Forum France-Algérie: Les candidats à la présidentielle interpellés

Forum France-Algérie: Les candidats à la présidentielle interpellés

Au moment où Sarkozy et son inénarrable ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, s’enferme dans un discours électoraliste des plus xénophobe, pour ne pas dire nauséabond, le forum France-Algérie (FFA), qui regroupe des personnes et des organisations activant pour la promotion de la place des Franco-Algériens dans la société française, interpelle les candidats à la présidentielle en France sur diverses questions, notamment sur celle relative à la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux.

À travers un questionnaire destiné à ces candidats, le FFA veut attirer l’attention et éclairer le débat électoral sur un certain nombre de thèmes qu’il souhaite mettre en avant, dont celui de la mémoire. Sur cette question, l’association affirme que la France «se doit de reconnaître que sa politique coloniale a été menée en contradiction avec ses principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité».

«La reconnaissance des fautes et crimes commis, durant la période coloniale, permettrait à notre pays de faire une fois pour toutes le deuil de l’épisode algérien, tout en se projetant vers le futur», ajoutent-ils. Le FFA appelle à la reconnaissance des crimes d’État sur le sol français en 1961-62, désignant la répression sanglante des Algériens, lors de la manifestation du 17-Octobre 1961 à Paris et de celle du 8 février 1962, au métro Charonne, contre les crimes de l’OAS et pour la paix en Algérie.

Le FFA réclame également la restitution des archives, affirmant qu’en 1962 la France a quitté l’Algérie, en emportant les archives civiles du pays, contraignant, ainsi, les autorités algériennes à un épuisant travail de reconstitution et rendant plus difficile la mise en place de l’administration du territoire libéré. Les candidats à la présidentielle sont aussi interpellés sur la diversité et la cohésion nationale en France. À ce titre, le FFA estime que la France peine encore à reconnaître la diversité de sa population dans toutes ses dimensions (ethnique, culturelle, religieuse, etc.).

«Une partie des élites n’hésite pas à miner la cohésion nationale au profit d’objectifs opportunistes de court terme, en stigmatisant une partie des Français et des immigrés ou en attisant la peur de l’islam», observe-t-il, demandant aux candidats à la magistrature suprême quelles mesures prendraient-ils pour renforcer la cohésion nationale et lutter contre la stigmatisation, dont sont victimes en particulier les Franco-Maghrébins. L’Association évoque également une «discrimination» à l’emploi, signalant que la population d’origine maghrébine et africaine subsaharienne est particulièrement touchée par la discrimination à l’emploi.

Elle cite, à cet effet, une étude du BIT, publiée en 2007, qui indique que sur 2 440 offres d’emploi, la candidature d’un Français d’origine européenne a été préférée près de 4 fois sur 5 à celle d’une personne d’origine maghrébine ou noire africaine. Seuls 11% des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux types de candidats. Au chapitre de la citoyenneté et de la représentation politique, le FFA relève que les dernières élections régionales ont mis en lumière le taux d’abstention particulièrement élevé des populations vivant en périphérie urbaine.

Pour lui, cela n’a rien de surprenant car, explique-t-il, quelle que soit la couleur politique du gouvernement, la condition des populations et les représentations institutionnelles de ces territoires ne cessent de se dégrader.

Parmi ces populations, les Français d’origine non européenne et les immigrés sont particulièrement touchés, signale le FFA, pour qui deux phénomènes étroitement liés semblent expliquer ce processus : la sous-représentation politique de ces populations et leur exclusion des processus de décision les concernant.

S’agissant de l’islam et de la laïcité, le FFA dénonce les tentatives de dépeindre l’islam comme une «menace» à la laïcité et aux valeurs traditionnelles de la France. Il met en garde contre les attitudes de «stigmatisation des musulmans français qui ont pour effet de rejeter ces derniers hors de la communauté nationale et de les pousser à privilégier l’identification à la ouma (communauté des musulmans), affaiblissant par la même la cohésion nationale».

Dans son questionnaire aux candidats à la présidentielle, le FFA a soumis des propositions qu’il souhaite voir insérées dans leur programme électoral. Parmi celles-ci, l’organisation d’une campagne nationale dans tous les médias sur la reconnaissance de la diversité avec une implication «forte» du chef de l’État. Concernant l’islam, il estime que «la reconnaissance de la culture musulmane au sein de l’identité française est un point névralgique pour l’avenir collectif».

M. B.