Désindustrialisation du pays
La Foire de la production nationale organisée du 18 au 24 octobre sous le sceau de la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance du pays a montré aux visiteurs l’important potentiel industriel du pays, malheureusement en jachère. La manifestation a affiché des échantillons intéressants du savoir-faire local mais dont une bonne proportion souffre d’un retard dans le process.
En l’occurrence, dans un stand d’une entreprise nationale, on expose des produits dont le design n’a pas évolué depuis les années 70-80 ! Un signe de la désindustrialisation enregistrée aujourd’hui en Algérie. Des entreprises publiques présentes à Djazaïr Export, comme l’ENPC et Ferphos, affichent une indéniable marge de progression.
Mais leur développement se trouve ralenti du fait de la bureaucratie, des tergiversations de leur tutelle et d’un environnement hostile à la production. Quant aux entreprises privées, elles affichent un dynamisme patent. Mais leur rythme de création de richesses et d’emplois se trouve freiné en raison d’un climat des affaires défavorable.
En somme, l’élan pris par l’industrialisation du pays dans les années 1970, ralenti dans les années 80, 90 et 2000, s’est essoufflé. Le redémarrage de l’industrie à la faveur de plans d’investissement de dizaines d’entreprises publiques dont la mise en œuvre reste très lente n’a pas encore donné ses fruits.
Le secteur privé marginalisé souffre dans son pan le plus important, la PME, de maintes difficultés. Autant de facteurs qui freinent le décollage de l’industrie sans lequel il est vain de s’attendre à un développement durable du pays.
Mais la vraie raison de cette panne de l’industrie reste incontestablement l’absence de vision économique à moyen et long terme. Le nouveau Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tente d’y remédier à travers la constitution d’un groupe de réflexion animé par une trentaine d’experts en vue d’élaborer le cadre conceptuel d’une revitalisation de l’industrie dont la part à la richesse nationale est en chute libre.
Retour donc à la case départ. On efface tout et on recommence. En effet, le département de Temmar, l’ex-ministre des Participations de l’État, avait travaillé pendant plusieurs années sur une nouvelle stratégie industrielle. Affinée en 2008, elle est restée paradoxalement dans les obscurs tiroirs de l’administration.
Tout se passe dans ce pays comme si la revitalisation de l’appareil productif et, partant, du pays relève de préoccupations secondaires des pouvoirs publics. Cette posture dangereuse dans laquelle des forces influentes au sein du pouvoir poussent au statu quo, conduit — l’expérience d’autres pays l’a démontré — au chaos.
