Flux migratoire vers l’Algérie: Encore 150 Syriens arrêtés au Sud

Flux migratoire vers l’Algérie: Encore 150 Syriens arrêtés au Sud

“La chose est sérieuse et elle est gérée au plus haut sommet de l’Etat”, annonce-t-on.

Après avoir croisé le fer avec des organisations de défense des droits de l’Homme, l’Algérie s’apprête à expulser de nouveaux migrants arrivés sur son territoire.

Malgré la reconduite aux frontières de près de 130 ressortissants syriens, yéménites et des Palestiniens, le flux de migrants ne semble pas vouloir s’arrêter. Les autorités militaires ont arrêté, la semaine dernière, plus de 150 nouveaux ressortissants syriens qui voulaient entrer sur le territoire national. Selon une source gouvernementale, ce nouveau contingent est plus problématique que le premier.

Des preuves de l’implication de certains membres de ce groupe dans la guerre en Syrie auraient été trouvées, selon notre source. Notre interlocuteur n’en dira pas plus, puisque l’enquête est toujours en cours. Mais le gouvernement algérien compte visiblement organiser une conférence de presse “dans les tout prochains jours” pour répondre aux critiques sur le sujet. “La chose est sérieuse et elle est gérée au plus haut sommet de l’État”, annonce-t-on. Ces nouvelles arrestations relanceront, à coup  sûr, la polémique sur la reconduction aux frontières des migrants clandestins venus, notamment, de Syrie.

Alors que le HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies, considère une bonne partie d’entre eux comme des demandeurs de refuge, l’Algérie estime que ce sont, en grande partie, d’anciens activistes armés qui ont fui la Syrie après la chute des groupes terroristes et des opposants au régime de Bachar El-Assad. Face à la menace qualifiée de “terroriste”, les autorités algériennes ne font plus dans le détail. Surtout que selon nos informations, d’importantes sommes d’argent en liquide ont été saisies sur des personnes arrêtées. “On a trouvé 150 000 dollars chez un homme”, atteste une source officielle. “Mais qui peut se payer un billet d’avion pour venir de Turquie, via le Soudan, pour arriver en Mauritanie ou au Mali ?”, s’interroge, pour sa part, Hacen Kacimi, contacté hier.

Face aux critiques, l’Algérie est allée plus loin.

Dans un communiqué, le directeur chargé de la migration au ministère de l’Intérieur répond de manière virulente au HCR. “Nous confirmons que les migrants arabes ne sont plus sur le territoire national, et cela a été porté plusieurs fois à la connaissance du chef du bureau HCR d’Alger, mais celui-ci semble persister dans son attitude, refusant de croire les autorités algériennes, tirant ses informations de sources et de circuits informels qui ne servent pas le prestige et la renommée de cette association”, a écrit Hacen Kacimi, dans une mise au point publiée par le site TSA. “Nous n’avons pas voulu jusqu’à présent ébruiter certaines pratiques irrégulières au sujet de la gestion de ce dossier.

Mais la conjoncture nous impose de dire que d’autres informations, assez graves et préoccupantes, sont en notre possession, portant sur un trafic de grande envergure, portant sur la gestion du dossier des réfugiés, et seront portées à la connaissance du public dès l’achèvement des procédures judiciaires en cours”, note, encore, le responsable qui accuse le HCR d’avoir “sous-traité” la gestion de la migration avec des associations locales à Tamanrasset. “Il y a des desseins inavoués pour exercer un forcing à Tamanrasset dans le but de permettre à certaines parties non autorisées de s’installer de manière illicite, et par des subterfuges dangereux, en faisant sous-traiter certaines missions relevant du dossier de la migration par certaines associations locales, qui ont été surprises en flagrant délit d’accomplissement de certaines missions du Bureau HCR d’Alger”, écrit le responsable.

Parmi les griefs retenus contre le gouvernement algérien, des ONG citent, notamment, le renvoi systématique de tous les migrants, y compris des enfants et des femmes. Ces derniers sont “utilisés” comme “des boucliers” par certains activistes qui ont fui la Syrie, rétorque-t-on du côté officiel.

Ali Boukhlef