Celine Agniel Et Sarah Brethes (Afp)

Policiers débordés
«C’est n’importe quoi, on n’a pas d’ordre», peste alors un policier casqué, bras au ciel.
La situation dégénère ensuite très rapidement : des jeunes gens au visage souvent masqué par des foulards et capuches, disséminés dans le cortège, font face aux forces de l’ordre, essayant d’aller au contact. Tirs de grenades lacrymogènes et jet puissant des canons à eau répondent aux tirs de mortiers d’artifice et jets de projectile de toutes sortes : bouteilles, pavés, planches… La place est envahie par les fumées irritantes.
Les manifestants fuient dans les rues adjacentes ou reculent vers l’Arc de Triomphe, en haut des Champs-Elysées. «On vient juste manifester pacifiquement et on se fait gazer… On voit comment on est reçu à Paris!», lâche avec dépit Christophe, 49 ans, venu avec son épouse depuis l’Est de la France.
Derrière le couple, les explosions de grenades, de pétards, de mortiers se succèdent, les canons à eau repoussent la foule. Des barrières métalliques de chantier sont arrachées pour servir de barricades improvisées au milieu de «la plus belle avenue du monde». Des projectiles pleuvent sur les casques et boucliers des policiers anti-émeutes ou gendarmes mobiles.
Ces derniers chargent à plusieurs reprises. Franck, 54 ans, un ex-commercial au chômage depuis quelques mois, venu de la banlieue nord de Paris, semble déçu par la mobilisation, plus faible que le week-end dernier. «On devrait être beaucoup plus nombreux à montrer notre mécontentement par rapport à ce que fait le gouvernement. (Emmanuel Macron ne) laisse pas parler les Français, il fait de la dictature ni plus ni moins«, ajoute le quinquagénaire, pancarte faisant allusion à la révolution française de 1789 sur l’épaule. Plus bas sur l’avenue, une cabine de chantier renversée sur la chaussée brûle.
Une terrasse couverte d’une chaîne de boulangerie s’enflamme à son tour. C’est l’un des rares commerces de l’avenue qui sera touché.