elle en rappelant que, comme le prévoit la procédure , une enqête sur la conversion de sa fille a été menée et « s’est bien passée ». « On est venu chez nous, on a interrogé le corps enseignant et le dossier a conclu qu’il n’y avait aucun risque d’embrigadement. Le lycée en avait été avisé ».

« Certains personnels n’en font qu’à leur tête »

LG Algérie

Interrogé par L’Obs sur la situation, l’établissement –qui avait « insisté sur le fait que dorénavant, [la lycéeenne] ne serait pas admise en robe longue », selon sa mère– a proposé à la famille un dialogue lundi 9 mai.

L’Académie de Créteil est cependant formelle: la jeune fille « n’a en aucun cas été exclue de l’établissement ». « Elle a été convoquée, cela n’a pas été d’une absolue sérénité, mais un dialogue a eu lieu avec la famille et qui va être poursuivi lundi et qui sera maintenu. L’intérêt c’est que cette jeune fille est qu’elle poursuive sa scolarité de façon normale. Une robe longue n’est pas un motif d’exclusion », assure-t-on à L’Obs.

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) se désole cependant que « certains personnels de l’Education nationale n’en fassent qu’à leur tête » et rapporte qu’en 2015, « nous enregistrions 177 actes de discrimination dans les établissements des premiers et seconds degré ».

#JePorteMaJupeCommeJeVeux

Ce n’est pas la première fois que le port de la jupe longue fait débat. En avril 2015, un cas similaire à Charleville-Mézières avait fait polémique quand une adolescente de 15 ans n’avait pas été autorisée à se rendre en cours. À l’époque, le CCIF estimait que le port d’une jupe longue n’avait « rien d’ostentatoire » et dénonçait « l’hystérie collective ».

Des situations qui se produisent en partie à cause du flou qui règne autour de la loi de 2004 sur la laïcité. « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit », y est-il inscrit sans plus de précision alors qu’en parallèle les signes religieux discrets restent tolérés.

Le Conseil d’État ne s’est pas encore prononcé sur le port de la jupe longue mais les soutiens à la jeune fille sur les réseaux sociaux ont eux ressorti le mot-clé #JePorteMaJupeCommeJeVeux pour dénoncer l’interprétation religieuse qu’il est fait de ce genre de tenues.