A l’approche de la présidentielle, Nicolas Sarkozy traverse une passe calamiteuse, la pire de son mandat.
Cette phase est marquée par les revers électoraux, les sondages défaitistes et les affaires judiciaires qui font tomber ses proches les uns après les autres. Dans un rare tir groupé, les hebdomadaires français décrivent, cette fin de semaine, l’ambiance sinistre qui frappe sa majorité de droite : «Un parfum de fin de règne» pour Le Point (centre droit) ou «Les coulisses d’une fin de règne» pour Le Nouvel Observateur (centre gauche), tandis que Marianne (centre gauche) voit Nicolas Sarkozy comme «Le boulet» de son camp.
La droite, au pouvoir depuis 2002 et sous la présidence de Nicolas Sarkozy depuis 2007, s’apprête de plus à vivre ce samedi un nouveau moment douloureux. Un socialiste, Jean-Pierre Bel, devrait s’emparer de la présidence du Sénat, conséquence de l’humiliation subie par la majorité aux élections sénatoriales de dimanche dernier. Le Sénat était, depuis 1958, une chasse gardée de la droite, protégée par un mode de scrutin et un découpage électoral sur mesure.
Face à ces échecs, l’unité de la majorité se craquelle, au point que l’hypothèse d’une non-candidature de M. Sarkozy à l’élection présidentielle d’avril et mai prochains est évoquée par certains de ses membres. Nicolas Sarkozy est touché de plein fouet par les épisodes judiciaires de «la République des mallettes», une succession de dossiers mêlant corruption et financement politique illégal. L’affaire des contrats de vente d’armes au Pakistan et à l’Arabie saoudite refait surface. Deux proches du président Sarkozy ont été également mis en examen (inculpés) dans cette affaire, soupçonnés pour l’un d’avoir été chercher des valises de billets en Suisse et l’autre de les avoir réceptionnées.
Aussi trois fidèles du président, un procureur et deux policiers de haut vol, seraient-ils impliqués dans l’espionnage des communications téléphoniques de journalistes du quotidien Le Monde, qui enquêtaient sur une autre affaire embarrassante liée à la milliardaire Liliane Bettencourt. Même l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, très proche de Nicolas Sarkozy, a été entendu dans l’enquête ouverte par le parquet de Paris pour violation de secret professionnel et recel après la divulgation de conversations avec un ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, mis en examen (inculpé) la semaine dernière dans l’affaire pakistanaise, potentiellement explosive pour le chef de l’Etat.
Par ailleurs, trois responsables policiers étaient hier en garde à vue, au lendemain de l’interpellation du chef adjoint de la police de Lyon, dans le cadre d’une enquête pour corruption, trafic international de stupéfiants et blanchiment d’argent. Selon les observateurs, d’autres affaires scandaleuses pourraient éclater ces jours-ci, ce qui affaiblira davantage la popularité de Sarkozy, pouvant même le pousser à renoncer à une candidature pour les prochaines élections.
R. I. / AFP