« France – Algérie de Bugeaud à Retailleau », la mémoire coloniale au cœur d’un débat ce 3 octobre

« France – Algérie de Bugeaud à Retailleau », la mémoire coloniale au cœur d’un débat ce 3 octobre
Retailleau – Bugeaud

Alors que les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie persistent, le débat sur la mémoire coloniale refait surface avec force. Loin des postures politiques habituelles, une rencontre interactive se tiendra le 3 octobre à 20 heures, proposant une analyse historique et critique des pratiques coloniales françaises en Algérie.

Intitulé « La France et l’Algérie de Bugeaud à Retailleau », cet événement organisé par l’Association pour l’Histoire Coloniale et Post-Coloniale se veut une confrontation intellectuelle entre le passé et le présent. Les historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi, tous deux historiens du colonial et membres de la rédaction d’histoirecoloniale.net, échangeront sur ces questions.

À l’origine de cette initiative, la récente polémique autour des propos de l’historien et journaliste Jean-Michel Aphatie, qui a comparé les massacres en Algérie à celui d’Oradour-sur-Glane, commis par l’Allemagne nazie.

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Cette déclaration, loin d’être un simple raccourci historique, a mis en lumière un « déni national » persistant, selon les organisateurs. Elle a également ravivé des tentatives de réhabilitation du colonialisme, un phénomène que les historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi entendent décrypter lors de cette rencontre.

Les historiens Fabrice Riceputi et Alain Ruscio lors d’une conférence commune en 2024 à Toul sur la torture en Algérie. Source : histoirecoloniale.net

Quand l’histoire coloniale s’invite dans l’actualité politique française

L’événement s’articulera autour de deux figures emblématiques, séparées par le temps, mais unies par la controverse qu’elles suscitent. La première, le maréchal Thomas-Robert Bugeaud, est un nom indissociable de la colonisation brutale de l’Algérie.

Gouverneur général, il a mené une répression sanglante et est considéré comme l’un des artisans des massacres et de la soumission des populations locales. Il incarne la violence fondatrice de la colonisation.

La seconde figure est celle du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Bien que n’ayant pas de lien direct avec l’époque coloniale, il est présenté comme le symbole d’une mouvance politique obsédée par la nostalgie de « l’Algérie française ».

Ses positions intransigeantes à l’égard de l’Algérie et des Algériens lui ont valu le soutien de certains cercles politiques qui regrettent amèrement la perte de ce territoire, jadis symbolisé par le slogan « La France de Dunkerque à Tamanrasset ».

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L’événement, qui prend la forme d’un « Vidéo-Tchat interactif », permettra de mettre en perspective les doctrines coloniales de Bugeaud et les positions actuelles de Retailleau. Les organisateurs estiment que, malgré l’écart historique, les réflexions et les idéologies de ces deux figures trouvent un écho troublant dans les débats contemporains.

Les propos de Jean-Michel Aphatie, qui avait pointé du doigt la nécessité pour la France de s’excuser pour « 130 ans de massacres, de meurtres, d’appauvrissement », serviront de point de départ à une discussion qui promet d’être passionnante.

La polémique qui a contraint Jean-Michel Aphatie à démissionner de son poste à Europe 1 a illustré la fragilité du débat public sur ces questions.