C’est ainsi que Mohamed-Seghir Babès a qualifié ce rendez-vous qui sera l’occasion d’une évaluation du chemin parcouru sur la voie du développement depuis l’Indépendance tout en traçant aussi les perspectives d’avenir du pays.
Deux années, presque jour pour jour, après les assises de la société civile, organisées la mi-juin 2011 au Palais des nations, dont les recommandations ayant découlé peinent pourtant toujours à être mises en application, le Cnes de Mohamed-Seghir Babès ne se décourage pas pour appeler à l’organisation, à partir de mardi prochain dans le même Palais des nations, d’une rencontre similaire, cette fois-ci sous l’intitulé : “Forum économique et sociale du Cinquantenaire”. Cette rencontre tout comme celle de 2011, coïncidant alors avec le “déclenchement” du Printemps arabe sont recommandées par le président de la République, rappelle le patron du Cnes. Une question s’impose : en quoi servira cette énième rencontre quand on sait presqu’à l’avance le sort des recommandations qui, comme celles des assises de la société civile, finiront dans les tiroirs cadenassés d’une administration plus que jamais gangrenée par la bureaucratie, de l’avis même de Babès ? Ne risque-t-on pas donc de faire dans la répétition ? Si Mohamed-Seghir Babès a avoué toute la difficulté à faire appliquer les recommandations issues des assises sur la société civile, qui, révèle-t-il, sont restées depuis otages de certains bureaucrates, il reste tout de même convaincu que ce genre de rencontres revêt une importance capitale pour notre pays, en quête d’un développement durable.
“Certes, c’est un combat titanesque ; c’est un grand défi que de tirer notre pays vers le développement durable avec une économie diversifiée, qui ne doit plus se reposer uniquement sur la rente pétrolière, de réduire les écarts, les atavismes et les pesanteurs. Mais, notre démarche se veut comme une prise de responsabilité collective, et non pas une approche de faux semblants”, a tempéré le patron du Cnes lors d’une rencontre avec les représentants des médias nationaux, tenue dans la soirée d’avant-hier à la résidence d’État Djenane El-Mitaq. M. Babès entend faire de ce rendez-vous “une pause-arrêt sur image”, pour, dit-il, tenter d’abord de “débusquer les niches où logent les distorsions et autres dysfonctionnements freinant encore le développement de notre économie”.
Ensuite, ajoute-t-il, “on œuvrera à tordre le cou à ces distorsions”. D’où les 5 grands axes de ce forum, qui se tiendra les 18, 19 et 20 juin, définis dans un document préalable préparé par le bureau du Cnes, si c’en est encore un, car, faut-il le préciser, M. Babès est le seul “rescapé” des membres élus de ce bureau. Ces axes se déclinent en matrices dédiées, dans l’ordre, à faire le “bilan” du développement de l’économie nationale de 1962 à ce jour, avant de définir “une vision pour l’avenir”. Fixer “un cap stratégique”, “définir une feuille de route” sont les deux autres étapes qui précéderont l’ultime matrice référentielle intitulée “séquentiel programmatique” qui consiste, selon le document du Cnes, en “la déclinaison des axes matriciels d’implémentation des recommandations devant ponctuer ce forum, de sorte à dégager les éléments-clés d’un paramétrage programmatique scrupuleux”. Pour le Cnes, ce forum “se propose de jeter un regard rétrospectif sur les efforts de la nation en matière de développement économique et social, depuis l’Indépendance”. M. Babès, qui se réfère aux derniers rapports publiés par certains organismes mondiaux dont le Pnud et les Nations unies, pour positiver les efforts consentis par l’État ayant permis un développement, même encore relatif, du pays ces dernières années, entend faire de cette halte un tremplin pour, dit-il, “monter une série d’outils à même de conforter ces efforts”. M. Babès et son équipe en veulent pour preuve le fait que le Pnud ait classé l’Algérie dans le groupe “des pays à développement humain élevé”.
Le Cnes reste ainsi persuadé que ce forum est aussi une occasion de “dresser un bilan en juste recul critique”, estimant de ce fait qu’il faudra “convenir qu’il sera hautement salvateur de débusquer les multiples distorsions et dysfonctionnements qui forment, encore, la trame atavique la plus complexe et la plus pernicieuse”. Pour son axe “vision de l’avenir”, ce forum du Cinquantenaire, réclamé par le président de la République, aura, selon le document du Cnes, “à proposer de construire un chemin de résilience devant permettre à notre pays de transcender les atavismes organiques et fonctionnels”. Le Cnes se projette dans l’agenda Algérie 2015… Le troisième axe de travail de ce forum, intitulé “Cap stratégique”, est conçu pour mettre en pratique le potentiel économique, naturel et humain du pays. “Cet objectif présume que l’on passe du pacte exclusivement distributif, basé sur la seule rente, à un pacte de croissance inscrit sur une ligne de réduction de l’excessive dépendance à l’égard des hydrocarbures”, lit-on dans le document du Cnes. La quatrième matrice de ce forum, quant à elle, est relative à “la fabrication d’une feuille de route consensuelle susceptible d’inscrire les recommandations et préconisation du forum dans des plates-formes d’action”.
Enfin, le dernier axe de travail de ce forum préconise l’application des recommandations qui seront dégagées. D’ailleurs, c’est “un des objectifs stratégiques” de cette rencontre. Le Cnes, qui fait du développement socio-économique son cheval de bataille, compte beaucoup sur l’apport du Chef de l’État pour l’application des recommandations qui seront dégagées lors de ce forum.
F A