Des titres de la presse française ont dénoncé mardi l’incident à “caractère raciste”, mettant en cause des personnalités israéliennes de premier plan, qui s’est produit récemment à la Gare du nord (Paris) à bord du train Thalys, en provenance de Bruxelles (Belgique), avec à son bord le président israélien Shimon Peres, en visite officielle à Paris.
L’accès du train a été interdit au chef de bord qui était noir et un conducteur d’un autre train, de confession musulmane, a été empêché de rejoindre son poste, ont précisé ces journaux. Le président israélien Shimon Peres “aurait exigé” de la Sncf “un tri” des salariés sur des critères d’”origine raciste”, pour accueillir les délégation israéliennes et s’occuper de leurs bagages , rapporte l’Humanité qui déplore que la Société nationale du chemin de fer ait pu accepter “sans broncher” les prescriptions “odieuses” des autorités israéliennes.
“Une sélection discriminatoire”
Selon le journal, la Sncf (Société nationale du chemin de fer) aurait procédé à “une sélection discriminatoire” des employés de sa filiale Itiremia, chargé des voyages collectifs, du transport des bagages et de la sécurisation des voies “afin d’en écarter les personnes de couleur et/ou d’origine maghrébine et musulmane”. “A la question de savoir qui avait transmis ses instructions, le responsable de site a répondu aux salariés, dans un premier temps, que cela venait du protocole de la gare du Nord, puis de l’ambassade d’Israël, puis que cela venait du ministère de l’Intérieur et de l’ambassade d’Israël”, écrit le syndicat SUD rail, dans un communiqué repris par la presse.
“La veille, le responsable de site s’était lancé dans un étrange marché au sein du personnel, excluant les Noirs et [les] Arabes, car il ne fallait pas de salariés musulmans pour accueillir le chef d’État israélien”, rapporte de son côté le Point sur son Site, citant un communiqué du syndicat Sud-Rail. “Pour cette mission, les consignes ont été très claires : il ne fallait ni Noirs ni Arabes”, confirme au Point, Zachée Lapée, représentant du personnel au conseil d’administration d’Itiremia.
Selon SUD-Rail, une enquête du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) est actuellement en cours. Selon Yacine Chaoui, membre de cette commission d’enquête cité par “Le Point”, “quelques jours avant le 8 mars, on disait pas de Noirs et pas d’Arabes. Ensuite, au plus près de l’échéance, c’est devenu pas de musulmans.”
Situation embarrassante
Selon l’hebdomadaire, “le management de la filiale de la SNCF a opéré dès le 6 mars un changement de planning afin qu’aucun salarié musulman ne se retrouve au contact de la délégation israélienne en provenance de Bruxelles à 10h35. En revanche, personne ne connaît avec certitude la chaîne des responsabilités qui a abouti à cette décision”.
Selon le “Daily Mail”, la SNCF aurait d’abord laissé entendre qu’il s’agissait d’une consigne du ministère de l’Intérieur, puis de la délégation israélienne. Ce que les deux démentent. Le média souligne une situation “particulièrement embarrassante pour la SNCF, au vu du rôle qu’elle a joué dans l’extermination des Juifs et d’autres minorités pendant la Seconde Guerre mondiale”.
“Des requêtes racistes et xénophobes”
Gilbert Garrel, secrétaire général de la fédération, souligné de son côté que c’est “les valeurs républicaines et la législation française qui ont été bafouées volontairement pour répondre à des requêtes racistes et xénophobes”. Selon SUD rail, une pétition a été envoyée par les salariés d’Itiremia de Paris Nord à leur direction, “lui rappelant qu’Itiremia et la Sncf étaient signataires de la charte de la diversité”. Une réunion extraordinaire du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail), a été convoquée le 25 mars dernier, au cours de laquelle le directeur d’Itiremia –également président du CHSCT– a confirmé que “les critères de choix pour accueillir Shimon Peres avaient été effectués en fonction de l’apparence des salariés”, rapporte SUD rail.
La CGT, de son côté, a demandé l’ouverture d’une enquête interne “dans les plus brefs délais”, exhortant la direction de la Sncf à assumer “ses pleines et entières responsabilités, à “s’excuser publiquement” et à «prendre les dispositions nécessaires pour que plus jamais de tels actes discriminants et humiliants ne se reproduisent”, si les faits sont avérés.
“Les Noirs, Les Arabes, les Musulmans sont vos successeurs directs dans l’ordre de la stigmatisation, vous, les Juifs, qui n’avaient cessé des siècles durant, à être persécutés parce que Juifs”, a écrit pour sa part l’écrivain et journaliste, René Naba, spécialiste du monde arabe dans une tribune sur le site Mondialisation.ca en réaction à cet incident. “Noirs, Arabes, Musulmans, quatre cent mille d’entre eux ont combattu durant la 2eme Guerre mondiale (en 1939-1945) pour libérer la France du joug nazi, vos bourreaux et tortionnaires”, a-t-il ajouté. (Avec Agences))