France : Le rapport de Benjamin Stora pointé du doigt 

France : Le rapport de Benjamin Stora pointé du doigt 

Depuis son apparition, le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » a suscité beaucoup de réactions et de critiques en Algérie mais aussi en France.

Remis au Président français Emmanuel Macron mercredi passé, le rapport de l’historien Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » continue à faire couler beaucoup d’encre et à susciter beaucoup de critiques en Algérie et en France.

Pour le politologue et historien français Olivier Le Cour Grandmaison, le rapport de Stora est passé à côté de deux points essentiels, d’abord la question de l’accès aux archives où il a préconisé l’application de la loi de 2008 sans évoquer les dispositions actuelles qui constituent une atteinte à la liberté de la recherche.

Ensuite, l’historien Le Cour Grandmaison a mentionné le second point qui n’est autre que la question des crimes coloniaux. En effet, dans son rapport, Stora n’a pas recommandé la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France en Algérie depuis le début de la conquête sauvage et barbare entamée dès 1830.

Le Cour Grandmaison n’a pas manqué de souligner que Benjamin Stora n’a pas employé la qualification « crie de guerre » dans son rapport, notant qu’il a qualifié les massacres du 17 octobre 1961 à Paris de « répression ».

Par ailleurs, le politologue a estimé que le Président Macron doit redire « haut et fort » ce qu’il avait déclaré alors qu’il était candidat à la présidentielle, à savoir, que « la colonisation était un crime contre l’humanité ».

« La colonisation algérienne, ne ressemble à aucune autre colonisation »

Pour sa part, le journaliste politique français Jean-Michel Aphatie a insisté sur le fait que la France doit présenter ses excuses à l’Algérie pour toutes ces années de colonisation qui, selon lui, « ne ressemble à aucune autre colonisation ».

Intervenant sur un plateau de télévision, Jean-Michel Aphatie a rappelé que, depuis 1830, la conquête de l’Algérie a été très violente. « On a volé les terres aux Algériens, on a empêché la scolarisation de cinq générations d’Algériens, condamnés à l’ignorance et à l’analphabétisme. On a lancé du napalm sur des villages algériens », a-t-il encore souligné.

En marge de ces déclarations, le journaliste politique est revenu sur le caractère sanguinaire du maréchal Bugeaud et l’a qualifié de « boucher », estimant qu’il est scandaleux qu’aujourd’hui une avenue porte son nom à Paris et honore sa mémoire alors qu’il avait commis d’atroces crimes en Algérie.

Les Harkis dénoncent le « minimalisme » de Stora dans son rapport

Le rapport de Stora a également été dénoncé par le Comité national de liaison des Harkis (CNLH) , qui l’a accusé de « minimalisme ». « L’historien minimaliste s’est abstenu de tout débat ou avis contradictoire, pourtant nécessaire en démocratie », a indiqué le CNLH dans son communiqué. Cette réaction intervient suite à la recommandation de Stora concernant les Harkis.

En effet, l’historien a préconisé de « voir avec les autorités algériennes la possibilité de faciliter les déplacements des Harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie ». « Cet effroyable drame humain et national ne saurait être occulté, c’est le sens de notre combat pour qu’enfin une page se tourne et que le travail mémoriel des deux côtés de la Méditerranée commence, en vue de la réconciliation des peuples, dans l’intérêt des générations présentes et futures », a encore souligné le communiqué.