C’est vendredi après-midi que le populaire Hadj Aïd Saïd a tiré sa révérence, à l’âge de 81 ans.
Quel est le sportif qui ne connaît pas Saïd «Constantini», un surnom hérité du magasin situé au boulevard Charlemagne et qui était «la» référence en matière d’équipements sportifs ?
Les vieux Oranais témoignent qu’en tant que natif de la place Sidi Blal, Hadj Saïd a été une figure marquante de l’EMO (Espérance musulmane oranaise), créée en 1942, sous la houlette des Zeggaï, Hamou Bou-Tlélis (le martyr sous tombe), Boudjemâa et le fameux arbitre international Benzellat.
Une savoureuse anecdote a survécu à l’oubli et concerne les couleurs «vert et rouge» du club. Méfiant contre tout ce qui était «indigène», le responsable français chargé de l’affiliation à la préfecture a voulu connaître les raisons du choix de ces couleurs.
Un dirigeant de l’EMO lui répliqua: «Monsieur, vous savez bien que les couleurs «vert et rouge» sont celles de la légion étrangère !».
Effectivement, ce corps d’armée, dont le siège se trouvait à Sidi Bel-Abbès, avait une tenue d’apparat où les épaulettes étaient rouges, alors que la cravate et la bande d’étoffe sous la ceinture étaient de couleur verte. Cette astuce fut couronnée de succès. Après 1962, Hadj Saïd a ouvert son magasin d’articles de sports rue Mohamed Khemisti, qui devint par la suite incontournable pour tous les sportifs, joueurs, dirigeants et arbitres.
Le grand entraîneur Echeikh Ouaddah, dont le domicile était tout proche, s’y rendait souvent. Ainsi, l’international Lakhdar Belloumi, Hadj Mokhfi, Hadj Dehim, Bencheikh Kaddour, Benzaoui Mohamed, Bensafi Ahmed et Hansal Mohamed en ont fait leur lieu préféré. En 1994, Hadj Saïd est retourné vers son quartier natal de Sidi Blal et ne sortait dans la matinée que pour aller à la place pour y siroter un thé à la menthe.
Ces derniers mois, sa santé a nettement décliné, suscitant l’inquiétude de ses proches. Avec la mort de Hadj Saïd «Constantini», c’est une grande figure oranaise sportive qui disparaît à jamais.
Adjal Lahouari