Formation d’un nouveau gouvernement: Le Premier ministre essuie des refus en cascade

Formation d’un nouveau gouvernement: Le Premier ministre essuie des refus en cascade

Quarante-huit heures après l’entame des consultations autour de la formation d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre, Nourreddine Bedoui, est déjà confronté à une cascade de refus. Treize syndicats autonomes relevant de trois secteurs de la Fonction publique, à savoir la santé publique, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, ont décliné, entre dimanche et lundi derniers, l’offre du duo Bedoui-Lamamra qu’ils ont qualifiée de tentative de “contournement des revendications du peuple”.

Ces réactions étaient prévisibles dans la mesure où toutes ces organisations ont participé aux marches populaires qui se déroulent tous les vendredis depuis le 22 février dernier et ont exprimé leur adhésion aux revendications du peuple qui réclame le départ du système. Bedoui et Ramtane Lamamra, ciblés par les slogans de la foule, sont considérés comme l’incarnation du régime qui veut le changement dans la continuité. Les syndicats autonomes rendent responsable l’ancien ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, de la répression de leurs mouvements de grève et de leurs rassemblements. Selon nos sources, plusieurs membres dissidents du Forum des chefs d’entreprise ont également refusé de prendre part aux rencontres autour de la formation d’un nouveau gouvernement, considérant que les conditions ne sont pas réunies pour le changement tel que réclamé par le peuple.

Les consultations en cours, qui s’étendront dans les prochains jours aux représentants de la société civile et aux formations politiques, s’annoncent tout aussi compliquées. Des organisations crédibles de la société civile et des droits de l’Homme telles que la Laddh, le RAJ, Djazaïrouna, Tharwa n’Fatma n’Soumer, la Fard, la LADH, SOS Disparus et l’Afepec ont déjà exprimé leur soutien à la contestation populaire et appelé à réaliser un large processus pour sortir le pays de la crise, en dehors d’une implication du système en place. Noureddine Bedoui a, à son désavantage, en outre, la position des formations politiques de l’opposition pour lesquelles le départ du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est un préalable à toute action crédible. Pour le FFS, le RCD, le PT, Talaie El-Houriat ou Jil Jadid, Bouteflika est largement disqualifié pour mener la période de transition.

Ils estiment que le pouvoir en place ne peut plus continuer à travailler en dehors de tout cadre constitutionnel et contre la volonté du peuple. La nomination du ministre de l’Intérieur sortant au poste de Premier ministre et celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères comme vice-Premier ministre sont la preuve, pensent ces partis, que le pouvoir cherche à gagner du temps pour se maintenir. Ils réclament la formation d’un gouvernement de compétences nationale hors de sa tutelle.

Pour former donc son gouvernement de large ouverture, Noureddine Bedoui devra se contenter des quelques clients du système et des partis de l’Alliance présidentielle pour donner l’illusion d’une ouverture aux compétences nationales, dans une ultime tentative de perpétuer le règne de Bouteflika.