Les échéances à venir, expliquent certains observateurs de la scène politique nationale, «sont bien plus importantes et méritent plus de réflexion que celles de s’attarder sur un changement ou pas de l’exécutif».
Le défaut de nomination du gouvernement, nommons ainsi le fait que les législatives du 10 mai dernier n’aient pas été suivies d’un renouvellement de la composante de l’Exécutif auquel on pouvait s’attendre en pareilles circonstances, suscite actuellement les interrogations d’une partie de la classe politique et de certains cercles médiatiques.
Les commentaires contradictoires auxquels cette question a donné lieu, trahissent aussi le désarroi de certains analystes qui ne trouvent pas un sujet sur quoi parler en ces chaleurs torrides coïncidant avec le Ramadhan.
Pour d’aucuns la vacance de certains ministères est une chose très grave, pour d’autres les auditions par Bouteflika des ministres ne sauraient tarder. Nul ne relève cependant cette incohérence : si le chef de l’Etat auditionne ses ministres comme il a coutume de le faire lors de chaque Ramadhan, c’est qu’il va vraisemblablement maintenir la même équipe, les auditions valant un acte d’engagement de la part des auditionnés.
En outre l’intérim des ministères dont les responsables ont été démis par le président de la République pour incompatibilité avec le mandat parlementaire, est perçu par Mme Louisa Hanoune, SG du PT comme l’indice d’une «paralysie».
Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a joint aussi sa voix au concert des mécontents pour exprimer son inquiétude quant à une rentrée universitaire qui se ferait sans ministre. Pour le président du CNES, Abdelmalik Rahmani, l’absence de ministre compromet «la dynamique» de partenariat avec le syndicat.
Lors de sa dernière sortie, Bouguerra Soltani, président du MSP et qui s’exprimait aussi au nom de l’AAV (Alliance de l’Algérie verte) ne s’est pas arrêté au seul écueil des ministres intérimaires, lui qui ne cesse de répéter que sa formation ne fera pas partie du prochain exécutif, s’est interrogé sur les raisons qui sont derrière le retard enregistré dans la formation du nouveau gouvernement. Les dirigeants de l’AAV ont du reste fait part de leurs «inquiétudes» face à cette situation.
Ils ont considéré que l’activité de l’actuel gouvernement était «frappée de paralysie» d’où à leurs yeux la nécessité de «réhabiliter le politique et de rendre l’espoir au peuple algérien». Et Soltani de lancer : « Nous avons besoin de savoir ce qui se passe ». Pour le chef islamiste alors qu’ailleurs les élections sont faites pour «résoudre des crises chez nous en Algérie, les élections sont faites pour engendrer des crises».
Seul le FFS parait se désintéresser de cette question, puisqu’il n’a pas jugé utile d’en dire un mot. Pour qui connaît la rhétorique politique de ce parti, celui-ci doit considérer la chose comme superfétatoire. Le parti d’Aït Ahmed a toujours considéré que l’Algérie n’est pas sortie de la crise politique. Mais face à ce branle-bas de combat, le gouvernement est resté de marbre se refusant à tout commentaire.
Tout porte à croire qu’il n’y aura ni changement, ni formation de gouvernement avant la rentrée sociale et que les cartes vont certainement être redistribuées après les vacances d’été, la rentrée sociale et peut être même après les élections locales. En effet, les échéances à venir, explique certains observateurs de la scène politique nationale, «sont bien plus importante et méritent plus de réflexion que celles de s’attarder sur un changement ou pas de l’exécutif».
Il citera, entres autres, en plus des prochaines échéances électorales, la rentrée sociale, la révision de la Constitution et bien plus loin à un horizon qui est pourtant si proche les élections présidentielle de 2014. Face à toutes ces étapes le changement du gouvernement paraît, ironise notre interlocuteur, comme «une véritable goutte dans un océan»
Belkacem Laoufi