Fonds de régulation des recettes, 6 milliards de dollars perdus en un semestre

Fonds de régulation des recettes, 6 milliards de dollars perdus en un semestre

Les disponibilités du Fonds de régulation des recettes se sont amenuisées durant le premier semestre 2014 de plus de 6 milliards de dollars. Les indicateurs financiers du pays virent au rouge, les exportations d’hydrocarbures et les réserves de changes se contractant et les déficits de la balance des paiements s’aggravant durant cette période, selon la Banque d’Algérie.

Contractions et hausses. Deux tendances divergentes qui marquent la conjoncture financière et monétaire du 1er semestre 2014, selon une note de la Banque d’Algérie. Ainsi, l’autorité monétaire constate la contraction des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) à 4 773,51 milliards de dinars à fin juin 2014 contre 5 238,80 milliards de dinars à fin 2013. Soit un peu plus de 6 milliards de dollars d’amenuisement des disponibilités de ce fonds qui est alimenté par la fiscalité pétrolière non budgétisée.



Cette contraction, la Banque d’Algérie la lie à «la forte augmentation des décaissements au titre des dépenses d’équipements par rapport au premier semestre 2013, en situation de poursuite de la progression des dépenses courantes». Ainsi sollicité fortement, le FRR risque à terme de s’évaporer si la frénésie dépensière se poursuit, sans possibilité de renouvellement de ses disponibilités en raison de la contraction des recettes d’exportations et la chute des cours du pétrole.

Les exportations d’hydrocarbures baissent

Certes, la note de la Banque d’Algérie observe que le prix moyen mensuel du pétrole algérien a progressé légèrement en moyenne semestrielle à 109,92 dollars contre 108,55 dollars le baril au premier semestre 2013.

Toutefois, les exportations d’hydrocarbures se sont contractées, indique-t-on, tant en valeur qu’en volume. Elles se sont établies, en effet, à 31,83 milliards de dollars au premier semestre 2014 contre 32,27 milliards de dollars durant la même période de 2013, soit une baisse de 1,37%. Soit une baisse des exportations d’hydrocarbures gazeux (- 1,34 milliards de dollars) qui n’a été compensée que partiellement par l’augmentation des exportations d’hydrocarbures liquides (+0,90 milliards de dollars).

De même que les quantités exportées ont diminué de 1,02%, passant de 51,11 millions de TEP (Tonne équivalent pétrole) au premier semestre 2013 à 50,59 millions de TEP au premier semestre 2014. Une baisse sensible des quantités de pétrole brut et de gaz naturel, note-t-on, que la hausse des volumes exportés de produits raffinés, de gaz de pétrole liquéfié et de gaz naturel liquéfié n’a pas totalement compensée.

Néanmoins, la Banque d’Algérie constate que les exportations hors hydrocarbures ont enregistré une hausse appréciable, atteignant 757 millions de dollars au premier semestre 2014 contre 620 millions de dollars au premier semestre 2013.

Les importations progressent encore

Parallèlement, les importations de biens progressent encore à 29,83 milliards de dollars au 1er semestre 2014 (29,22 milliards de dollars au premier semestre 2013). Cet emballement des importations se traduit notamment pour les biens d’équipements industriels (turbines à gaz), les produits semifinis et les biens alimentaires (lait et poudre de lait surtout) ainsi que les médicaments.

Ce faisant, les importations de biens de consommation non alimentaires (véhicules de tourisme notamment) et d’énergie ont enregistré un recul appréciable. La hausse des importations de biens conjuguée au recul des exportations a donc, induit une contraction de 911 millions de dollars de l’excédent commercial de la balance des paiements (3,667 milliards de dollars au premier semestre 2013 contre 2,756 milliards de dollars à la même période de 2014).

Les déficits se creusent…

En outre, le déficit du poste services hors revenus des facteurs s’est aggravé de 851 millions de dollars, passant de 3,2 milliards dollars au premier semestre 2013 à 4,1 milliards de dollars au premier semestre 2014. Ce creusement du déficit intervient suite à la hausse des importations des services techniques et de ceux liés au bâtiment et travaux publics (en progression de 741 millions de dollars).

Le déficit du poste des revenus des facteurs s’est lui, aussi, creusé de 273 millions de dollars entre le premier semestre de 2013 et le premier semestre 2014, sous l’effet du recul des recettes en la matière dans un contexte de niveau historiquement bas des taux d’intérêt au niveau de la zone euro et aux Etats- Unis. Les sorties de ressources au titre des revenus de facteurs se sont, quant à elles, stabilisées à 4 milliards de dollars en rythme semestriel.

Par ailleurs, les transferts nets se sont légèrement améliorés, passant de 1,4 milliard de dollars au premier semestre 2013 à 1,5 milliard de dollars au premier semestre 2014. En conséquent, le déficit du compte courant de la balance des paiements s’est aggravé, passant de 350 millions de dollars au premier semestre 2013 à 2,3 milliards de dollars au premier semestre 2014, sous l’effet de la contraction de l’excédent du solde commercial et du creusement des déficits des postes services et revenus.

Cela étant, l’excédent appréciable du compte capital (0,976 milliard de dollars contre 1,235 milliard de dollars au premier semestre 2013, en situation de stabilisation du flux au titre des investissements directs étrangers nets à 0,75 milliard de dollars), n’a pu que partiellement compenser le déficit du compte courant.

Ainsi, la balance des paiements extérieurs globale a dégagé un déficit de 1,32 milliard de dollars au premier semestre 2014, contre un excédent de 0,89 milliard de dollars lors du premier semestre de l’année précédente.

Moins de réserves de changes mais pas d’inquiétudes !

Voire, les réserves officielles de changes se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période.

Corrélativement à l’effet de valorisation, l’encours des réserves de changes (or non compris) a progressé à 194,961 milliards de dollars à fin mars 2014, pour ensuite se contracter au second trimestre 2014. Malgré cette «tendance défavorable », la Banque d’Algérie considère que le niveau des réserves de changes reste «adéquat pour permettre à l’Algérie de faire face à une persistance du choc sur la balance des paiements extérieurs pour le reste de l’année ou au-delà.

En ce sens, l’on note un encours historiquement bas de la dette extérieure (3,719 milliards de dollars à fin juin 2014 contre 3,396 milliards de dollars à fin décembre 2013) qui «concourt à la position financière extérieure nette», même si cet endettement a progressé de 323 millions de dollars.

Le taux de change du dinar s’est déprécié de 0,95%

Par ailleurs, la Banque d’Algérie minimise la dépréciation du dinar par rapport à l’euro (de 4,32% au 1er semestre 2014 par rapport au même semestre de l’année passée) et assure de l’appéciation du dinar par rapport au dollar (de 2,31% par rapport au second semestre 2013).

«En conséquence, et sous l’effet de la poursuite de l’amenuisement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux pays partenaires commerciaux, en situation de désinflation, le taux de change effectif réel du dinar s’est déprécié de moins de 1% (0,95%) au premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013», indique la note.

Cependant, le taux demeure apprécié de moins de 4% par rapport à son niveau d’équilibre déterminé en fonction des fondamentaux, en dépit du déficit de la balance des paiements extérieurs, relève la note.

Désinflation, hausse des crédits à l’économie

D’autre part, l’autorité monétaire indique que la désinflation s’est poursuivie au cours des six premiers mois de 2014, la hausse de l’indice des prix à la consommation passant à 1,51% à juin 2014 contre 3,26% à décembre 2013.

Par ailleurs, la Banque d’Algérie indique que les crédits à l’économie ont atteint 5 760,61 milliards de dinars à fin juin 2014 (contre 5 156,30 milliards de dinars à fin décembre 2013), dont 54, 44% (2 591,06 milliards de dinars, en progression de 19,33% par rapport à leur niveau de juin 2013) sont accordés au secteur privé et dont les crédits à moyen et long terme représentent 73,79%.

C. B.