Le Théâtre communal d’Alger-Centre, fraîchement inauguré, poursuit son programme avec le one man show de Fodil Assoul «Zalamite», resté à l’affiche jeudi, vendredi et samedi derniers.
L’humoriste, révélé en 2016 dans la défunte émission «Ki hna ki nass» de la chaîne KBC, a beaucoup de choses à dire sur scène, entre autodérision, satire sociale et politique et calembours en rafale.
Son spectacle «Zalamite», présenté au Théâtre communal ce week-end, s’inscrit dans le registre du stand-up mais semble encore assez peu élaboré pour offrir ce précieux rire intelligent qui manque au théâtre algérien. L’écriture de ce one man show manque, en effet, de fluidité et pèche par une absence totale de rythme. Il s’agit d’une succession de vannes et d’anecdotes abusivement ponctuées de jeux de mots douteux dont une grande partie est totalement gratuite. On regrettera également ces nombreux «emprunts» faits à l’humour populaire, notamment celui qui fleurit tous les jours sur les réseaux sociaux, et que l’artiste semble récupérer à son compte.
Fodil Assoul sait, pourtant, faire preuve d’une grande finesse à l’occasion de rares fulgurances bien inspirées ou d’improvisations souvent percutantes. Le talent et la fraîcheur sont, donc, palpables mais constituent comme une matière brute à ciseler, notamment en élaguant les fioritures, l’aspect fourre-tout et l’humour facile. Ce qui est cependant captivant avec le spectacle «Zalamite», c’est l’audace politique qui le caractérise : quand Fodil Assoul ne fait pas dans le discours direct, il excelle dans la dérision et les punchlines acidulées. Même verve quand l’humoriste se souvient de son enfance et de sa jeunesse à Akbou, des personnages hauts en couleur de sa famille, des anecdotes truculentes de son entourage, et par ricochet, de toute une société.
L’artiste, s’exprimant en arabe et en français, semble très à l’aise sur scène et n’hésite jamais à provoquer son public, ce qui apporte en soi du renouveau et de la fraîcheur aux pratiques humoristiques classiques. Fodil Assoul a déclaré à la fin du spectacle qu’il y a testé des fragments de son futur one man show écrit en collaboration avec l’écrivain Abderrahmane Lounès, célèbre pour ses jeux de mots.
Sarah H.
