Le Ramadhan est un mois béni par les musulmans, il voit toutefois les dealers de drogues doubler leur chiffre d’affaires. La consommation de la drogue sous ses différentes formes connaît une vraie explosion en cette période de Ramadhan. Paradoxalement, durant ce mois sacré «la zetla» gagne davantage de terrain, dopée qu’elle est par une hausse de la demande. A coté des boissons gazeuses, charbet, et autres «kelb ellouz» et «bourak» qui agrémentent les tables ramadhanesques, les drogues et psychotropes parviennent à voler la vedette à ces délices traditionnels.
Dès la rupture du jeûne, les «rouleurs de joints», se ruent en toute «hâte» vers leurs endroits de prédilections, cave, halls d’immeuble, cachettes, pour braver les «interdits» et allumer leurs «fusées». Le mois de Ramadhan est censé être un mois de prière, de charité, de bonté, de partage et de solidarité, mais il est malheureusement aussi propice à l’orgie de drogues et psychotropes à la faveur de soirées ambiancées. Pour ce mois, la devise appropriée serait pour certains: «Haram le jour et halal la nuit», ce qui veut dire que tout est permis le soir.
D’ailleurs, on devrait parler de drogue au pluriel. Il n’existe pas une drogue unique, mais des drogues multiples (cannabis, cocaïne) ou autres drogues de synthèse (amphétamines, ecstasy) qui font leurs preuves sur le marché algérien. Et il faut le dire, ces produits «de large consommation» sont les seuls sur le marché qui ne font pas l’objet de pénurie, en dépit de la demande croissante, contrairement à l’alcool qui est aux abonnés absents en cette période sacrée. Le cannabis, le fameux et légendaire joint ou «pétard» comme certains «accros» se plaisent à le désigner, demeure le produit le plus prisé.
A ce propos, il convient de s’interroger sur les raisons de ce pic de consommation du kif et du cannabis durant ce mois de piété. A priori, la dépendance à l’alcool est le premier argument avancé par les consommateurs. Ainsi, pour contourner le problème de la rareté de l’alcool durant le mois de Ramadhan, les buveurs invétérés se rabattent sur les joints pour combler le déficit d’euphorie éthylique.
Aussi, l’occasion est donnée aux «dealers» d’asseoir leur business dans la rue pendant le mois sacré. Durant ce dernier, les «amateurs du verre», basculent vers les plaisirs du «cannabis». Bien que le cannabis ne procure pas le même effet que l’alcool, il apporte tout de même une sensation d’étourdissement largement recherchée par les accoutumés à l’alcool. Ainsi, deux catégories de consommateurs interviennent pour hisser le volume des ventes vers le haut. Il y a d’abord ceux qui ne fument que pendant le mois de Ramadhan, et les «vétérans» qui, eux, diminuent leur consommation pendant ce mois.
Les jeunes, de leur côté, préfèrent prendre le risque d’être appréhendés et écroués en consommant de la drogue (produit interdit par la législation algérienne) que de passer à côté de ce plaisir. Certains consommateurs déplorent l’ambiguïté qui entoure ce produit, en évoquant «une absence de verset coranique clair stipulant l’interdiction explicite de la consommation de la drogue».
D’autre part, la deuxième raison est que ce mois est reconnu pour ses longues soirées. Il est désigné comme «le paradis des noctambules». Les horaires de travail étant adaptés au rythme des couche-tard. Avec beaucoup de temps en main et en l’absence d’occupation, la tentation est grande, conformément à la citation d’Aristote: «La nature a horreur du vide.»Les saisies record opérées dernièrement illustrent l’ampleur du phénomène. Ce sont près de 32 quintaux de kif qui ont été récupérés à travers le pays.