Un jeune entrepreneur françaisd’origine marocaine a ouvertune nouvelle enseigne 100% halal dans le centre de Nanterre, près de Paris, pour séduire une clientèle de musulmans branchés, mais aussi tout consommateur attiré par les saveurs orientales.
Avec un nom bien identifié, «Hal’Shop», un slogan – «des saveurs, des valeurs» – et une devanture étudiés, Rachid Bakhalq, 30 ans, veut étendre sa marque dans d’autres villes de la région parisienne si son magasin-pilote tient ses promesses.
Face aux polémiques qui ont surgi après l’expérimentation dans certains restaurants Quick du nord de la France de ne servir que des hamburgers halal, le jeune chef d’entreprise défend son projet: séduire des clients de toutes origines en mariant les cultures occidentale et orientale. Le tout dans une ambiance «bobo» (bourgeois-bohème) et avec une bonne dose de marketing.
«Ma première cible, ce sont des musulmans de la classe moyenne, les +beurgeois+, qui sont occidentaux dans leur mode de vie, mais qui ne peuvent pas manger comme les autres parce que ce n’est pas halal», explique Rachid Bakhalq, passé par General Motors et Danone avant de se lancer dans son aventure.
A cette clientèle, il veut notamment proposer une gamme de produits du terroir français estampillés halal, comme du foie gras. Mais si sa supérette flambant neuve de 200 m2 est garantie 100% halal, avec une absence totale d’alcool et, par exemple, des bonbons sans gélatine porcine, de nombreux rayons ne sont pas directement concernés par le rite musulman. Epices, pâtisseries tunisiennes, olives, thé, confitures ou huile d’olive du Maroc sont là pour séduire ceux que l’entrepreneur qualifie de «touristes alimentaires».
«C’est mon autre cible, des +Mr et Mme Toutlemonde+ qui viendront chercher des produits originaux», explique M. Bakhalq. A l’ouverture du magasin, la clientèle était plutôt composée de mères de famille venues chercher, sans surprise, de la viande halal, mais aussi de retraités venus découvrir ce nouveau commerce, dans l’une des artères les plus animées de cette ville populaire et multiculturelle.
«C’est le premier magasin de ce type dans le quartier et on en avait besoin», explique Mina Boukhatem, 58 ans, tout sourire après avoir rempli son cabas de charcuterie. Même sentiment chez cette étudiante de 19 ans, Sabrina, venue avec sa mère. «Normalement, on prend la voiture pour aller à Argenteuil (à une dizaine de kms) et làbas, on est obligé de prendre en gros», explique-t-elle.
«Ici, c’est simple et en plus c’est accueillant». Après une visite de curiosité, Dominique, une femme de 50 ans, est repartie avec de la vanille, «pour faire (ses) cannelés bordelais». «Ca ne me gêne pas que ce soit halal. Je trouve les prix intéressants et puis c’est le monde dans lequel on vit», estimet-elle. Contrairement à Georgette, qui lâche: «il n’y a pas de porc.
Ils ne me verront pas souvent». De son côté, la mairie communiste de Nanterre trouve l’initiative plutôt positive. «Ce n’est pas excluant. On ne tombe pas dans le commerce communautaire», note Sophie Donzel, maire-adjointe chargée du commerce. Selon une étude du cabinet de conseil Solis, le chiffre d’affaires du secteur de l’alimentation halal, en constante augmentation, est évalué à 5,5 milliards d’euros en 2010 en France.
Par Andrea Bambino de l’AFP