Respectant un programme d’activités et une tradition bien établie depuis six ans, l’Association des apiculteurs de la wilaya d’Alger, sous la présidence de M. Mohamed Bouteldja, organise, depuis une semaine et ce, jusqu’à samedi prochain, la troisième foire du miel de la saison en cours. Plantant son chapiteau aux abords du centre commercial de Bab Ezzouar, la foire connaît une grande affluence. Les stands bien achalandés, exposant différents parfums de miel du terroir 100% naturel et nombreux produits de la ruche (pollen, gelée royale, propolis, produits cosmétiques (cosmabeille), attirent quotidiennement une nombreuse clientèle.
Mohamed Hamil (un professionnel du miel) :
«Le miel naturel doit être un produit incontournable !»
Apiculteur professionnel à Staouéli depuis une trentaine d’années, autodidacte, Mohamed Hamil s’est toujours donné corps et âme à son métier. Membre actif des associations des apiculteurs d’Alger et nationales, il «transpire» réellement le miel. Rencontré à la foire du miel de Bab Ezzouar, organisée jusqu’à samedi prochain par l’Association d’Alger, il a accepté de répondre gentiment à nos questions. Affable et très communicatif, Mohamed, un réel «pro» de l’accueil et du service aux clients, répond à nos questions avec sourire et amabilité et sans ambages.
Le Soir d’Algérie : On voit que vous êtes totalement absorbé par votre métier…
M. Hamil : C’est totalement vrai, d’autant que je le suis depuis près de trente ans. Même si souvent elle est contraignante, l’apiculture est devenue mon métier mais également une passion qui me dévore.
Le fait qu’elle soit réellement d’intérêt public me pousse continuellement à persévérer. Avec mon fils qui s’applique et s’engage pleinement, nous faisons une activité fascinante.
Les foires que votre association organise régulièrement à travers de nombreuses communes d’Alger ont visiblement un réel impact sur la population. Etes-vous satisfait de votre politique de proximité et de votre opération commerciale ?
Outre le fait de réhabiliter, de valoriser le miel du terroir et des produits de la ruche 100% bio et naturels, nous offrons la possibilité aux nombreux citoyens que nous sensibilisons aux multiples bienfaits du miel nature, d’acheter nos différents produits à des prix imbattables.
Il est vrai que les foires que nous organisons, ici et là, connaissent un certain dynamisme et nous permettent de rentabiliser un tant soit peu nos efforts. Cela reste tout de même nettement insuffisant.
C’est-à-dire ?
La vente de nos produits, bien qu’elle soit intéressante ces derniers temps, reste insuffisante. Les coopératives apicoles doivent sérieusement prendre en charge les quantités de miel et des produits de la ruche, produits par au moins le gros de la récolte. Les foires à elles seules ne peuvent suffire à écouler l’ensemble des produits de la récolte.
Combien de récoltes programmez-vous par an ?
Le nombre peut changer d’une année à une autre, du fait des difficultés liées à la transhumance, aux conditions météorologiques, à la chute de température, aux attaques du frelon et du guêpier (el yamoun), ce dangereux oiseau prédateur. Aussi, il arrive que le tapis végétal n’offre pas toujours les résultats et les quantités attendus. En sommes, je dirais qu’en moyenne et pour ce qui me concerne, j’ai entre 6 et 8 récoltes par an.
Comment organisez-vous vos transhumances ?
Nous organisons nos déplacements et nos transhumances depuis la région centre (RN1) et vers la région ouest, comme Mascara, Relizane… En moyenne, nous programmons entre 8 et 10 transhumances annuellement par ruchier de 30 à 50 ruches chacun. Pour la production du miel monofloral, tel le harmel (péganome harmala), thapsia (bounafaâ) retam (plante des Hauts-Plateaux et steppes), jujubier sauvage (cedra) qui a une renommée qui dépasse ses vertus, puisque tous les miels naturels ont la même valeur nutritionnelle et thérapeutique. Tous les miels sont bons et chacun d’entre eux a une ou quelques propriétés particulières. Il y a aussi l’eucalyptus (loubaïna), l’acacia (très rare), le miel blanc (aâssel abied).
On croit savoir que la transhumance qui est plus que nécessaire comporte des risques…
La transhumance qui dure le temps de la floraison est certes passionnante, mais reste tout de même très fatigante et peut causer bien des désagréments, voire de sérieux risques. En plus de la manutention des ruches et la durée de déplacements qui sont contraignants, il y a le risque des piqûres de scorpions, de vipères.
Mon fils Mehdi, qui est pourtant un apiculteur aguerri, s’est fait sérieusement piquer par un scorpion à Hassi Bahbah, il n’a dû son salut qu’à une rapide évacuation à l’hôpital où, très vite, on lui a injecté un vaccin anti-scorpionique.
Il peut y avoir également un autre risque sérieux, lors d’un accident de la route concernant un véhicule transportant plusieurs ruches. Paniquées, les milliers d’abeilles peuvent piquer quelqu’un jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Pour clore notre intéressant entretien ?
Les gens doivent nous faire confiance en achetant les yeux fermés notre miel et nos différents produits de la ruche tels le pollen, la gelée royale, le propolis…, dont les vertus sont avérées, du fait de leurs qualités 100% bio.
Aussi, j’incite les citoyens à consommer régulièrement le miel naturel qui doit être incontournable.
Entretien réalisé par Abdenour Belkheir