Capitaine de la honte en 2010, Patrice Evra joue un rôle positif dans ce groupe France 2014 sans avoir le brassard. Une influence saluée par ses coéquipiers, dont profite Didier Deschamps, qui en a fait son lieutenant.
Il y a quatre ans, presque jour pour jour (20 juin), il se transformait en meneur d’une bande de « caïds immatures ». Les mots d’une ministre des Sports qui n’allait pas passer à la postérité pour son action dans le domaine… Patrice Evra avait été nommé capitaine des Bleus un mois plus tôt, une décision qui semblait alors assez évidente et justifiée. Fier, impliqué, fédérateur. Le caractère du joueur de Manchester United semblait idéal pour porter cette responsabilité. Ces traits soulignés à l’excès à Knysna, le gamin des Ulis allait en fait devenir le paria. Mais l’ostracisme n’a duré que cinq matchs et il est revenu. Parce qu’il n’est « pas si facile de remplacer Evra », comme il l’avait lui-même dit. Parce que la concurrence n’en a pas profité.
Mais surtout parce que Patrice Evra est encore un homme qui compte dans le groupe France. Un appui pour Didier Deschamps, qui le connaît depuis 12 ans, quand il l’a recruté à l’AS Monaco. « C’est le relais de Didier, il prend parfois la parole après lui, confie un membre du staff. Il ne crie pas, il est clair, tranché quand il parle. Ça ne gêne pas le coach de voir qu’un mec parle derrière lui. Il le faisait avec Aimé Jacquet. » Un repère aussi pour les joueurs les moins expérimentés, du haut de ses dix ans chez les Bleus (59 sélections), 86 matchs de Ligue des champions et 273 de Premier League.
« C’est un joueur qui est très respecté et écouté dans le groupe, confirme Guy Stéphan, l’adjoint de ‘‘DD’’. D’ailleurs, les joueurs ont bien conscience de ce qu’il a fait à Manchester United. » A 33 ans, Patrice Evra est le patron du vestiaire de l’équipe de France. Respecté par les autres cadres, notamment le capitaine effectif Hugo Lloris, écouté et reconnu par les jeunes. Pour Loïc Rémy, il a même « le rôle le plus important de par son expérience, sa maturité ». « Il doit avoir un impact et il l’a, justement, rajoute l’attaquant de Newcastle. Il nous parle beaucoup. Il a ce rôle de grand frère. »
« Il est intouchable », selon l’un des Bleus
Olivier Giroud déçu de ne pas être titulaire contre le Honduras, Patrice Evra le remobilise. Paul Pogba au bord de l’expulsion lors de ce premier match de la Coupe du monde (3-0), Patrice Evra le recadre. Antoine Griezmann qui oublie de défendre ou de se libérer à l’entraînement, Patrice Evra le rappelle à l’ordre. « Pat, c’est le taulier de l’équipe, ne cache pas l’un des Bleus. C’est le mec le plus important du vestiaire, le plus influent. Il est toujours là pour donner des conseils. Il est apprécié par toute l’équipe quasiment. Il est intouchable. » Pour Paul Pogba, il est même un modèle. Et Patrice Evra ne se prive pas pour lui infliger un traitement particulier, lui demander de gagner en maturité. C’était déjà arrivé à la mi-temps de Biélorussie-France (2-4), en septembre dernier.
Patrice Evra n’est pas qu’un orateur efficace devant la presse, comme ce mercredi. Il l’est aussi à l’intérieur du groupe, dans les moments où le relâchement guette, où l’ambiance peut se gâter. « Il n’est pas le plus impressionnant (rires) de l’équipe, mais à table par exemple, quand il parle, on l’écoute. Il dégage quelque chose d’impressionnant », souligne l’un des Bleus. Patrice Evra ne court plus après le brassard. Ce n’est qu’un bout de tissu, après tout. Et il l’a fait basculer un jour du mauvais côté. En 2014, il n’a pas été choisi pour ce rôle. Mais s’est imposé. Naturellement.