France: Des enfants enfermés dans des lits-cages et surveillés par Skype… depuis l’Algérie

France: Des enfants enfermés dans des lits-cages et surveillés par Skype… depuis l’Algérie

Les juges français ne disposent pas de marteau. Alors, pour marquer son agacement, la président Audrey Bailleul tape du poing sur le pupitre. «  Vous allez répondre à la fin ?  » s’emporte la magistrate. Tout comme la procureure Laurence Le Gall, la magistrate est effarée par le dossier ouvert face à elle.

Le 26 septembre dernier, un habitant de Wattrelos appelle la police. L’homme a été sollicité pour ramener deux enfants de ses voisins de l’école. À peine entré dans l’appartement, il a été interpellé par l’étrange organisation des lieux. À part le séjour et une salle d’eau, toutes les pièces sont fermées à clé. Or, dans l’une d’elles, on entend clairement un tout-petit. Quand les voisins sont parvenus à franchir la porte, ils ont trouvé un bébé de deux ans dans un lit-cage. Sans eau et sans surveillance.

Le relais est très vite pris par les policiers de la brigade des mineurs. Les enfants de ce foyer présentent très clairement des carences à différents niveaux. Âgé de trois ans, le deuxième ne marche pas encore. Avec son petit frère, deux ans, il présente un strabisme important qui n’a visiblement jamais été soigné. Enfin, pour toute nourriture, les fonctionnaires ne dénichent, dans le logement, que des biscuits et du yaourt liquide. L’aînée, 8 ans, dispose d’une couverture pour «  dormir par terre  ». «  En revanche, le salon est impeccable, s’aperçoit la présidente. On a l’impression que jamais personne ne s’est assis sur le canapé.  » D’où sa colère face aux parents.

Face aux policiers, le couple admet de graves négligences dues, dit-il, à des cumuls d’emplois et à un manque de disponibilité. Les parents évoquent même un mode de garde inattendu. C’est un proche qui surveille les enfants… en utilisant l’application Skype alors qu’il se trouve en Algérie !

Dans le prétoire, volte-face. Défendu par Charles Cogniot et Patrick Lambert, le duo revient totalement sur ses aveux. «  Vos enfants présentent des carences, les reprend la procureure Laurence Le Gall. En fer, en différentes vitamines… Leur suivi médical s’est arrêté en 2014.  »

Depuis la découverte des faits, les enfants ont été placés. La fille, âgée 8 ans, ne veut pas que ses parents aient sa nouvelle adresse, précise, pour sa part, une administratrice ad hoc. «  Son frère s’est tellement déformé le palais en suçant son pouce qu’il ne peut plus fermer la bouche.  » Sanction des juges : dix mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pour le calvaire subi par le petit dernier. Seuls les faits concernant le benjamin ont été sanctionnés car le dossier présentait un défaut. Le parquet devrait donc lancer de nouvelles poursuites concernant les aînés.