Le Forum officiel des institutions monétaires et financières, un think tank indépendant basé à Londres, connu pour ses enquêtes sur la finance, les politiques économiques et l’investissement public, vient de présenter un rapport détaillé sur les grands investisseurs institutionnels publics et sur les fonds de placement privés dans plusieurs régions du monde. Pour ce qui se rapporte à l’Algérie, il y a été souligné que le Fonds de régulation des recettes a subi la plus forte baisse de réserves des grands investisseurs publics, ses actifs chutant de 85%, soit de 42,4 milliards de dollars en raison de sa contribution à l’équilibre du budget du pays. Le FRR a été institué au début des années 2000, à l’initiative de l’ex-ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. L’idée était de prémunir le pays contre les chocs externes et d’accroître l’épargne publique dont devraient bénéficier les générations futures. Dans les faits, l’État a ponctionné une grosse part des recettes pour résorber les déficits budgétaires. La nomenclature des dépenses et des recettes du FRR prévoyait en matière de recettes les plus-values de la fiscalité pétrolière et les avances de la Banque d’Algérie, et en matière de dépenses le remboursement de la dette publique et le financement du déficit du Trésor sans que le solde du FRR ne puisse être inférieur à 740 milliards de dinars. À partir de 2006, l’encours de ce Fonds a contribué au financement d’une grande partie du déficit du Trésor qui s’est accentué suite à l’expansion des dépenses d’équipement engagées dans le cadre des programmes d’investissement public (plans quinquennaux 2005-2009, 2010-2014 et 2015-2019). À partir du second semestre de 2014, la chute de plus de 50% des prix des hydrocarbures a conduit à l’amenuisement des disponibilités du FFR. Selon le PLF 2017, la fiscalité pétrolière recouvrée en 2015 a été de 2273,49 milliards de dinars (contre 3388,4 milliards de dinars en 2014), avec une fiscalité budgétisée de 1 722,94 milliards de dinars (contre 1 577,7 milliards de dinars en 2014), soit une plus-value de 550,5 milliards de dinars (contre 1 810,6 milliards de dinars en 2014). À la fin 2016, les avoirs du Fonds se situaient autour de 840 milliards de dinars, dont 740 milliards de dinars (7 milliards de dollars), un montant bloqué, représentant le solde minimum obligatoire depuis juin 2016. S’y ajoute le surplus en fiscalité pétrolière enregistré en 2016 : 98 milliards de dinars. Les 7 milliards de dollars, l’État voulait les utiliser pour parer au plus urgent. Seulement, la loi qui régissait le FRR ne le lui permettait pas. Aussi, le gouvernement avait proposé dans le projet de loi de finances 2017 (PLF 2017) une disposition pour faire sauter ce verrou, c’est-à-dire supprimer le seuil lié au solde minimal obligatoire du Fonds de régulation des recettes, fixé à 740 milliards de dinars. Et c’est chose faite. Le pays peut aujourd’hui disposer de cet argent en ces temps difficiles. Le FRR n’avait pas l’étoffe nécessaire pour que le pays puisse en faire un outil solide, un rempart contre la crise. Le Fonds a vacillé sous les coups de la crise. Des fonds et autres institutions de même nature dans d’autre pays ont pu, eux, résister à la crise et aux autres aléas des marchés. Selon le Forum officiel des institutions monétaires et financières, les investisseurs les plus enthousiastes pour cette catégorie d’actifs sont les Banques centrales et les Fonds de pension européens et nord-américains, ainsi que des institutions chinoises. La Banque centrale chinoise reste le premier investisseur institutionnel public avec 3 097 milliards de dollars d’actifs à la fin 2016, en baisse toutefois de 9%, soit de
307 milliards de dollars. Quant à l’Agence monétaire de l’Arabie saoudite (Sama), le nom de la Banque centrale du pays, elle est sortie de la liste des 10 premiers investisseurs publics mondiaux, tombant à la 11e place, après un recul de 76,3 milliards de dollars de ses actifs à 539 milliards de dollars.