France: un ouvrier algérien traine une entreprise française en justice

France: un ouvrier algérien traine une entreprise française en justice

C’est la croix et la bannière pour cet Algérien résidant en France. Travaillant depuis 30 longues années dans une entreprise française, Rabah, un ouvrier sexagénaire n’a jamais décroché un contrat CDI. Aujourd’hui le dossier de Rabah est devant la justice pour « discrimination à l’embauche ».

Avec 63 contrats d’intérimaire, 16 CDD, Rabah n’est toujours pas reconnu ni pour ses compétences, ni pour son dévouement dans son travail à Kronenbourg, le géant alsacien de la bière.

Il dénonce une « discrimination à l’embauche »

outre la non-reconnaissances des compétences, Rabah n’a pas accès à la sécurité sociale. Une situation qui pèse lourd sur cet ouvrier, qui prend visiblement son mal en patience devant l’entêtement de l’entreprise. En 2019, lorsque Rabah a effectué une demande d’un CDI auprès Kronenbourg, « cette dernière lui a non seulement refusé sa demande, mais a décidé de ne plus renouveler ses CDD ».

A bout de patience, Rabah décide d’intenter une action en justice. Devant le tribunal, son avocat dénonce une « discrimination à l’embauche ». Muni d’un motif « chétif », Kronenbourg estime que Rabah était de « qualification moindre ». L’avocat de l’entreprise s’est donc retranché derrière une compétence insuffisante pour une titularisation du travailleur, explique la même source.

« Lors du conseil aux Prud’hommes, l’avocate de Rabah a souligné les incohérences du statut professionnel de son client. Comment une personne si peu qualifiée peut-elle travailler dans autant de services sur une si longue période ? », s’interroge-t-on.

Par ailleurs, l’avocate de l’ouvrier a mis en évidence que « la plupart des embauches définitives acceptées par Kronenbourg ne reflétaient aucune diversité. Seuls des noms à consonance franco-française apparaissent dans la liste des personnes titularisées durant ces dernières années », ajoute-on.
D’après Rue 89, un ancien collègue de Rabah a affirmé avoir vu d’autres ouvriers formés par ce dernier être embauchés alors que lui occupait toujours un poste intérimaire.

Une pratique courante à kronenbourg

Habituée à cette pratique « illégale » et sans contrôle-vraisemblablement-, Kronenbourg s’est permise de recourir fréquemment à ce système d’embauche temporaire. « Elle a même été plusieurs fois condamnée par la justice pour excès de CDD et de contrats intérimaires et obligée à verser des indemnités à ses employés », précise-t-on.

« Kronenbourg reconnaît donc davantage une logique économique que discriminatoire. La société française préfère défendre la thèse de l’incompétence de Rabah. Kronenbourg affirme n’embaucher désormais que des personnes très qualifiées sur des postes techniques. Le cas de Rabah serait classique d’après le brasseur qui dénonce des accusations calomnieuses », rapporte la même source.