Fraîchement installé à la tête de Sonatrach : Quelle marge de manœuvre pour Saïd Sahnoune ?

Fraîchement installé à la tête de Sonatrach : Quelle marge de manœuvre pour Saïd Sahnoune ?

Saïd Sahnoune, brillant technicien, fin connaisseur du domaine de l’exploration, va s’atteler à rendre attractif le secteur des hydrocarbures.

Le vice-président chargé de l’Amont à Sonatrach, Saïd Sahnoune, a été installé, dimanche 27 juillet, dans ses nouvelles fonctions, en remplacement de Abdelhamid Zerguine, limogé. Il l’a été au cours d’une cérémonie de passation de consignes qui s’est déroulée au siège du ministère de l’énergie et des Mines et non pas au siège de la compagnie nationale d’hydrocarbures. Saïd Sahnoune est le 9e P-DG de Sonatrach en l’espace de quinze ans.

Il prend les commandes d’une compagnie à l’image écornée dans une conjoncture locale un peu particulière, marquée par une production pétrolière et gazière qui décline, un secteur pétrolier qui s’émousse et des importations de biens alimentaires et de services qui augmentent dangereusement. Il hérite ainsi d’une situation difficile. Réussirait-il à la restaurer, à l’infléchir ? Saïd M. Sahnoune, brillant technicien, fin connaisseur du domaine de l’exploration, va s’atteler à rendre attractif le secteur des hydrocarbures.

Et le quatrième avis d’appel d’offres international, lancé début 2014, mettant en compétition un ensemble de blocs d’hydrocarbures, dont une partie concerne le non-conventionnel, aura valeur de test, pour la branche exploration. Sonatrach dispose de gisements vieillissants qui produisaient à plein régime. Actuellement, ils se mettent à décroître. Aussi, y a-t-il nécessité de les booster, et les moyens techniques, technologiques et financiers existent, pour le faire, tout en intensifiant l’effort de l’exploration.

Le nouveau P-DG du Groupe ne va certainement pas revoir à la baisse le volume des investissements établi par son prédécesseur : 42 milliards de dollars injectés dans l’amont pétrolier et gazier pour augmenter la production à 225 millions de Tep (Tonne équivalent pétrole) en 2018. Sur le moyen terme, la compagnie nationale va mettre sur la table plus de 100 milliards de dollars dont plus de 22 milliards de dollars, sur la période 2014-2018, consacrés au gaz naturel. Saïd Sahnoune aura également à relancer la filière de la pétrochimie, et de diminuer l’importation de carburants. Cinq nouvelles raffineries seront construites en Algérie, elles coûteront environ dix milliards de dollars.

Saïd Sahnoune aura, par ailleurs, la lourde tâche de mettre de la souplesse dans la prise de décision à Sonatrach. La haute hiérarchie de la compagnie semble tétanisée par le scandale de 2009 et cela n’est pas sans conséquence sur la bonne marche des projets, sur l’efficacité managériale. Bien de projets avaient été mis en veilleuse ou repoussé, parce que la décision qui s’y rapporte, n’était pas arrivée à maturité ou ne trouvait pas consensus. Cela est appelé à changer et le nouveau patron de Sonatrach ne veut pas d’une réorganisation minimaliste pour le faire.

Mais le peut-il ? Aura-t-il de la marge ? Abderrahmane Mebtoul, expert international en management, nous livre son point de vue sur le sujet, estimant que la situation actuelle rend de plus en plus “urgent le management stratégique” de Sonatrach. Il parle de la nécessité de transparence, de démarche scientifique, d’interactions et d’efficience… L’organisation actuelle, la compagnie nationale doit s’en affranchir en optant pour un modèle de gestion moderne comme on en trouve dans de nombreuses compagnies internationales.

Pour Mebtoul, il faut un système d’organisation basé sur “des réseaux”, en rupture avec les méthodes surannées, incluant la “gestion du partenariat”. Et élément essentiel dans le management : une gestion rationnelle des ressources humaines, une implication des cadres et un dialogue constructif permanent avec l’ensemble des travailleurs.

Y. S.