La maison du parc de la Bergère, récemment renommée en l’honneur de Danielle Djamila Amrane-Minne, ancienne combattante pour l’Indépendance de l’Algérie, a été victime d’un incendie partiel dans la nuit du 4 au 5 août. Cet acte survient trois semaines après que des tags haineux aient été découverts sur le bâtiment.
Dans la nuit de lundi à mardi, la maison départementale du parc de la Bergère, située à Bobigny, a été en partie détruite par un incendie. Les premiers éléments de l’enquête suggèrent une origine criminelle, d’autant plus que le bâtiment a déjà été la cible de deux actes de vandalisme à caractère raciste au cours des dernières semaines. Le conseil départemental a porté plainte.
Le bâtiment, rebaptisé le 5 juillet en l’honneur de Danielle Djamila Amrane-Minne, universitaire, poétesse et ancienne militante du Front de libération nationale durant la Révolution algérienne, semble être la cible d’attaques en raison de son nouveau nom.
🟢 À LIRE AUSSI : Marseille en fête avec Kader Japonais et Amine Babylone : la droite française en colère
L’incendie a endommagé une partie de la terrasse en bois et a soufflé la vitrine de la devanture, exposant ainsi l’intérieur d’un bureau. D’après les photos consultées, le feu aurait pris sous le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne, qui avait déjà été tagué en noir sur la façade. Les pompiers ont rapidement maîtrisé l’incendie.
Par ailleurs, la maison départementale, qui abrite des associations, des expositions et qui sert de base aux gardiens du parc de Bobigny, restera fermée tout au long de l’enquête, les expertises et les travaux de rénovations.
Des actes de vandalisme à répétition
Ces dégradations s’inscrivent dans une série d’actes inquiétants. Le 19 juillet dernier, la façade du bâtiment avait été recouverte de croix celtiques et de slogans injurieux tels que « assassins » « et « terroristes« . Un panneau d’affichage avait également été vandalisé avec l’inscription « les Algériens dehors« . Une semaine plus tard, de nouveaux tags étaient apparus avant d’être nettoyés.
Suite à cet incendie, Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, ne doute pas que ces attaques s’inscrivent dans une démarche idéologique claire : « Après les messages haineux, ils passent à l’acte (…) l’extrême droite montre ici sa peur d’une Histoire qu’elle ne maîtrise pas, parce qu’elle ne correspond pas à ses récits figés ».
Née à Neuilly-Seur-Seine en 1939, Djamila Amrane-Minne était la fille de Jacqueline Netter et de Pierre Minne. Après s’être installée en Algérie avec sa famille en 1948, elle s’engage très jeune dans la lutte anticoloniale au sein du FLN.
Arrêtée en 1957 pour sa participation à l’attentat de la brasserie Otomatic à Alger, elle est emprisonnée et torturée avant d’être condamnée à sept ans de prison. Elle sera libérée en avril 1962, grâce aux accords d’Évian, juste avant l’Indépendance.
Après l’Indépendance, Djamila Amrane Minne devient universitaire et consacre ses recherches aux femmes combattantes de l’ALN, contribuant ainsi à faire connaître une partie de l’histoire longtemps ignorée. Honorer son nom sur un bâtiment public est un geste fort, qui vise à reconnaître les figures historiques des deux côtés de la Méditerranée. Cependant, pour certains, ce choix est inacceptable.
🟢 À LIRE AUSSI : L’influenceur algérien Imad Tintin reste en France : la justice annule son expulsion