France : L’Insee relève de nouveau sa prévision de croissance pour 2017

France : L’Insee relève de nouveau sa prévision de croissance pour 2017
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Une croissance jamais vue depuis 2011: l’Insee a de nouveau relevé sa prévision pour la France en 2017, à 1,9%, et anticipe un maintien de la cadence début 2018 qui ne fera toutefois que légèrement décroître le taux de chômage.
C’est la deuxième fois que l’institut statistique révise à la hausse sa prévision de croissance pour cette année. Tablant initialement sur 1,6%, il avait revu en octobre dernier ce chiffre, le faisant passer à 1,8%.
Dans sa note de conjoncture trimestrielle, l’organisme public a encore rehaussé sa prévision de 0,1 point, se montrant plus optimiste que le gouvernement, la Banque de France, la Commission européenne et les autres organismes internationaux.
« La croissance est installée depuis fin 2016 sur un rythme solide, d’environ 0,5% par trimestre », a commenté lors d’une conférence de presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’institut statistique. D’ici la mi-2018, « la France garderait cette cadence », a-t-il pronostiqué.
Dans le détail, le PIB devrait ainsi augmenter de 0,6% sur les trois derniers mois de l’année, puis progresser de 0,5% au premier trimestre 2018. Il devrait ensuite légèrement ralentir à 0,4% au deuxième trimestre.
A ce rythme, l’ »acquis de croissance » – c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l’activité ne progressait pas sur les deux derniers trimestres de 2018 – s’établirait à fin juin à 1,7%, laissant donc augurer un bon chiffre sur l’ensemble de l’année.
A l’origine de cette bonne cadence, l’optimisme des chefs d’entreprises: le climat des affaires a atteint en novembre son plus haut niveau depuis début 2008.
Outre la production qui devrait être dynamique, aussi bien dans l’industrie que les services, l’investissement des entreprises devrait rester particulièrement solide et progresser de 1,2% au dernier trimestre 2017, puis de 1,1% et 0,9% sur les deux trimestres suivants.
Calendrier fiscal à double tranchant 
L’Hexagone devrait aussi profiter en fin d’année d’une envolée des exportations, grâce à un rattrapage des ventes aéronautiques civiles, à de bonnes exportations agricoles et au redressement du tourisme après les attentats de 2015 et 2016.
Début 2018, les exportations aéronautiques devraient par contrecoup marquer le pas et les importations augmenter pour servir la demande intérieure. Mais selon l’organisme statistique, le commerce extérieur ne devrait plus peser négativement sur la croissance à mi-2018, ce qui serait du jamais vu depuis cinq ans.
En revanche, le pouvoir d’achat des ménages devrait pâtir début 2018 du regain d’inflation et « des effets du calendrier fiscal », selon l’Insee.
Les mesures défavorables au pouvoir d’achat (hausse de la CSG, de la fiscalité sur le tabac et les produits pétroliers) seront en effet concentrées sur le début d’année, tandis que les mesures favorables, en particulier la réduction de la taxe d’habitation, interviendront en fin d’année. De fait, la consommation des ménages devrait ralentir et progresser de seulement 0,3% par trimestre d’ici la mi-2018, après avoir augmenté de 0,6% au troisième trimestre 2017.  Et ce malgré l’accélération des revenus d’activités liée à la hausse des difficultés de recrutement des entreprises, qui n’hésitent pas à augmenter les salaires pour attirer ou conserver des salariés. Un paradoxe alors que le taux de chômage reste élevé. Ce dernier, qui avait augmenté au troisième trimestre de façon inattendue à 9,7% de la population active dans la France entière, devrait s’établir à mi-2018 à 9,4%. Une lente décrue, qui s’explique en particulier par la réduction du nombre de contrats aidés décidée par le gouvernement. Selon Dorian Roucher, chef de la section synthèse conjoncturelle à l’Insee, fin 2017, 38% des entreprises déclarent souffrir de difficultés de recrutement, « ce qui est une proportion inédite depuis 10 ans ».
« Ça suggère qu’il y a des capacités qui ont été détruites » au cours des dernières crises successives, aussi bien en actifs de production qu’en capital humain, a-t-il avancé.
Une étude Pôle emploi dévoilée mardi montre qu’entre 200.000 et 330.000 projets de recrutements ont été abandonnés « faute de candidats » en 2017.
Sur sa lancée, la croissance restera solide début 2018
La France devrait rester début 2018 sur sa lancée d’une croissance économique soutenue, à l’unisson de ses voisines européennes, accompagnée d’une baisse modérée du chômage, selon l’institut officiel Insee. « L’environnement mondial est resté porteur cet été et devrait le rester d’ici à l’horizon » de la mi-2018, a estimé mardi l’organisme dans une note de conjoncture, qui a relevé sa prévision de croissance 2017 à 1,9% (contre 1,8% auparavant). « La croissance est installée depuis fin 2016 sur un rythme solide, d’environ 0,5% par trimestre », a commenté lors d’une conférence de presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’institut statistique. D’ici à la mi-2018, « la France garderait cette cadence », a-t-il pronostiqué. La France s’inscrit dans la tendance de l’ensemble du globe. L’économie mondiale est en phase d’accélération, et l’Europe suit la cadence. La Banque centrale européenne a ainsi relevé la semaine dernière sa prévision de croissance de la zone euro pour 2018 à 2,3% (contre 1,8% lors de son estimation de septembre).
La croissance du Produit intérieur brut (PIB) français reste toutefois nettement inférieure à celle de la première économie de la zone euro, l’Allemagne (2,6% attendue par la banque centrale en 2017, puis 2,5% en 2018).
Portée par les entreprises (le climat des affaires a atteint en novembre son plus haut niveau depuis début 2008, production et investissement sont plutôt solides), la croissance française semble réduire sa dépendance à la consommation des ménages, son moteur traditionnel de ces dernières décennies.
D’autant que le pouvoir d’achat des ménages devrait début 2018 pâtir notamment du regain d’inflation et de certaines mesures du gouvernement d’Emmanuel Macron, comme la hausse de certaines taxes (d’autres mesures favorables aux ménages auront leur effet plutôt en fin d’année).
Favorable à Macron 
Un des points noirs de l’économie française, le chômage, devrait continuer à se résorber à un rythme lent. Son taux, qui avait augmenté au troisième trimestre de façon inattendue à 9,7% de la population active, devrait s’établir à mi-2018 à 9,4%, au plus bas depuis début 2012.
Le gouvernement souhaite, conformément à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, descendre à 7% de chômage d’ici à 2022, et il estime que l’ensemble des réformes qu’il a entamées en 2017 auront un plein effet réducteur sur le taux de chômage dans environ deux ans.
La tendance de croissance de l’économie française s’est mise en place depuis plusieurs trimestres, sous le précédent exécutif du président socialiste François Hollande, mais les effets les plus notables se concrétisent sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, lui créant un environnement favorable pour conduire sa politique, par ailleurs facilitée par l’affaiblissement général des différents partis d’opposition.
L’amélioration de la croissance lui permet aussi d’avoir plus de marge de manœuvre pour respecter ses engagements européens. Si la France parvient à repasser sous la barre d’un déficit public inférieur à 3% du PIB comme s’y est engagé Emmanuel Macron, Paris devrait en tirer un bonus de crédibilité en Europe, où Emmanuel Macron mène une politique très volontariste.
La France porte à Bruxelles plusieurs projets de réforme de la zone euro, comme la refonte des règles budgétaires ou la création d’un ministre européen des Finances, mais les débats sont actuellement freinés par les incertitudes politiques en Allemagne où la chancelière Angela Merkel peine à bâtir une majorité gouvernementale.
Mustapha S.