France : quand Darmanin expulse un Algérien malgré son acquittement

France : quand Darmanin expulse un Algérien malgré son acquittement

Dans le cadre de l’affaire des policiers agressés à Lyon, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmin, a décidé d’expulser un jeune sans-papiers algérien de 25 ans malgré sa disculpation.

Mercredi soir (20 juillet), dans le quartier de la Guillotière, à Lyon, trois policiers, qui tentaient d’interpeller une personne suspectée de vol à l’arraché, ont été pris à partie par une cinquantaine d’individus. La foule, comme le montre une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, a usé d’une multitude de moyens pour agresser les éléments des forces de l’ordre : coups, jet de projectiles, barres de fer, gaz lacrymogène. Deux des trois policiers ont été blessés.

Darmanin : « les délinquants étrangers n’ont pas leur place en France »

Dimanche 24 juillet, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que l’enquête des forces de l’ordre avait abouti à l’arrestation d’un « délinquant étranger ». Il s’agit d’un jeune homme en situation irrégulière d’origine algérienne. Le jour même, Gérald Darmanin a assuré, dans un tweet, que l’individu interpellé sera « placé en rétention » puis « expulsé », car « les délinquants étrangers n’ont pas leur place en France ».

Affaire des policiers agressés à Lyon, le jeune algérien « mis hors de cause »

Cependant, quelques heures après son interpellation et son placement en rétention sur instruction du ministre, le parquet de Lyon disculpe l’Algérien.

Sollicité par l’AFP, le parquet de Lyon a indiqué que « la personne placée en garde à vue hier (samedi) dans le cadre de l’enquête ouverte à Lyon du chef de violences à l’encontre de policiers place Gabriel-Peri le 20 juillet au soir, a été libérée ce jour ».

« Il s’avère en effet qu’elle a été totalement mise hors de cause dans le cadre des investigations menées. L’enquête se poursuit activement pour identifier, localiser et interpeller les auteurs des faits », précise le parquet.

Darmanin persiste dans sa décision d’expulser le jeune algérien

Dans un tweet posté dans l’après-midi du dimanche 24 juillet, soit après le communiqué du parquet qui disculpe le suspect, Darmanin réitère sa décision d’expulser le ressortissant algérien. « En lien avec les événements ou non, (il est) connu pour de nombreuses mises en cause : vol, violences, menace de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique, détention de drogues, violences en réunion… », a affirmé le ministre français de l’Intérieur. Il poursuit : « Cet individu n’a rien à faire dans notre pays qui est généreux si on le respecte ».

En réaction à la décision de Darmanin, le maire écologiste de Grenoble est monté au créneau. Dans un tweet publié dimanche, celui-ci accuse le ministre de l’Intérieur de « drague (r) ouvertement l’extrême droite en reprenant ses mots et ses idées » et de « passe (r) outre l’État de droit en prévoyant d’expulser un délinquant étranger sans attendre le résultat des investigations ». « Encore un symbole d’une dérive consternante et inquiétante », s’est-il indigné.