Question n Pourquoi les joueurs et pas les entraîneurs ? La FAF étendra-telle sa décision aux entraîneurs ? Puisque le problème est le même.
Il y a quelques jours, une scène presque surréaliste s’est déroulée du côté de Constantine, à l’heure de la reprise des entraînements du CSC, le club-phare de l’antique Cirta : deux coachs pointent en même temps.
L’un, François Bracci, se disant toujours en poste, s’amène avec un huissier de justice vu que son employeur a fait de même pour tenter de lui signifier son abandon de poste et de résilier son contrat à tort. L’autre, Hubert Velud, qui n’est autre que le nouveau coach, venu s’enquérir de l’équipe et signer son contrat avec la nouvelle équipe dirigeante du club. Une situation vraiment ridicule qui ne peut se passer que chez nous compte-tenu de la situation de bricolage et de laisser-aller qui y règne.
Le clou de l’histoire, c’est que les deux entraîneurs sont étrangers, des Français qui connaissent bien le milieu du football algérien et qui ont fini par s’y adapter. Bracci vit d’ailleurs en Algérie depuis quelques années, on dit même qu’il s’est converti à l’islam et a épousé une Algérienne ! Toutefois, le Corse sait sortir ses griffes lorsqu’il s’agit de défendre son contrat, comme ce fut le cas après son passage au Mouloudia d’Alger.
Longtemps ignoré par les dirigeants algérois, il finira par avoir gain de cause à travers la voie de la justice et celle de la fédération algérienne de football. Aux dernières nouvelles, les dirigeants du CSC ont proposé à Bracci, une solution à l’amiable à sa situation contractuelle. Sinon, il recourra aux mêmes démarches et procédures pour recouvrer ses droits.
Et la FAF en connaît un bout de tous ces dossiers de litiges et de contentieux qui s’amoncèlent sur le bureau de son président qui doit, à chaque fois, s’acquitter de payer qui de droit sous l’injonction des juridictions, y compris le tribunal de Zurich et la FIFA. Le cas de Bracci n’est pas unique puisque Garzitto, Lang, Anghelescu, Broos et bien d’autres ont posé ou posent toujours problème.
En fermant les frontières aux joueurs étrangers dès le prochain mercato d’hiver, la FAF a évoqué les difficultés financières des clubs, l’impossibilité d’obtenir des devises pour payer les salaires, les indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers si ce n’est d’aller s’approvisionner au marché noir – le square Port-Saïd en est la planque tournante – que les pouvoirs publics tentent de contenir.
Or, cette situation s’applique aux entraîneurs étrangers qui, eux, bétonnent souvent leurs contrats, mais qui sont gérés de la même manière. N’est-ce pas Denis Goavec, l’entraîneur français qui coachait à l’époque le MC El-Eulma, qui a été arrêté à l’aéroport de Sétif pour transfert illégal de devises, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays avec une grosse somme en euros ? En discutant avec certains techniciens étrangers, notamment français, tout le monde s’adonne à une gymnastique pour avoir des devises, car les entraîneurs exigent une partie en euros et une autre en dinars pour les besoins domestiques, et rien ne passe par la voie légale pratiquement.
Aujourd’hui, les clubs doivent se conformer à la réglementation en prévoyant une partie en dinars convertibles qui doit transiter par des comptes connus et déclarés auprès de l’institution financière. C’est le même principe que celui de payer l’expertise ou la consultation étrangère dans le cadre d’un marché, d’un partenariat ou d’un contrat de travail dûment déclaré.
Il n’est pas à écarter à ce que dans les jours ou semaines qui viennent d’autres décisions tombent concernant les entraîneurs étrangers, d’autant que les locaux ont vu leur nombre de licences par saison réduit à deux seulement, alors que ce sont les clubs qui sont les premiers responsables de l’utilisation abusive des staffs et contribuent en premier à l’instabilité des entraîneurs.
A Salah-Bey