France-Libye,Les vraies raisons d’un mensonge

France-Libye,Les vraies raisons d’un mensonge
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Le nouveau Lawrence d’Arabie, est prompt à s’y appliquer. Reprenons le récit de BHL.

Bernard-Henri Lévy est fier de sa mission effectuée la semaine dernière en Libye. Il peut raconter à la presse que les combattants crient «Vive la France!».



Qu’est-ce qui manque aux hommes de djebel Nefousa pour descendre dans la vallée et marcher sur Tripoli? «Le feu vert de l’Otan», dit Oussama Djewel, un haut gradé dans les rangs de la rébellion libyenne. Ce serait un plan idéal, «avec le renfort de Misrata dont les troupes, à l’est, prendront, avec eux, la capitale en tenailles». Toutes ces informations sont rapportées par le Journal du Dimanche auquel Bernard-Henri Lévy a confié le récit de son voyage en Libye. Arrêtons les extraits à ce niveau pour l’instant. Que révèlent ces descriptions? D’abord, qu’il y a effectivement une mainmise étrangère sur les rebelles et qu’ensuite, l’objectif de l’expédition en Libye vise la chute du colonel El Gueddafi et non seulement la protection des populations civiles comme l’autorisaient les Nations unies.

Mais cet objectif immédiat cache mal d’autres desseins beaucoup plus stratégiques. Ce sont les réserves pétrolières de la Libye qui font courir la France. Lorsqu’elle avait perdu l’Algérie, elle s’est tournée vers le Gabon et la Côte d’Ivoire pour s’assurer en approvisionnements énergétiques. A présent, elle jette son dévolu sur la Libye et ça fait des étincelles. Voilà une partie du secret.

Mais pas tout le secret. En installant à Tripoli une équipe à sa botte, dans le plus pur style de la Françafrique, l’Elysée veut que le futur régime en Libye soit la copie conforme de ceux qui existent au Gabon ou en Côte d’Ivoire où la France continue de se conduire en pays conquis. L’autre élément qui émerge de cette analyse est le fait que Paris veut étendre à tout prix son aire d’influence à toute l’Afrique du Nord en plus de ses anciennes colonies. Mais dans cette histoire, il y a aussi le beurre et l’argent du beurre.

La France qui aura joué un rôle capital dans l’avènement d’un nouveau régime en Libye dont elle choisira les futurs dirigeants, met la main sur le magot: le pétrole libyen dont Total, comme ELF, dans l’ancien temps se chargeront. Cela sans compter la reconstruction d’un pays dont près de 80% des infrastructures sont détruites. Encore un marché juteux pour les sociétés françaises sans compter le fait que la Libye constituera un marché pour les produits français. Tout ce scénario inquiète les voisins. Tunisie, Algérie et Niger ont tôt fait de souhaiter une solution politique et rapide du conflit. L’une des dernières manifestations de cette conviction a eu lieu lors de la visite du ministre tunisien des Affaires étrangères à Alger.

«La solution militaire ne sert ni la Libye ni ses voisins algériens et tunisiens car elle comporte des dangers. L’accord obtenu à Malabo est le cadre idoine pour parvenir à une solution pacifique», avait-t-il expliqué à l’issue d’entretiens avec son homologue Mourad Medelci. Mais cette position déplaît au CNT qui continue de distiller ses accusations à destination d’Alger. Sans s’attarder sur les leçons d’histoire. Car le Conseil ne voit aucune gêne à faire appel à l’Otan, cette Alliance qui a prêté main forte à la France lors de la colonisation de l’Algérie et qui a été combattue par l’ALN. La France et l’Otan s’invitent pour s’installer durablement au Maghreb? D’autres entités nourrissent les mêmes espoirs. Des informations ont circulé sur le désir de l’Etat hébreu d’entretenir de nouveaux foyers de tension jusqu’à nos frontières. Et d’installer, pourquoi pas? chez les éventuels successeurs d’El Gueddafi, une base militaire. Le CNT aura alors plusieurs maîtres. Bernard Henri-Lévy, le nouveau Lawrence d’Arabie, est prompt à s’y appliquer. Reprenons le récit de BHL.

«C’est l’heure des adieux et je suis là, en train de m’engager à me faire l’écho, à mon retour, mais auprès de l’opinion et des institutions de mon pays, de cette volonté unitaire et de cette détermination à vaincre». L’opinion et les institutions de son pays sont-elles à ce point pressées de sceller le sort de tout un peuple, sans d’ailleurs évoquer aucune légitimité pour ce faire, hormis celle, qui n’est pas si subliminale que ça, du néocolonialisme? Le philosophe est rentré à partir de la Tunisie non sans souhaiter l’avènement d’une Libye «libre». Pour être, tout de suite après réoccupée.