Football algérien- compétitions internationales Une pause, pour quoi faire ?

Football algérien- compétitions internationales Une pause, pour quoi faire ?

Après un premier tour qui a tenu toutes ses promesses (riche en buts et en surprises), la Coupe du Monde U17 qui se déroule aux Emirats arabes unis, et qui a vu se dérouler le 2e tour (8es de finale), nous a proposé, mardi, de belles affiches avec un sommet africain animé par un certain Maroc- Côte d’Ivoire, pendant que les deux autres représentants du continent, le Nigeria, un sérieux prétendant au titre, et la Tunisie, qui a brillamment passé le cap des 16es, relevaient respectivement les défis iranien et argentin avec des fortunes diverses.

L’AFRIQUE, LA RÉFÉRENCE

Comme on l’attendait, et ce n’est pas une surprise pour les observateurs, l’Afrique, connue pour être un véritable vivier en talents purs, est de nouveau au rendez-vous en se présentant en force. En faisant le plein avec la poursuite de l’aventure pour son quatuor. Dont le tandem maghrébin constitué du Maroc et de la Tunisie. L’Afrique en conquérante.

Une confirmation puisque, et pour rappel, de toutes les Coupes du monde organisées par la FIFA, celles des cadets (U17) a, depuis ses débuts en 1985, toujours été celle où le continent, grâce à son formidable potentiel de jeunes, a imposé une nette domination avec pas moins de 5 titres partagés entre le Nigeria (les «Aiglons» restant maîtres en la matière avec un record de 03 victoires finales qu’ils partagent avec le Brésil) et le Ghana curieusement absent lors de cette édition.

Devenue référence, l’Afrique, et tous continents confondus, l’emporte largement au palmarès devant, et ce qui n’est pas rien, l’Amérique du Sud.

Avant le début de la compétition, la question n’était naturellement pas de savoir quelles équipes devaient redouter les Africains mais le contraire, la prestation des quatre représentants du continent, suivie avec intérêt en ce début de tournoi, étant là pour rappeler qu’il fallait une fois encore compter avec eux pour le podium.

Notamment le Nigeria qui a, contre toute attente, échoué au mois d’avril dernier à Marrakech en finale de la CAN de la catégorie, seulement battue, il est vrai, aux tirs au but par la Côte d’Ivoire, un autre outsider avec lequel il comptait bien continuer à renverser les rôles au plan mondial. Et c’est en toute légitimité, d’ailleurs, que nos quatre mousquetaires ont logiquement passé le 1er tour.

La preuve, les finalistes de 2009, les «Golden Eagles» du Nigeria, pour ne pas les nommer, viennent de survoler leur groupe en faisant voler en éclats (5-0) la malheureuse défense irakienne après avoir carrément humilié, pour le compte de la 1ère journée et dans un match de revanche, le champion en titre, le Mexique. 2009 et le Nigeria.

Une année faste pour nos jeunes Fennecs de la catégorie qui, entraînés alors par le duo Othmane Ibrir – Hakim Meddane, s’en iront dans ce pays, en octobre-novembre de la même année, se frotter avec la crème universelle six mois (c’était en avril) après être passés à côté d’une grosse performance et d’un exploit retentissant sur leurs terres (Dar El-Beida) en ne s’inclinant qu’en finale de la CAN face à de géants Gambiens.

Un statut de dauphin africain qui permettra à des cadets algériens, encore tendres, d’aller défier, dans un groupe difficile, le trio Italie- Uruguay-Corée du Nord, sans trop d’illusions que de quitter presque sur la pointe des pieds (pas seulement à cause du manque d’expérience, malgré de gros moyens mobilisés, comme la mise à leur disposition d’un avion spécial qui les mènera à Kaduma) une compétition trop grande pour eux.

Quatre ans plus tard, le Nigeria est encore là, les maghrébins (Tunisie et Maroc) font une petite percée sur une scène où il n’est pas évident de tirer facilement son épingle du jeu, la Côte d’Ivoire annonce la couleur. En un mot, comme en cent, et au fil des sorties officielles au plus haut niveau, l’Afrique s’impose et impose le respect. Reste aux devants. L’incontournable référence.

QUI N’AVANCE PAS RECULE

Quatre ans plus tard, l’Algérie du foot disparaît pratiquement du paysage, malgré l’espoir entretenu par une sélection fanion toujours concernée (elle n’est plus qu’à 90mn et d’un petit but de Rio) par une place au Mondial, mais qui tient exclusivement sa force du précieux apport du fort contingent de binationaux venus renforcer ses rangs en raison de la faiblesse criante de notre championnat.

Un rappel qui explique tout. Explique que, et tour à tour, la balle ronde nationale éprouve les pires difficultés à suivre le rythme, tenter une quelconque remise en cause au double plan africain et mondial.

Comme le soulignera, comme une fatalité, une autre sélection de jeunes ayant accueilli tout récemment (à Oran et Aïn Témouchent) une autre CAN (lamentablement ratée évidemment) de jeunes qui rappellera à tout le monde l’énormité de la tâché qui attend nos clubs sur un volet sensible qu’est la formation à la base qui ne semble intéresser personne avec des responsables résolument tournés vers le résultat immédiat et à tout prix. Affectionnant, surtout, la parlote.

L’Algérie du football, qui s’est éloignée des chemins de la raison et du long terme, fait du surplace. Recule. Preuve en est avec ces écoles africaines n’ayant de cesse d’alimenter, saison après saison, les grands championnats d’Europe en authentiques talents.

En vedettes très demandées et arrachées à prix d’or. Presque au berceau. Des jeunôts qui s’en iront égayer de leurs prouesses techniques très appréciées, des spectacles hauts en couleurs en des soirées magiques illuminées hebdomadairement de stars venant des quatre coins de la planète. Le Nigeria, incontournable, est toujours là.

À jouer les premiers rôles. À truster les trophées dans des catégories, avec d’autres usines à fabriquer, à ciel ouvert, des stars (tels le Ghana, la Côte d’Ivoire etc…) où ils ont appris à imposer leur label. S’imposer en favoris et donc en champions. Ce que continue à faire valoir le Nigeria qui vient d’écraser l’Iran (4-1) et se rapproche un peu plus de la couronne.

Il ne sera heureusement pas seul en quarts de finale où le rejoignent les «Eléphantaux» ivoiriens qui l’imitent en se débarrassant (2-1) de «Lionceaux» marocains qui auront lutté jusqu’au bout avant de quitter la scène en compagnie de l’autre nord africain, la Tunisie, qui n’a pu tenir la route (1-3) face au grandissime favori, l’Argentine. Pendant ce temps-là, chez nous, on s’oublie en diatribes. En accusations gratuites.

En passant son temps à casser de l’adversaire, à fabriquer les stars en carton. À acheter et à vendre des rencontres, tout en malmenant les arbitres pour certains impliqués dans une combinazione que tout le monde dénonce non sans l’alimenter qui pour assurer son maintien, qui pour mettre l’habit de champion rarement mérité. Pendant ce temps, on recule en bénéficiant de la manne «étrangère», de la légion étrangère, car formée à la bonne école, pour se donner des ambitions.

Comme jouer une coupe du monde sans des locaux qui n’en finissent plus, qualité médiocre d’un talent en berne, d’alimenter un débat biaisé arrangeant les affaires des forces d’inertie, de nos faiseurs de miracles qui, grâce à des postes de responsabilités, maintiennent le statu quo. Défendent, et de quelle manière, avec tellement de réussite, leur casse-croûte.

RECULER POUR MIEUX SAUTER

On fait une pause alors ? C’est, en tout cas, ce que propose le président de la FAF, M. Raouraoua, qui, et lors d’une réunion avec les présidents des clubs de Ligue 1 au Centre technique de la Fédération algérienne de football (FAF) à Sidi Moussa pour débattre des difficultés entravant l’expérience professionnelle en Algérie qui entame sa quatrième saison, va droit au but.

Parmi les points débattus à cette occasion (parmi bien sûr nombre de sujets brûlants à l’ordre du jour), la possibilité du retrait des équipes des compétitions africaines de la saison prochaine.

Une année sabbatique (peut-être deux ou trois, prendre donc le temps qu’il faudra) en somme, pour faire le point même si la proposition n’agrée pas des clubs comme le CS Constantine et l’ES Sétif (l’USM Harrach y réfléchit encore au moment où l’USM Alger en a profité pour dire oui et fera officiellement l’impasse sur la coupe de la CAF) qui ont catégoriquement rejeté la proposition sous prétexte, notamment, que la représentation des couleurs nationales à l’échelle continentale n’a pas de prix et qu’il n’est pas question de se mettre en retrait. En dépit de tout.

Contre le voeu du 1er responsable de la FAF qui, dès la fin de la dernière campagne africaine (AfSud 2013) des Verts, lancera la campagne de «sensibilisation», en invitant, non sans rappeler les exploits de la JSK dans le concert continental, les postulants à une des deux coupes africaines, à la réflexion.

Avec l’argument, sans cesse ressassé, qu’«aucun de nos club, qui sont tout juste moyens, ne peut rivaliser dans les compétitions africaines qui coûtent excessivement cher avec des clubs comme l’ES Tunis, l’ES Sahel, Al Ahly et le TP Mazembe» si l’on s’en tient, bien sûr, à leurs parcours.

Se disant «favorable à une halte devant leur permettre de faire des économies et de se concentrer pleinement sur le championnat national, en plus de les aider aussi à se structurer et à se préparer sur le plan de l’encadrement pour qu’un jour ils puissent aller au bout de ces compétitions», le patron du football algérien, dont on retiendra cette précision lourde de sens où, outre de rappeler que «l’EN n’est pas du tout le reflet du football national, la sélection étant composée à 80 % de joueurs qui nous viennent des championnats étrangers», il appelle les clubs algériens à se mettre à la formation, en estimant, à justes propos et s’agissant des jeunes catégories (on y revient) qu’«il y a un problème fondamental, car aujourd’hui, nous n’avons pas de structure de formation, ni assez de formateurs. »

Sombres décors certes mais la nette impression que du côté des décideurs l’heure est aux grandes décisions. Justes. En espérant que le recul proposé permettra, à plus ou moins court terme, de se remettre au travail et sur les bons rails.

Nos clubs auront-ils le courage de défier leurs geleries respectives qu’on sait envahissantes et décréter cette pause salutaire qui, comme en Tunisie avant nous (l’ES Tunis en est sortie grandie et mieux armée pour se retrouver là où elle est, c’est-à-dire dans le groupe de tête des meilleures formations africaines) a permis aux Aigles de Carthage d’abord, et aux équipes de clubs (voir le CS Sfaxien ou l’ES Sahel désormais bien installés dans leurs costumes de favoris) de se mêler aux grands.

En attendant une réponse qui risque de jouer les prolongations, nous rééditons cette décision sans appel prise après le camouflet de Aïn Témouchent : «La Fédération algérienne de football, avec les membres du Bureau fédéral, avons décidé de ne pas faire participer l’Algérie à la prochaine CAN U17 et celle des U20.

Ça ne sert à rien de préparer une équipe en pompier, pour ne rien faire au final. Il vaut mieux arrêter un moment et préparer les compétitions de 2017. ça nous permettra de bien travailler et de former d’une meilleure façon les joueurs.» Dixit Raouraoua. Ça a le mérite d’être courageux. Nous qui suivons, à la télé, le Mondial émirati des U17, on ne peut qu’applaudir.

A.A.