Nicolas Sarkozy veut, au nom de sa politique de rupture, redessiner les relations de la France avec le monde arabe après trois années «d’errements et de dégâts» à l’Elysée.
«La France ne renoncera pas au projet de l’Union pour la Méditerranée, dont le fonctionnement se heurte depuis sa création le 13 juillet 2008, au blocage du processus de paix au Proche-Orient», déclare Nicolas Sarkozy.
Le report sine die des deux derniers sommets de l’UPM (le premier était prévu le 7 juin et le second le 21 novembre derniers) ne semble pas le décourager. «Tout le monde connaît les paramètres de la paix», affirme le président français ajoutant que ce blocage qui «dure depuis 10 ans n’a profité qu’à une catégorie de personnes, les extrémistes».
La raison de cette détermination ? Paris qui n’a pu réunir en octobre Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne et Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, pour préparer le sommet de Barcelone, veut jouer,n aux côtés des Etats-Unis, un rôle dans ce conflit. Elle juge même nécessaire une «réflexion» sur la méthode employée par Washington pour parvenir à un règlement.
«Je reste convaincu qu’il faut une approche plus politique, plus concertée, plus rapide et plus volontariste», dit-il dans un discours qu’il a prononcé lundi soir à l’Elysée, devant des hommes d’affaires et des diplomates des pays arabes, dont le Secrétaire général de La Ligue arabe, Amr Moussa, à l’occasion du 40e anniversaire de la Chambre de commerce franco-arabe. Un discours qui rappelle les deux allocutions prononcées par Barack Obama à l’attention du monde arabe et musulman en juin 2009, au Caire, et au début du mois à Djakarta, en Indonésie.
Présenté comme un ami de l’Etat hébreu, voire un relais de l’administration américaine en Europe par l’homme de la rue arabe, le président français a plaidé, en juin 2008, devant la Knesset, pour un gel total de la colonisation et pour le droit à la reconnaissance d’un Etat palestinien.
Au Maghreb, l’homme est attendu, depuis son arrivée à l’Elysée, sur sa capacité à ouvrir une nouvelle page en osant présenter des excuses officielles pour les méfaits du colonialisme français. Notamment en Algérie. La nomination de Michelle Alliot-Marie, une gaulliste, aux Affaires étrangères, un domaine réservé de l’Elysée, pourrait ouvrir de nouveaux horizons. Retour à «la politique arabe de la France» ?
Fin septembre, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’Union européenne et l’UPM devaient être parties prenantes au processus de paix. «Le rôle des Etats-Unis est irremplaçable mais il n’est pas suffisant pour faire avancer les choses», disait-il après avoir constaté qu’une tentative de relance des pourparlers des Américains s’est heurtée à la fin du moratoire israélien sur la construction de logements dans les territoires occupés. Sarkozy, qui a hissé l’UPM au rang d’«élément majeur de sa politique étrangère», promet de faire «tous les efforts pour relancer les négociations» car «la question du Proche-Orient» le préoccupe.
«Le blocage du processus de paix, je veux le dénoncer, parce que ce blocage empêche non seulement deux peuples-israélien et palestinien-de vivre normalement côte à côte en paix et en sécurité, mais de surcroît, il freine les efforts de développement de toute une région», déplore-t-il, soulignant la volonté de la France qui revendique le premier rang au Maghreb en matière d’investissements de renforcer son attractivité pour le monde arabe qui représente, avec ses 300 millions de consommateurs, 15% du commerce extérieur français (50 milliards d’euros par an) et de maîtriser les flux migratoires.