Football – Ligue 1: Gestion financière opaque et absence d’un bilan chiffré

Football – Ligue 1: Gestion financière opaque et absence d’un bilan chiffré

Par Kamel Mohamed,

Football – Ligue 1: Gestion financière opaque et absence d’un bilan chiffré

Le championnat professionnel de Ligue 1 qui entamera sa 9ème année de «professionnalisme» la saison prochaine, demeure toujours un championnat amateur et constitue un véritable gouffre financier pour l’Etat algérien.

Depuis l’instauration du professionnalisme en 2010, la FAF n’a jamais publié un bilan chiffré du championnat de Ligue 1 après la fin de chaque saison. Et dire que des subventions et des aides financières ont été fournies aux clubs par l’Etat à la faveur de l’instauration du professionnalisme ! Des aides destinées au développement et à la formation, mais qui sont détournées par les clubs pour le paiement des joueurs. Au lieu d’amener les clubs à établir un bilan exhaustif, celle-ci se contente du bilan technique où sont relevés le nombre de buts inscrits, de cartons distribués… Le coût financier du championnat, les dépenses et recettes réelles des clubs ainsi que l’apport de ces derniers à l’économie nationale ne sont pas connus ou ne sont jamais évoqués. Les clubs algériens qui sont devenus «professionnels» du jour au lendemain par la grâce du changement de leur statut administratif, sont gérés en amateur, de manière anarchique pour ne pas dire opaque. A titre de comparaison, une étude sur le l’impact social et économique du championnat de football professionnel en Belgique a fait ressortir que le championnat de ce pays a réalisé des bénéfices de 669 millions d’euros la saison dernière. Le championnat belge aurait également permis de créer plus de 3200 emplois. Sur le plan socioéconomique, le championnat belge de football a permis d’injecter 935 millions d’euros dans l’économie du pays.

Pour ce qui est des recettes des clubs, elles sont générées par la vente des billets, les abonnements des supporters et les droits de retransmission télévisuelle, soit 316 millions d’euros. Sur le plan fiscal, le championnat professionnel belge a rapporté durant la saison dernière plus de 63 millions d’euros à la finance publique, en matière d’impôts et de taxes. Pour ce qui est du marché des transferts, il a généré à la finance publique des bénéfices de l’ordre de 97 millions d’euros, alors que 34 millions de supporters ont fréquenté les stades durant la saison dernière.

En Algérie, il est impossible de connaître ces chiffres, les clubs étant gérés par des «maquignons» qui vendent et achètent les joueurs au sens propre du terme. Les transactions financières se font avec de l’argent liquide, remis aux clubs et aux joueurs dans des sachets, pour reprendre l’expression populaire.

La FAF s’était engagée au temps de Mohamed Raouraoua puis de Kheireddine Zetchi de mettre en place la fameuse direction nationale de contrôle et de gestion des clubs (DNCG), mais en vain. Cette direction avait fonctionné quelque temps à l’époque de Raouraoua, avant sa dissolution puis sa disparition définitive. La mise en place de la DNCG figurait parmi les principaux objectifs de l’actuel président de la FAF, lequel n’évoque plus cette direction qui fait peur aux clubs, puisque sa première mission consiste à mettre en place une gestion saine et transparente des clubs. Ce qui n’est pas le cas dans un pays dont l’économie est dominée par l’informel à tous les niveaux, notamment dans le football.