Pour se désaltérer, les habitants d’Alger pouvaient, autrefois, profiter des bienfaits de centaines de fontaines disséminées dans les différents quartiers, particulièrement à La Casbah. Ces fontaines étaient une source de vie pour la médina qui fut dotée d’aqueducs suffisants pour son alimentation en eau.
Aujourd’hui et après la disparition de ces sources qui faisaient toute la splendeur de la capitale, les citoyens ont recours à d’autres procédés. Autre temps, autres mœurs.
En effet, à l’ère de la mondialisation et avec l’augmentation des besoins, les consommateurs ne semblent plus prêter attention à ce genre de détail. Sous un soleil de plomb, après une longue marche, il suffit d’un geste ou d’un simple mouvement pour apaiser sa soif. Une halte chez le marchand d’alimentation générale suffit. Une eau fraîche, contenue dans une petite ou grande bouteille en plastique sous différentes marques, résout le problème. Mieux encore. En cette période des grandes chaleurs, plusieurs commerçants ont pris une louable initiative.
Celle de faire don d’eau. Ils ont installé des petits réservoirs de distribution d’eau potable (fontaine artificielle). Placés à l’extérieur des boutiques, ils sont à la disposition des passants qui peuvent boire à leur guise. A côté, est placé un gobelet pour se servir. Nombreux sont les citoyens qui s’arrêtent pour se rafraîchir.
Ils se disent tous satisfaits de cette pratique et souhaitent aussi qu’elle se généralise à toutes les artères commerciales pour permettre aux personnes se trouvant à l’extérieur de chez elles de se désaltérer, particulièrement les personnes âgées et les enfants. Bien que ce geste soit très apprécié par la population, peut-on dire que les conditions d’hygiène soient conformes aux normes sachant que les passants boivent dans le même verre sans que celui-ci ne soit purifié après chaque utilisation ? Selon le docteur Abd El Ouahab Bengounia, professeur en épidémiologie au CHU Mustapha-Pacha, il y a danger à boire dans le même verre qu’autrui.
« Le fait de penser aux autres et leur faire don d’eau est très appréciable, mais il serait préférable d’y ajouter des gobelets jetables pour éviter tout risque », dira t-il. Selon lui, boire dans le même verre sans le nettoyer après chaque usage a des répercussions négatives. « Beaucoup de microbes passent par la voie orale d’un sujet à un autre, notamment celui de la tuberculose, mais les fumeurs.
Les personnes souffrant des amygdales, de diarrhée, de mauvaise haleine, de maux d’estomac et autres peuvent également être à l’origine de contagion », a-t-il prévenu.
Pour le spécialiste, il s’agit en premier lieu de « maladies à transmission hydrique ». Il explique que « l’eau est aujourd’hui de plus en plus polluée et n’est pas traitée convenablement. Il est impératif de respecter les normes de sécurité sanitaire », a appuyé M. Bengounia. Faut-il aussi rappeler que le don d’eau dans la religion est recommandé car, y est-il dit, la meilleure offrande étant l’eau. C’est un don du Ciel. Raison pour laquelle il est interdit de gaspiller cette ressource.
Rym Harhoura
